🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2024-36
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Libération, Les piments tous fous, tout flamme : comment ils ont envahi les restaurants et nos cuisines, 29/11/2024
Wired, Tricked by a Fake Viral Food Product? You’ve Just Been Snackfished, 05/12/2024
The Guardian, The new foodie rules: bring me a bottle of olive oil, and for God’s sake don’t follow a recipe, 30/11/2024
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Libération, Comment savoir si ma purée de tomates a été récoltée par des travailleurs forcés en Chine ?, 03/12/2024
Une enquête de la BBC a récemment révélé que certaines purées de tomates dites italiennes vendues en Europe pourraient contenir des fruits cultivés dans la région chinoise du Xinjiang, où des pratiques de travail forcé impliquant la communauté ouïghoure ont été signalées. Cette révélation soulève des questions sur la traçabilité des produits alimentaires, y compris en France, où des doutes persistent quant à l’origine réelle des tomates utilisées.
Libération a donc mené une enquête dans divers supermarchés autour de Paris pour analyser l’étiquetage de dix purées de tomates. Résultat : seule la marque Mutti, qui garantit des tomates « 100 % italiennes », semble offrir une traçabilité irréprochable. Les autres produits, qu’ils soient de marques distributeurs ou même bio, restent flous quant à leur origine ou lieu de transformation.
Par exemple :
• Chez Aldi, Intermarché et Auchan, aucune indication précise sur la provenance ou la transformation des tomates n’est donnée.
• Carrefour mentionne parfois des origines européennes ou italiennes, mais les formulations ambigües laissent planer le doute.
• Même les purées bio, comme celles de Monoprix (Petti) ou de Naturalia (Priméal), n’offrent pas toujours de garantie totale, bien qu’elles soient considérées comme moins exposées à la tomate chinoise en raison de leur segment de marché plus haut de gamme.
Le journaliste Jean-Baptiste Malet, auteur de L’Empire de l’or rouge (un livre que je vous conseille), alerte depuis longtemps sur les pratiques douteuses de la filière tomate en Chine. Il compare l’exploitation des travailleurs dans le Xinjiang à des formes modernes de travail forcé, critiquant également la concurrence déloyale que ces produits imposent aux normes européennes. Selon lui, l’absence d’étiquetage clair sur certaines purées pourrait indiquer l’utilisation de tomates chinoises, souvent mélangées à des lots européens. Cependant, des experts de la filière tempèrent ces inquiétudes. Ils soulignent que les volumes de concentré chinois importés en France restent faibles, et que les contrôles en usine sont stricts, ce qui limite les risques. Malgré cela, la traçabilité reste difficile à garantir pour les marques distributeurs ou les produits d’entrée de gamme.
Cette affaire illustre une problématique plus large : l’insuffisance des normes d’étiquetage pour informer les consommateurs. La mention « 100 % italiennes », comme celle de Mutti, devient une exception dans un marché où la traçabilité est encore trop floue. Pour les purées bio, l’origine semble plus fiable, mais des zones d’ombre subsistent, notamment sur le mélange de provenances dans les lots.
Pour éviter de soutenir involontairement des pratiques abusives :
• Vérifiez les étiquettes : privilégiez les produits indiquant une origine claire, comme « 100 % italiennes ».
• Privilégiez les marques engagées : Mutti est souvent citée comme un exemple de traçabilité.
• Exigez plus de transparence : la pression des consommateurs peut inciter les distributeurs à améliorer leurs pratiques.
Et j’ajouterai le même conseil que j’ai donné il y a quelques semaines : pour être vraiment sûr de ne pas avoir de purée de tomates chinoises le plus simple est d’acheter des conserves de tomates entières ;)
Libération, Les piments tous fous, tout flamme : comment ils ont envahi les restaurants et nos cuisines, 29/11/2024
Portés par l’essor des cuisines asiatiques et mexicaines, ainsi que par l’adaptation française de l’émission américaine Hot Ones, les piments se sont imposés comme un incontournable dans les restaurants et les cuisines françaises. Entre festivals dédiés, micro-productions locales et concours de sauces, le piquant est devenu un véritable phénomène culturel et culinaire.
