🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2025-12
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Libération, Les ados et la bouffe : arrêtons de nous prendre le chou, 29/03/2025
Les Échos, Cette pénurie de fromages de chèvre qui menace en France, 04/04/2025
The Washington Post, Tasting menus and expletives: When fine dining meets hip-hop, 01/04/2025
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Figaro, Comprendre le Guide Michelin en 9 leçons et une question, 05/04/2025
Le Guide Michelin 2025, dévoilé en début de semaine, offre un palmarès globalement consensuel, loin des polémiques des années précédentes. Avec 68 nouveaux étoilés, il consacre notamment Hugo Roellinger (Le Coquillage, Saint-Méloir-des-Ondes) et Christopher Coutanceau (La Rochelle), qui retrouve ses trois étoiles après une rétrogradation jugée sévère en 2023. Toutefois, au-delà du contenu gastronomique, l’article dresse un portrait critique et acide de la mise en scène et des logiques internes du célèbre guide rouge.
La cérémonie est jugée soporifique et guindée. Il n’y a probablement que les instagrammeurs invités par le Guide qui semblaient heureux et ravis d’avoir assisté à un pseudo match de foot entre des chefs et d’anciens joueurs pro. Tout cela illustre le manque de modernité de Michelin, dont le directeur Gwendal Poullennec est moqué pour ses discours sans relief. Le retour en grâce de Coutanceau est analysé comme une réparation tardive et maladroite, révélatrice du “marketing de la terreur” pratiqué par le guide : rétrogradations brutales, promotions surprises, instabilité généralisée. Dans ce contexte, la promotion d’Hugo Roellinger incarne, à l’inverse, une vision apaisée et poétique de la gastronomie, mêlant ancrage local, cuisine marine intuitive et respect de la nature.
Mais plusieurs zones d’ombre demeurent. Le guide est critiqué pour sa lenteur à récompenser du titre suprême certains chefs reconnus (Jean-François Piège, Jean Sulpice, Olivier Nasti) ou encore pour l’opacité de ses critères, comme dans le cas de l’étoile verte, attribuée sans cahier des charges à des établissements parfois peu écoresponsables. D’autres incohérences apparaissent dans la gestion des “transferts” : des étoiles sont conservées malgré le départ d’un chef (ex. : Frechon/Faye), rompant avec la tradition stricte du passé.
Le partenariat entre Michelin et l’émission Top Chef est également pointé du doigt : plusieurs candidats ou jurés sont primés cette année, jetant le doute sur l’indépendance des sélections. Si certains méritent leur étoile (Fanny Rey, Adrien Cachot, Sarah Mainguy), le soupçon d’opportunisme médiatique ternit la valeur du palmarès.
Enfin, l’article salue la solidité des promotions deux étoiles, notamment l’Abysse Monte-Carlo d’Alléno, le Gabriel à Bordeaux, ou le Rozo à Marcq-en-Barœul. En revanche, la stagnation d’Alain Ducasse à Paris interroge sur l’évolution du rapport entre institutions gastronomiques historiques et nouvelles figures médiatiques.
Libération, Les ados et la bouffe : arrêtons de nous prendre le chou, 29/03/2025
Dans un collège REP+ à Pantin, un atelier cuisine révèle la richesse et la complexité du rapport des adolescents à l'alimentation. Organisé par l'association La Tablée des Chefs, ce programme mobilise des chefs bénévoles comme Niki Kopcke pour transmettre des savoir-faire culinaires à des jeunes souvent décrocheurs scolaires. Entre brandade de morue, pickles, pad thaï ou bricks, les collégiens apprennent à manipuler, goûter, évaluer les coûts et développent de nouvelles compétences.
Mais face à cette initiation, les préférences adolescentes penchent toujours vers le fast-food. Les intervenants ne cherchent pas à diaboliser cette attirance, mais plutôt à proposer des alternatives appétissantes, comme des sandwichs grillés faits maison. L'atelier devient ainsi un espace de discussion sur l'agriculture, le climat, le gaspillage ou les coûts alimentaires.
L'article dépeint aussi l'impact de la cuisine sur l'autonomie et la confiance en soi, en renforçant les apprentissages transversaux (maths, sciences, esthétique, communication). Il met en lumière des ouvrages comme L'Ado la dalle, destinés à accompagner parents et jeunes dans une cuisine réaliste, nutritive et attractive. Selon le psychologue Alexandre Morel, la nourriture chez l'adolescent est un lieu de construction identitaire et d'affirmation de soi, y compris en opposition avec les normes familiales.
Malbouffe, grignotage et horaires irréguliers dominent toujours les habitudes, mais ces initiatives offrent une passerelle vers une relation plus sereine et créative à l'alimentation. Le récit se conclut sur une note joyeuse avec un concours culinaire interne où les ados présentent des assiettes inventives devant un jury bienveillant, montrant que l'éducation au goût peut être un levier de revalorisation personnelle.
L’Usine Nouvelle, Droits de douane : les vins et spiritueux évitent le pire, les autres secteurs alimentaires finalement pas exemptés, 03/04/2025
L'administration Trump a annoncé une nouvelle vague de droits de douane visant les produits alimentaires européens. Si les vins et spiritueux français redoutaient des surtaxes de 200 %, ils se voient finalement imposer un droit de 20 %, ce qui reste important mais moins catastrophique que prévu. Ce niveau de taxation pourrait affecter lourdement les exportations vers les États-Unis, un marché crucial pour la filière française. En 2024, la France y a exporté pour 2,4 milliards d'euros de vins et 1,5 milliard d'euros de spiritueux.
Le manque à gagner est estimé à 800 millions d'euros selon la FEVS. Cependant, les producteurs ayant anticipé en constituant des stocks aux USA, l'effet prix devrait se faire sentir plus tardivement. Au-delà des vins et spiritueux, d'autres produits sont concernés : produits laitiers, pains, biscuits... La France avait exporté en 2024 près de 350 millions d'euros de produits laitiers et plus de 200 millions d'euros de pâtisseries vers les USA.
Certains acteurs comme Savencia se veulent confiants sur la capacité des consommateurs américains haut de gamme à absorber les hausses, notamment pour les fromages premium. D'autres, comme Soignon, mettent en avant la rentabilité supérieure du marché américain comparé au marché national. Les producteurs devront toutefois trouver de nouveaux débouchés ou négocier pour atténuer l'impact de cette décision unilatérale.
Les Échos, Cette pénurie de fromages de chèvre qui menace en France, 04/04/2025
La filière française du fromage de chèvre, leader mondial avec des spécialités comme le Chabichou, le Crottin de Chavignol ou le Sainte-Maure, traverse une crise alarmante. En 2024, la collecte de lait de chèvre a chuté de 3,2 %, atteignant seulement 500 millions de litres, et les premiers chiffres de 2025 indiquent une aggravation avec une baisse de 6 % dès janvier. Cette tendance met en péril l’approvisionnement des grandes marques comme Chavroux, Soignon ou Rians, qui dépendent de ce lait pour leurs fabrications industrielles.
Les causes de cette pénurie sont multiples. Structurellement, la filière est fragilisée par un nombre limité d’exploitations (environ 5 000), confrontées à un vieillissement des éleveurs et à des difficultés de reprise. Les coûts d’installation ont bondi de 35 % en trois ans, rendant la création ou la transmission d’exploitations caprines de plus en plus difficile. Il faut aujourd’hui investir 2 500 euros par chèvre, contre 2 000 avant la crise sanitaire, ce qui dissuade de nombreux jeunes porteurs de projets.
Le cheptel caprin a ainsi reculé de 100 000 têtes depuis 2020 pour tomber à 1,25 million d’animaux. Les conditions climatiques, avec une humidité excessive et un manque de luminosité en 2024, ont également nui à la production laitière. À cela s’ajoute une transformation structurelle de la filière : 50 % des éleveurs se tournent désormais vers la production fermière en circuit court, ce qui réduit les volumes livrés aux industriels, qui représentent pourtant 75 % de la production nationale.
Les exploitations intermédiaires, celles qui livrent aux grands transformateurs, sont les plus menacées de disparition. Leur taille moyenne (350 chèvres) et leur modèle économique les rendent particulièrement vulnérables. Même les tentatives de reprise par de nouveaux éleveurs, souvent néo-ruraux, échouent fréquemment après quelques années, face à la charge de travail intense liée à la double activité d’élevage et de transformation.