Traditionnellement absente des habitudes culinaires françaises, la passion pour les piments a explosé grâce à l’ouverture croissante des palais à des cuisines internationales comme celles de l’Asie ou du Mexique. À Paris, des restaurants tels que Trois fois plus de piment ou BangBang Belleville capitalisent sur cette tendance, tandis que des établissements étoilés comme Septime subliment leurs plats avec des ingrédients tels que les pickles de biquinhos ou des huiles pimentées raffinées.
Adaptée par Canal+ en 2022, l’émission Hot Ones, où des célébrités mangent des plats de plus en plus épicés tout en répondant à des questions, a initié un large public français à l’échelle de Scoville, qui mesure l’intensité des piments. Ce succès a fait découvrir de nouvelles sauces aux consommateurs et démocratisé des variétés autrefois méconnues comme le Carolina Reaper, l’un des piments les plus puissants au monde. L’émission a également popularisé les concours et dégustations de sauces, incitant des marques comme Sauce-piquante.fr à proposer des kits dédiés. Ces événements, mêlant performance et gastronomie, attirent un public avide d’expériences gustatives extrêmes.
Face à cet engouement, de nombreuses marques locales ont vu le jour, proposant des sauces artisanales et innovantes :
• Hellicious, pionnière du secteur en 2014, avec une gamme de sauces maison.
• Maison Martin, qui cultive ses propres piments en France.
• Des labels émergents comme Mæmpi, La Pique ou Baba Bahri, qui expérimentent avec des recettes à base de fruits ou des variétés locales de piments.
Selon Nicolas Dochter, fondateur de Hellicious, cette effervescence rappelle celle de la bière artisanale il y a une décennie. Cependant, il prévient que toutes les marques ne survivront pas face à la concurrence.
Le marché mondial des sauces piquantes, estimé à 5,2 milliards d’euros en 2024, devrait atteindre 7,6 milliards en 2033, selon Imarc Group. En France, la demande a bondi de 44 % en volume et 48 % en valeur depuis 2019, selon Circana. Si les grandes surfaces restent dominées par des marques industrielles comme Tabasco et Sriracha, les épiceries spécialisées et les festivals locaux marquent un changement d’offre.
Au-delà des sauces et des concours, le piment trouve sa place dans des applications variées :
• Cocktails, où il apporte une touche audacieuse.
• Glaces au chocolat, pour un contraste subtil.
• Bières artisanales, comme au bar nantais Amère, spécialisé dans le mariage entre craft beers et sauces piquantes.
Du piment d’Espelette, doux et aromatique, au habanero chocolat, fumé et intense, le piment est désormais un ingrédient de choix dans la gastronomie française.
Le Figaro, Comment la filière française du caviar s’est fait prendre au piège du rouleau compresseur chinois, 05/12/2024
La filière française du caviar, autrefois leader mondial, fait face à une crise profonde, accentuée par la montée en puissance de la Chine, désormais responsable de plus de la moitié de la production mondiale. Avec des prix imbattables et des méthodes de production accélérées, les producteurs chinois imposent une concurrence féroce aux acteurs français, en proie à des marges réduites et à un marché de plus en plus saturé.
Alors que la France produisait plus de la moitié du caviar mondial dans les années 2010, elle a vu sa position s’effondrer face à l’ascension de la Chine, qui produit désormais 350 des 630 tonnes annuelles consommées dans le monde. Les producteurs chinois, utilisant des variétés d’esturgeons à croissance rapide, récoltent les précieux œufs en cinq ans, contre huit à dix ans pour les méthodes traditionnelles françaises.
Cette compétitivité s’accompagne de prix de vente défiant toute concurrence. Michel Berthommier, PDG de Caviar Perlita, dénonce un possible dumping, avec des prix chinois deux fois inférieurs aux coûts de production européens, qui rendent la rentabilité impossible pour les producteurs français. Aujourd’hui, 80 % du caviar servi dans les restaurants français est d’origine chinoise, un constat alarmant pour une filière autrefois florissante.
Face à cette situation, les producteurs français misent sur plusieurs leviers pour regagner du terrain :
• L’appellation Caviar d’Aquitaine (IGP) : prévue pour 2025, cette indication géographique protégée vise à valoriser l’origine et la qualité des caviars français sur les marchés internationaux.