Face à la baisse du lait disponible, les entreprises envisagent d’augmenter les importations. Mais là aussi, les contraintes s’accumulent : l’Espagne est touchée par le changement climatique, et le Benelux par la fièvre catarrhale ovine. À terme, des arbitrages seront nécessaires, et seuls les clients prêts à payer plus cher seront approvisionnés. Une pénurie réelle pourrait se faire sentir dès 2026 si la situation ne s’améliore pas.
Le Parisien, Cookies, sandwichs, tartes… Avec sa nouvelle offre à emporter, comment Monoprix veut concurrencer Starbucks, 04/04/2025
Monoprix amorce un virage stratégique ambitieux en lançant une nouvelle offre de restauration à emporter haut de gamme baptisée « la cantine ». L’objectif ? Se positionner comme un acteur crédible du « snacking gourmand » et concurrencer les géants comme Starbucks. Dans son magasin emblématique de Beaugrenelle (Paris XVᵉ), l’enseigne dévoile un concept mêlant tradition française et modernité, avec des produits alliant qualité artisanale et accessibilité.
Au cœur de cette nouvelle offre, des produits signature comme un jambon-beurre revisité — avec du jambon de Paris, du beurre AOP et une baguette croustillante — ou encore des créations originales telles que la tarte courgettes-burrata ou le sandwich « Fjord and Furious » à la truite des Pyrénées. Côté sucré, la sélection est signée par la cheffe pâtissière Noëmie Honiat (vue dans Top Chef), avec des cookies gourmands aux noms ludiques (« cookistache », « cookihuète »), un « flankie » (mélange de flan et de cookie), ou encore un financier pistache-griotte. Le tout accompagné d’un café artisanal préparé au percolateur, avec option lait végétal gratuite, vendu à prix accessible (2,30 € l’expresso, 3,70 € le cappuccino).
Cette offre, pensée comme un véritable levier de croissance, sera déployée dans une dizaine de magasins d’ici fin 2025, avec extension prévue dans toute la France, via des formats adaptés à chaque surface. L’enseigne envisage aussi la livraison via Uber Eats et Deliveroo, ainsi que la création de points de restauration en franchise. À terme, la restauration à emporter devrait représenter 50 % de l’activité alimentaire de Monoprix, contre 10 à 15 % actuellement.
Ce repositionnement intervient alors que la consommation alimentaire est en recul et que Monoprix a enregistré une légère baisse de chiffre d’affaires en 2024 (4 milliards d’euros, -0,3 %). Pour faire la différence, l’enseigne conserve une offre duale : à côté du snacking premium, elle maintient une gamme plus classique et abordable, avec sandwiches, quiches ou plats chauds, totalisant 1 000 références disponibles. L’innovation est également au rendez-vous avec un renouvellement hebdomadaire des produits.
Avec ce pari sur le « gourmet abordable », Monoprix entend séduire les urbains actifs à tous les moments de la journée. Et comme le résume son slogan : « La cantine sera ouverte en même temps que votre appétit ».
Le Monde, Sur Instagram, une alliance ludique entre la cuisine et le cinéma, 31/03/2025
La cheffe franco-américaine Alix Lacloche a lancé un compte Instagram original, @cuisineandcinema, où elle mêle deux passions : la gastronomie et le septième art. Plutôt que de partager des recettes, elle compose un feed graphique et nostalgique célébrant des scènes marquantes où la nourriture occupe une place visuelle forte. Elle y poste des images issues de films principalement anglo-saxons des années 1980-1990, comme "Batman Returns", "Beetlejuice" ou encore "Angel Heart".
Loin du food porn classique, son approche valorise le design des accessoires culinaires, la scénographie des repas et l’esthétique des plats filmés. Lacloche s’intéresse ainsi au pouvoir narratif et symbolique de la nourriture au cinéma, y trouvant une nouvelle forme de création. Le compte, enrichi presque quotidiennement, attire un public sensible aux croisements entre art, culture pop et gastronomie.
Passionnée de cinéma depuis l’adolescence, Lacloche revendique un goût prononcé pour l’univers visuel exubérant de certains réalisateurs comme Barry Levinson, et observe avec amusement la récurrence des scènes où Brad Pitt mange dans ses rôles. Sa démarche illustre une tendance contemporaine à faire dialoguer les disciplines artistiques, et participe à redéfinir la place de la cuisine dans l’imaginaire collectif.
Modern Retail, How Liquid Death is tackling the soda wars, 28/03/2025
Liquid Death, marque américaine d’eau en canette fondée en 2017, poursuit sa percée spectaculaire sur le marché des boissons en s’attaquant désormais au segment ultra-concurrentiel des sodas. Connue pour son identité visuelle provocante et son slogan « Murder Your Thirst », l’entreprise se démarque par une stratégie marketing irrévérencieuse, ciblant principalement les millennials et la génération Z. En 2024, la marque a élargi sa gamme pour inclure des thés glacés peu sucrés, avant de lancer une série de sodas à vocation « plus saine », avec des saveurs comme Killer Cola, Severed Lime ou Doctor Death.
Ces produits se distinguent non seulement par leur branding gothique et humoristique, mais aussi par leur composition : 90 % moins de sucre que les sodas traditionnels, absence de colorants artificiels, et édulcorants naturels comme l’agave et la stévia. Fait notable, les boissons sont transparentes, rompant avec les codes visuels classiques des colas foncés. Cette différenciation permet à Liquid Death de s’imposer comme une alternative « cool » et saine face aux géants historiques du secteur.
La réussite commerciale de l’entreprise est indéniable : elle a enregistré un chiffre d’affaires de 333 millions de dollars en 2024, contre 130 millions l’année précédente. Environ 70 % des ventes sont désormais générées par les gammes autres que l’eau plate, confirmant un repositionnement stratégique réussi. Liquid Death a également renforcé sa présence dans les grandes chaînes de distribution et investi dans les formats multipacks, répondant ainsi à la hausse de la consommation à domicile.
Au-delà du produit, la marque capitalise sur une forte communauté en ligne, des collaborations avec des influenceurs, des campagnes publicitaires irrévérencieuses et un merchandising agressif (t-shirts, skateboards, etc.). Ce modèle hybride mêle boisson fonctionnelle, culture punk et marketing d’expérience, dans une logique proche des marques de lifestyle.
Face à une demande croissante pour des boissons moins sucrées, plus naturelles et chargées d’identité, Liquid Death semble bien armée pour s’imposer dans une « guerre des sodas » en pleine reconfiguration. Reste à voir si ce positionnement iconoclaste saura durer au-delà de l’effet de mode et séduire un public plus large, sans renier son ADN provocateur.
Financial Times, Japan’s alcohol groups are sober at home but spirited abroad, 02/04/2025
Au Japon, les groupes de boissons alcoolisées font face à un déclin structurel de la consommation nationale. Depuis plus de deux décennies, celle-ci a chuté de 25 %, conséquence du vieillissement de la population, de changements culturels et d’une prise de conscience sanitaire accrue. Les jeunes générations boivent de moins en moins, et même une campagne gouvernementale lancée en 2022 pour relancer la consommation chez les 20-30 ans a suscité un tollé et a échoué.
Face à cette crise intérieure, les grands groupes comme Suntory, Asahi, Kirin ou encore Sapporo ont trouvé un relais de croissance à l’étranger, notamment en Asie du Sud-Est et aux États-Unis. Ces marchés, portés par des classes moyennes en expansion et une jeunesse attirée par les marques premium japonaises, deviennent le nouveau terrain de jeu de ces entreprises. Le Vietnam, la Thaïlande, l’Indonésie ou encore les Philippines affichent une hausse continue de la consommation d’alcool, en particulier de whisky, de bière et de RTD (ready-to-drink).
Pour répondre à cette demande, les groupes japonais investissent dans la production locale, les partenariats stratégiques et le marketing ciblé. Suntory, par exemple, multiplie les campagnes centrées sur la qualité artisanale de ses whiskys et développe des versions adaptées aux goûts régionaux. Kirin et Sapporo misent aussi sur des boissons hybrides ou à faible teneur en alcool, très appréciées dans les grandes métropoles asiatiques.