• L’innovation produit : des efforts sont déployés pour proposer des caviars plus frais et moins salés, répondant aux attentes des consommateurs modernes.
• Le tourisme et l’expérience client : des initiatives comme les visites de fermes et les dégustations, menées par Caviar de Neuvic, attirent de nouveaux publics et renforcent l’image de marque. En 2023, plus de 10 000 visiteurs ont exploré leurs bassins en Dordogne.
Avec une production annuelle de moins de 20 tonnes, le leader français Sturia (Surgeon) reste plus de dix fois plus petit que les plus grandes fermes chinoises. Cette fragmentation de la filière française limite sa capacité à rivaliser sur le plan international. Les tentatives de consolidation, comme la proposition de fusion entre Caviar de Neuvic et Prunier en 2023, ont échoué en raison de divergences culturelles et économiques. Trois producteurs français mis en vente l’an dernier n’ont pas trouvé repreneurs, illustrant les défis structurels de la filière.
Alors que 70 % des ventes annuelles de caviar se concentrent autour des fêtes de fin d’année, les producteurs français peinent à s’adapter à un marché mondialisé et ultra-compétitif. Si l’IGP et l’innovation apportent un souffle d’espoir, la filière devra probablement passer par une consolidation pour survivre face au rouleau compresseur chinois.
Les Échos, Avec le reflux de l'inflation, Picard repart à l'offensive, 04/12/2024
Après une période marquée par l’inflation et des volumes en baisse, Picard affiche une dynamique positive. Fort d’une reprise des ventes et d’un afflux de nouveaux clients, l’enseigne se prépare à une saison de fêtes sous le signe de la croissance et de l’innovation. Les sept semaines précédant le 31 décembre représentent en effet 23 % du chiffre d’affaires annuel de l’enseigne. Cette période stratégique permet de séduire de nouveaux consommateurs grâce à une offre festive haut de gamme.
Après les perturbations des années précédentes dues à la pénurie de foie gras et à une inflation de 20 % sur les produits alimentaires, Picard retrouve une saison festive normale. L’enseigne s’attend à des résultats solides grâce à une offre adaptée et à des prix maîtrisés, malgré une inflation désormais contenue. Pour son exercice financier 2024, clos le 31 mars, Picard prévoit ainsi un chiffre d’affaires de 1,8 milliard d’euros, en progression de 5 %. Bien que l’inflation ait peu contribué à cette hausse, les 40 nouveaux magasins ouverts cette année ont dynamisé les ventes. Depuis le printemps, les volumes repartent à la hausse, accompagnés par l’arrivée de 300 000 nouveaux clients, notamment des jeunes de moins de 30 ans, qui rajeunissent la clientèle traditionnelle.
Picard ne ralentit pas son développement : un nouveau plan d’ouvertures prévoit 40 magasins supplémentaires, principalement dans des petites villes, dont la moitié en franchise. Cécile Guillou, directrice générale, insiste sur la stratégie d’ultra-proximité de l’enseigne, ce qui la différencie des supermarchés classiques. Avec 1 174 points de vente, Picard rivalise en taille avec certaines enseignes de grande distribution tout en cultivant son positionnement de magasin de proximité.
Malgré une dette de 1,7 milliard d’euros, héritée du rachat avec effet de levier par des fonds d’investissement, Picard maintient une rentabilité solide. Son Ebitda annuel de 286 millions d’euros permet de financer des investissements équivalents à 3 % du chiffre d’affaires, garantissant une expansion maîtrisée. Cécile Guillou se montre confiante quant à l’avenir de l’enseigne sous la direction de Moez-Alexandre Zouari, désormais actionnaire majoritaire après la sortie de Lion Capital. Elle souligne la robustesse financière de Picard, une force dans un secteur où les marges sont souvent fragiles.