Ce recentrage international s’accompagne d’une diversification vers les boissons non alcoolisées fonctionnelles, comme les thés enrichis, les sodas à base de plantes ou les eaux aromatisées, une catégorie qui progresse également au Japon. Les entreprises profitent de leur savoir-faire technologique et de leur image d’innovation pour séduire un public soucieux de santé, sans renoncer au plaisir gustatif.
Les résultats financiers confirment la pertinence de cette stratégie. Alors que les volumes au Japon stagnent voire déclinent, les ventes à l’export augmentent fortement, contribuant à stabiliser les revenus. Cette mutation illustre la capacité d’adaptation des entreprises nippones, confrontées à un marché domestique saturé mais bien décidées à rester compétitives à l’échelle mondiale.
Forbes, Why Azerbaijan Should Be The Face Of The Global Pomegranate Boom, 31/03/2025
La grenade connaît un essor international remarquable, propulsée par les tendances santé, le marketing digital et l’engouement pour les super-aliments. Antioxydante, colorée, photogénique et chargée de symbolique, elle séduit aussi bien les consommateurs que les influenceurs, et figure désormais parmi les ingrédients les plus recherchés dans les jus, les plats sucrés-salés ou les soins cosmétiques. Alors que des pays comme l’Inde, l’Iran ou l’Espagne dominent la production mondiale, l’Azerbaïdjan se positionne comme un acteur de plus en plus influent dans ce marché en expansion.
Situé entre l’Europe et l’Asie, l’Azerbaïdjan cultive plus de 60 variétés indigènes de grenades, principalement dans la région de Goychay, dont les conditions climatiques et la composition du sol sont particulièrement favorables. Mais au-delà de l’agriculture, c’est toute une culture qui se structure autour de ce fruit. Chaque année, le Festival de la grenade attire des milliers de visiteurs, et le nar – nom local de la grenade – est célébré comme un symbole d’abondance, d’amour et de longévité. En 2020, cette tradition a même été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
L’Azerbaïdjan mise donc sur ce fruit pour renforcer son identité agricole et développer son image à l’export. Avec une hausse de 35 % des exportations de grenades sur le début de l’année 2025, le pays démontre sa capacité à répondre à la demande croissante en produits traçables, artisanaux et porteurs d’histoire. Le marché ne se limite pas au fruit frais : les entreprises locales développent aussi une large gamme de produits dérivés – sirops, sauces narsharab, confitures, jus, vins, sorbets – qui permettent de valoriser chaque partie du fruit et d’allonger la chaîne de valeur.
L’enjeu pour l’Azerbaïdjan est maintenant de se structurer davantage autour de normes internationales de qualité, d’investir dans la logistique d’exportation et de créer des marques fortes capables de séduire les marchés européens, américains et asiatiques. Le pays dispose d’un positionnement différenciant, à la croisée entre authenticité culturelle et modernité nutritionnelle. Dans un contexte où les consommateurs recherchent des produits naturels et enracinés dans des traditions, la grenade azerbaïdjanaise a toutes les cartes en main pour devenir une ambassadrice du terroir dans les rayons du monde entier.
The Washington Post, Tasting menus and expletives: When fine dining meets hip-hop, 01/04/2025
La haute gastronomie américaine connaît un renouvellement inattendu, où les menus dégustation sophistiqués rencontrent désormais l’univers du hip-hop, y compris dans sa version la plus crue. Dans certains établissements étoilés, comme le restaurant Jônt à Washington, la bande-son du repas inclut des titres non censurés, où jurons, provocations et références sexuelles ou raciales sont assumés. Ce mélange improbable entre luxe culinaire et bande-son contestataire soulève des questions sur l’évolution des normes dans la restauration fine.
L’article s’appuie sur le témoignage d’un couple afro-américain ayant vécu un moment de malaise lors d’un dîner à 1 000 dollars ponctué de titres comprenant le “n-word” (pour “nigger”). Pour eux, cette bande-son brise l’élégance attendue d’une telle expérience et pose un problème d’inclusivité. De son côté, le chef Ryan Ratino, à la tête de Jônt, défend son choix. Il considère que la musique qu’il aime – ici, du hip-hop old-school et contemporain – fait partie intégrante de l’identité de son restaurant. Selon lui, elle insuffle de l’énergie et déconstruit les codes guindés du fine dining, rendant l’expérience plus accessible et vivante.
Ce phénomène n’est pas isolé : d’autres chefs, souvent jeunes ou issus de minorités, revendiquent des playlists qui reflètent leur culture, et refusent d’aseptiser l’ambiance pour se conformer aux attentes traditionnelles. À Los Angeles, par exemple, Justin Pichetrungsi mêle hip-hop, street food raffinée et références thaïes dans une démarche assumée d’hybridation culturelle. Pour ces restaurateurs, la musique n’est pas un simple fond sonore, mais un marqueur de style, de pouvoir et d’affirmation identitaire.
Cependant, cette approche divise. Si certains clients y voient une authenticité nouvelle et une rupture bienvenue avec les codes élitistes, d’autres la perçoivent comme une intrusion ou une agression sensorielle dans un espace qui, pour eux, doit rester feutré et élégant. La question de l’appropriation culturelle, du respect des sensibilités et de l’expérience client est ainsi au cœur du débat. Peut-on concilier haute cuisine et liberté d’expression musicale sans heurter ? Où se situe la frontière entre démarche artistique et manque de considération.
Wall Street Journal, Ultra-Luxe Food Supplier Thrives on Cravings for Snow Crab and Wagyu Beef, 31/03/2025
Alors que l’inflation pèse sur les habitudes de consommation alimentaire aux États-Unis, un segment continue de croître de façon inattendue : celui de l’ultra-luxe. Le distributeur Chefs’ Warehouse, spécialisé dans les produits gastronomiques haut de gamme – tels que le crabe des neiges, le bœuf Wagyu, les truffes ou encore les huiles d’olive artisanales – affiche une progression de 7,5 % de son chiffre d’affaires en 2024. Un succès qui repose sur un positionnement clair : fournir des ingrédients rares, chers et de qualité exceptionnelle aux chefs étoilés, aux hôtels de luxe, mais aussi à des particuliers fortunés et à des clubs privés.
Contrairement à d’autres distributeurs plus généralistes touchés par la baisse du pouvoir d’achat, Chefs’ Warehouse bénéficie d’une clientèle premium, moins sensible aux fluctuations économiques. La quête d’expériences gastronomiques uniques se poursuit, notamment après les périodes de confinement où la demande pour des repas d’exception à domicile a explosé. Aujourd’hui encore, cette tendance perdure, alimentée par des réseaux sociaux où le luxe alimentaire devient un marqueur de statut.
Pour consolider sa position, l’entreprise mise sur une stratégie d’approvisionnement diversifiée, avec plus de 4 000 fournisseurs à travers le monde. Cette diversité lui permet d’atténuer les impacts liés aux crises climatiques ou géopolitiques. Par exemple, face à la pénurie d’huile d’olive espagnole due à la sécheresse, elle a anticipé en important des huiles grecques et californiennes de haute qualité. Cette agilité est l’un des piliers de son modèle économique.
Chefs’ Warehouse prévoit également une expansion géographique, avec un développement de ses activités au Moyen-Orient et dans le sud des États-Unis. L’objectif est de répondre à la montée en gamme de certains marchés où les hôtels de luxe et les restaurants d’exception se multiplient. Le groupe investit aussi dans la logistique, avec de nouveaux centres de distribution capables de gérer des produits périssables de très haute valeur.
Dans un contexte où l’alimentation est de plus en plus polarisée entre mass-market et hyper-segmentation, l’ultra-luxe gastronomique s’impose comme un îlot de croissance. À une époque où posséder un sac de luxe devient presque banal, offrir une côte de Wagyu maturée ou un tartare de crabe royal devient un nouveau symbole de prestige.
Wall Street Journal, Is Ozempic Really the Reason Americans Are Snacking Less?, 28/03/2025
Les grandes marques agroalimentaires américaines observent depuis quelques mois une baisse significative de la consommation de snacks salés et sucrés, une première en plus d’une décennie. Si l’inflation et la vigilance budgétaire post-Covid expliquent en partie cette évolution, un facteur inattendu attire l’attention : l’essor fulgurant de médicaments comme Ozempic ou Wegovy, initialement prescrits contre le diabète mais désormais largement utilisés pour la perte de poids. En agissant sur la sensation de satiété, ces traitements modifient profondément les comportements alimentaires, notamment en réduisant l’envie de grignoter.