Les Échos, Guerre des donuts : Krispy Kreme fourbit ses armes avant l'arrivée en France de son rival Dunkin', 04/12/2024
Un an après son implantation en France, Krispy Kreme, le spécialiste américain des donuts, accélère son développement dans l’Hexagone. Alors que le marché se prépare à l’arrivée de son rival Dunkin’ en 2025, l’enseigne multiplie les ouvertures et prépare son expansion dans la grande distribution. Depuis son premier point de vente aux Halles, à Paris, Krispy Kreme a rapidement étendu son réseau. L’enseigne prévoit de clôturer 2024 avec une vingtaine de boutiques en Île-de-France, principalement situées dans des centres commerciaux, des gares et des zones stratégiques de la capitale. Ce développement a été retardé par les contraintes liées aux Jeux Olympiques, notamment pour l’obtention d’autorisations de travaux.
Pour l’année en cours, Krispy Kreme table sur un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros hors taxes. En 2025, l’enseigne prévoit l’ouverture d’une nouvelle vague de 20 points de vente, dont 9 dès le premier semestre. Krispy Kreme mise sur sa capacité à incarner une part de la pop culture américaine en France, en attirant particulièrement la génération Netflix. Avec des séries limitées comme les donuts inspirés du Grinch ou de Barbie, l’enseigne anime sa marque sur les réseaux sociaux tout en s’appuyant sur une orthographe distinctive de « doughnuts ». Selon Alexandre Maizoué, directeur général de Krispy Kreme Doughnuts France, cette stratégie répond au besoin des consommateurs français de vivre une expérience qui va au-delà du simple achat alimentaire, en associant les produits à un imaginaire américain fort.
Tous les donuts vendus en Île-de-France sont actuellement produits dans le point de vente des Halles, où les clients peuvent même acheter des donuts fraîchement préparés grâce à une scénographie marquée par le panneau lumineux « hot now ». Pour accompagner son expansion, un deuxième lieu de production doit ouvrir à Créteil début 2025. Cette infrastructure permettra également à Krispy Kreme de se lancer dans la grande distribution, via des vitrines réfrigérées dans des enseignes partenaires. Les négociations avec des distributeurs sont en cours, marquant une étape clé dans l’ambition de l’enseigne de diversifier ses canaux de distribution.
L’arrivée prochaine de Dunkin’, portée par le groupe belge QSRP, ne semble pas inquiéter Krispy Kreme. Selon Alexandre Maizoué, cela confirme le potentiel du marché français pour ce type de produit. Contrairement à Dunkin’, qui mise fortement sur l’accompagnement café-boissons, Krispy Kreme privilégie une approche centrée sur le produit et l’expérience client. En 2025, Krispy Kreme continuera de se concentrer sur l’Île-de-France avant d’étudier son expansion dans d’autres régions. Deux options sont envisagées : le développement via des succursales ou des franchises. L’enseigne n’exclut pas non plus des partenariats stratégiques, comme celui récemment signé aux États-Unis avec McDonald’s.
Modern Retail, How Walmart is becoming a better-for-you grocery destination, 11/11/2024
Walmart intensifie son virage vers une offre alimentaire plus saine et durable, répondant à une demande croissante pour des produits naturels et respectueux de l’environnement. Ce changement s’inscrit dans une stratégie globale visant à attirer un public varié, mêlant consommateurs aisés et sensibles aux prix.
La dernière initiative en date du géant américain est le lancement d’un espace dédié aux sodas « sains », appelé Modern Soda Set, mettant en avant des marques innovantes comme Poppi, Olipop, Culture Pop et Zevia. Ce concept, développé avec le soutien de Poppi, s’intègre également dans d’autres enseignes majeures telles que Kroger ou Target. Grâce à cet investissement, Poppi a vu sa présence chez Walmart croître de 79 %, atteignant plus de 4 300 magasins.
Parallèlement, Walmart enrichit ses rayons avec des jeunes marques axées sur des ingrédients biologiques ou durables, comme les smoothies surgelés LiveMore Superfoods ou le tahini Soom. Ce dernier, déjà distribué dans 989 points de vente Walmart, bénéficie d’une exposition stratégique dans l’allée des beurres de noix.
Lancée en 2023, la marque propre Bettergoods illustre également cet engagement. Proposant des produits adaptés aux régimes végétaux, sans gluten ou sans produits laitiers, cette gamme exclut additifs artificiels et sucres ajoutés. En diversifiant ainsi ses références, Walmart cherche à répondre aux attentes de consommateurs exigeants tout en restant compétitif sur les prix.
Bryan Gildenberg, expert en commerce, souligne que Walmart « démocratise l’accès à des produits mieux-disants » tout en préservant une logique économique. Contrairement aux enseignes spécialisées comme Whole Foods, les clients de Walmart ne s’orientent pas exclusivement vers des produits biologiques mais apprécient un mélange de valeur et de tendance.
Ce positionnement unique présente des défis pour les marques partenaires, qui doivent s’ajuster aux exigences logistiques et tarifaires. Poppi, par exemple, a renforcé sa chaîne d’approvisionnement pour répondre à la demande de Walmart, tandis que Soom a négocié des prix compétitifs, optimisant sa trésorerie grâce au modèle de prix bas permanent du distributeur.
Wired, Tricked by a Fake Viral Food Product? You’ve Just Been Snackfished, 05/12/2024
En novembre 2023, une vidéo virale a enflammé Internet. Un homme prétendument australien dévoilait un produit improbable en rayon : un ketchup transparent signé Heinz. “Comment? Et surtout… pourquoi?!”, s’indignait un utilisateur sur X. Plus de 113 millions de personnes ont visionné la vidéo sur Instagram, avant de constater qu’aucune trace de ce ketchup n’apparaissait en magasin.
Le produit était en réalité une invention de Benji, un analyste londonien de 28 ans et maître autoproclamé du “snackfishing”. Avec une bouteille vide, du gel coiffant et une imprimante, Benji a créé un ketchup transparent fictif, confirmant l’illusion grâce à une fausse vidéo tournée en supermarché. Depuis, son compte Instagram UK Snack Attack s’est imposé comme la vitrine des snacks imaginaires, proposant des créations telles que des Coco Pops goût pistache ou encore des Oreos au beurre.
L’histoire de Benji débute en 2019, lorsqu’il explore des saveurs exotiques de Fanta avec ses colocataires universitaires. Fasciné par les snacks inhabituels, il lance un compte dédié pour partager ses découvertes. Mais avec les confinements, impossible de filmer en magasin. Benji se tourne alors vers la fabrication de snacks fictifs, inventant chaque week-end des variantes comme la Nutella au chocolat blanc et ajoutant des étiquettes faites maison. Rapidement, des marques imitées lui demandent de préciser que ses créations ne sont pas réelles.
Benji assume avoir voulu “piéger les gens en ligne” tout en cherchant un exutoire créatif. En mettant en scène ses créations en rayons, il intrigue des millions d’internautes. Si ses débuts ont suscité l’inquiétude de ses proches, ces derniers soutiennent désormais sa démarche, marquant des étapes comme ses 200 000 abonnés.
Aujourd’hui, Benji ajoute des avertissements à chaque publication pour éviter les frustrations. Son influence ne s’arrête pas là : il partage aussi des fuites sur de vrais snacks à venir, attirant l’attention – et parfois les menaces juridiques – de multinationales.
Malgré l’ampleur de son succès, Benji reste fidèle à son objectif initial : le plaisir. Bien qu’il n’ait pas monétisé son compte, il espère un jour publier un livre de recettes ou voir l’une de ses inventions réalisée par une marque. “Je ne veux pas que cela devienne un travail. Tant que je m’amuse, je suis satisfait”, conclut-il.
The Guardian, Wake up and smell the coffee: rising food prices show destabilising impact of climate crisis, 01/12/2024
Le café, pilier des matinées du monde entier, est la dernière victime de la crise climatique. Le prix des grains d’arabica de qualité a atteint un sommet historique en près de 50 ans, alimenté par les craintes d’une récolte désastreuse au Brésil. Mais le café n’est qu’un exemple parmi d’autres : les inondations en Espagne ont ravagé les cultures d’oranges, et les prix de l’huile d’olive continuent de grimper alors que le bassin méditerranéen suffoque sous des vagues de chaleur répétées.
Ces événements climatiques extrêmes, de plus en plus fréquents, mettent en lumière l’impact systémique du réchauffement climatique sur l’inflation alimentaire. Si dans les pays riches cela se traduit par une hausse des prix difficile à absorber pour les ménages à faibles revenus, dans les pays en développement, cela peut signifier une insécurité alimentaire sévère. Les scientifiques alertent : des cultures de base comme le maïs, le blé ou le riz subissent déjà une croissance sous-optimale en raison des températures élevées et du manque d’eau.
Une étude récente publiée dans Communications Earth & Environment estime que le changement climatique pourrait ajouter entre 0,9 et 3,2 points de pourcentage à l’inflation alimentaire mondiale au cours de la prochaine décennie. Cette pression s’accompagne de perturbations dans les chaînes de transport, comme la réduction du trafic au canal de Panama causée par des niveaux d’eau historiquement bas.
Face à ces défis, les outils de politique économique actuels semblent mal adaptés. La hausse des taux d’intérêt, réponse classique à l’inflation, n’a que peu d’effet sur des chocs d’offre liés au climat. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a évoqué lors d’une conférence la nécessité de repenser les politiques monétaires dans un monde marqué par des “ruptures structurelles”.
Des économistes, comme Isabella Weber, appellent à des mesures non conventionnelles : plafonnement des prix, constitution de stocks stratégiques de denrées, et investissements massifs dans des cultures résistantes aux intempéries et aux ravageurs. Pourtant, ces solutions, souvent coûteuses et à long terme, peinent à trouver leur place dans des cycles électoraux dominés par des préoccupations immédiates.
La fréquence croissante des chocs sur les prix alimentaires illustre une ère de volatilité accrue. Cette situation exige des réponses audacieuses et une coopération internationale renforcée. Mais comme le souligne l’économiste Andrew Sissons, l’absence de vision politique et le rejet des coûts à court terme freinent les avancées nécessaires. Alors que les impacts du réchauffement se multiplient, le prix du café n’est qu’un avant-goût d’une crise alimentaire mondiale en devenir.
The Guardian, The new foodie rules: bring me a bottle of olive oil, and for God’s sake don’t follow a recipe, 30/11/2024
Les tendances culinaires évoluent aussi vite que celles de la mode. Si, plus tôt cette année, une salade de concombre virale sur TikTok a provoqué une pénurie en Islande, d’autres changements dans nos habitudes alimentaires s’avèrent plus durables et révélateurs de nouvelles priorités.
D’après le rapport annuel de Waitrose Food & Drink, les livres de cuisine traditionnels cèdent leur place à l’inspiration en ligne, particulièrement auprès des jeunes. Désormais, des influenceurs culinaires sur Instagram ou TikTok séduisent avec des vidéos courtes et esthétiques, favorisant une cuisine improvisée. Résultat : 72 % des 18-34 ans se sentent capables de cuisiner sans suivre une recette, une tendance qui encourage la créativité et réduit le gaspillage alimentaire.
Ce virage vers une cuisine décomplexée est salué par les professionnels comme une manière de reconnecter les individus avec le plaisir de cuisiner tout en les sensibilisant à une alimentation plus saine et plus locale.
Le rapport met aussi en lumière un rejet croissant des produits ultra-transformés. Les consommateurs privilégient des produits simples et authentiques, un retour aux fondamentaux qui favorise la cuisine maison. Par exemple, 38 % des sondés cuisent leur propre pain et 28 % s’essaient à la fermentation. Cette prise de conscience se reflète également dans l’intérêt pour des produits de qualité supérieure, tels que le lait entier ou le beurre artisanal, qui connaissent une popularité renouvelée.
Maddy Wilson, directrice des produits Waitrose, explique : « Les consommateurs s’éloignent des produits dits “sains” qui sont en réalité pauvres en nutriments et bourrés d’émulsifiants, pour revenir à des aliments bruts et savoureux. »
Un autre phénomène remarqué par Waitrose est le “pantry glow-up”, où les ingrédients de base deviennent des articles de luxe convoités. Parmi eux, l’huile d’olive extra-vierge s’impose comme un nouveau cadeau chic, remplaçant même la traditionnelle bouteille de vin lors des dîners. Selon Sarah Vachon, fondatrice de la marque Citizens of Soil, l’huile d’olive offre une polyvalence et une qualité qui séduisent tous les modes de vie.
Cependant, ce phénomène divise : le guide de l’étiquette Debrett’s a récemment averti que ce geste pouvait être perçu comme un reproche à la cuisine de son hôte. Pourtant, pour les amateurs de gastronomie, l’huile d’olive reste un présent idéal, pratique et élégant.
Ces évolutions témoignent d’un changement profond dans notre rapport à l’alimentation. Entre l’abandon des recettes rigides, le rejet des produits transformés et l’adoption de produits simples mais raffinés, la cuisine devient un terrain d’expression, de partage et de plaisir renouvelé. Alors, la prochaine fois que vous êtes invité, oubliez le vin : une bonne huile d’olive pourrait bien être le cadeau parfait.
Forbes, How A 137-Year-Old Company Stays On Top Of Changing Consumer Trends, 02/12/2024
William Grant & Sons, entreprise familiale fondée en 1887, continue d’évoluer avec succès dans un secteur des spiritueux en constante mutation. Avec des marques phares comme Glenfiddich, The Balvenie, Hendrick’s Gin et Milagro Tequila, la société mise sur une stratégie mêlant respect de son héritage et adaptation aux nouvelles tendances.
La pierre angulaire de William Grant & Sons repose sur ses whiskies single malt emblématiques : Glenfiddich et The Balvenie. La société reste fidèle à une approche centrée sur ces marques tout en innovant pour les maintenir pertinentes. Par exemple, le lancement du Glenfiddich Grand Château 31 ans, vieilli en fûts de vin de Bordeaux, illustre cet équilibre entre tradition et créativité contemporaine.
En parallèle, des marques comme Hendrick’s Gin et Milagro Tequila incarnent la diversification réussie de l’entreprise. Hendrick’s domine la catégorie des gins super-premium avec une part de marché de plus de 60 %, tandis que Milagro profite de l’essor du marché du tequila, particulièrement fort aux États-Unis, où le Margarita reste le cocktail préféré.
Les États-Unis, qui représentent 35 % des ventes mondiales de William Grant, reflètent des tendances spécifiques, notamment l’essor des tequilas et des gins premium. La société adapte sa stratégie en fonction de ces particularités locales, tout en observant une évolution globale vers une consommation réduite mais de meilleure qualité. Cette priorité donnée à la qualité aligne parfaitement le portefeuille de William Grant avec les attentes des consommateurs actuels.
La montée des produits prêts-à-boire (RTD) et le déclin global de la consommation d’alcool depuis la pandémie sont d’autres défis auxquels l’entreprise répond en renforçant ses marques principales plutôt qu’en multipliant les lancements. Par exemple, Tullamore D.E.W. Irish Whiskey a récemment élargi sa gamme avec une variante au miel, une initiative qui capitalise sur la popularité croissante des saveurs uniques.
William Grant & Sons s’est fixé l’objectif ambitieux de doubler ses ventes en cinq ans, en misant sur une culture d’entreprise tournée vers la transparence et l’innovation. Le président Paul Basford souligne l’importance d’une équipe engagée et alignée, soutenue par une utilisation intensive des données pour identifier les opportunités. Cette stratégie s’accompagne d’investissements significatifs, même en période de contraction du marché, illustrant la résilience et l’agilité de l’entreprise.
Alors que le marché des spiritueux reste volatile, William Grant & Sons montre qu’il est possible de concilier héritage et modernité. Avec des marques reconnues et une capacité d’innovation ciblée, l’entreprise reste un acteur incontournable, prêt à répondre aux attentes changeantes des consommateurs tout en consolidant sa position de leader mondial.
Forbes, 30 Under 30 Food & Drink 2025: These Entrepreneurs Will Shape The Future Of Food, 03/12/2024
La liste 30 Under 30 Food & Drink 2025 de Forbes met en lumière les talents émergents qui façonnent l’avenir de l’alimentation et des boissons. Ces entrepreneurs, tous âgés de moins de 30 ans, innovent dans des secteurs variés, allant des restaurants aux snacks en passant par les spiritueux et les contenus culinaires. Voici un aperçu de ces visionnaires.
Brian Waddick et Cole Schaefer, cofondateurs de Smackin’, ont transformé les graines de tournesol en un snack ludique et savoureux avec des saveurs comme “churros à la cannelle”. Lancée dans leur dortoir universitaire, leur entreprise a explosé : après avoir levé 60 000 $, leur chiffre d’