Des acteurs majeurs comme PepsiCo, Mondelez ou Campbell’s ont signalé une baisse des ventes de produits phares tels que les chips, crackers et biscuits. Cette tendance inquiète les industriels, d’autant plus que la demande ne se reporte pas forcément vers d’autres formats. Au contraire, on assiste à une montée en puissance des produits dits « fonctionnels » : boissons enrichies, barres protéinées, snacks riches en fibres ou en probiotiques. Selon une étude de Tastewise, l’intérêt pour les sodas dits « sains » a bondi de 42 % en un an, traduisant un changement d’état d’esprit plus profond.
Ce bouleversement est aussi porté par les jeunes générations, très influencées par les réseaux sociaux et la culture du bien-être. La santé digestive, le contrôle du poids, la réduction du sucre ou encore les bénéfices cognitifs deviennent des arguments commerciaux plus forts que le goût ou le plaisir immédiat. Des marques comme Poppi (sodas prébiotiques) ou Olipop connaissent une croissance rapide, tandis que les géants historiques tentent de s’adapter en rachetant ou développant des lignes de produits alignées sur ces nouvelles attentes.
Toutefois, réduire la transformation du marché du snacking à l’impact de l’Ozempic serait réducteur. Il s’agit d’un signal parmi d’autres dans une évolution multifactorielle : progrès scientifiques, normes esthétiques, conscience écologique, digitalisation de la nutrition… autant de forces qui redessinent les frontières entre alimentation, santé et style de vie.
Pour les marques traditionnelles, le défi est désormais double : innover tout en préservant leur ADN, et recréer du désir autour de produits perçus comme superflus. Dans un monde où l’instant de grignotage devient suspect, survivre passera par une redéfinition en profondeur de ce que signifie « snacker ».
Ipsos, Les Français et la gastronomie
L’étude met en lumière plusieurs aspects clés de la relation entre les Français et leur patrimoine culinaire. Voici les principaux points à retenir :
• Fierté nationale pour la gastronomie : Une écrasante majorité de Français (92%) exprime une bonne opinion de la gastronomie nationale, témoignant de son importance culturelle.
• Régions perçues comme gastronomiques : Le Sud-Ouest (41%), la région lyonnaise (33%) et la Bretagne (26%) sont considérées comme les régions les plus riches sur le plan gastronomique.
• Plats emblématiques : Le bœuf bourguignon (39%), le cassoulet (31%) et la blanquette de veau (22%) sont identifiés comme les plats représentant le mieux la France à l’international.
• Consommation de plats traditionnels : 71% des Français consomment des plats traditionnels français au moins une fois par semaine, privilégiant la préparation maison (70%) plutôt que la consommation au restaurant.
• Fréquentation des restaurants : En dehors des déjeuners professionnels, 39% des Français déclarent se rendre au restaurant au moins plusieurs fois par mois.
• Consultation des avis en ligne : Avant de choisir un restaurant, 62% des Français consultent des avis, principalement via Google Maps (53%) et TripAdvisor (45%), tandis que le bouche-à-oreille reste une source d’information significative (42%).
• Notoriété du Guide Michelin : Le Guide Michelin et ses étoiles jouissent d’une forte reconnaissance, avec 89% des Français déclarant les connaître.
• Expérience des restaurants étoilés : 42% des Français ont déjà dîné dans un restaurant étoilé Michelin, et parmi eux, 82% estiment que l’expérience était à la hauteur de leurs attentes.
• Chefs cuisiniers préférés : Cyril Lignac (43%) et Philippe Etchebest (41%) sont les chefs les plus appréciés, suivis d’Alain Ducasse (25%) et d’Anne-Sophie Pic (19%), première femme du classement.
Merci à Camille de la newsletter French Flair (& Food) pour l’information.
Hugo Le Maraîcher (marque d’Alterfood) signe son grand retour avec une nouvelle vision des cocktails sans alcool. Pour plus d’info ça se passe ici.
C’est tout pour aujourd’hui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey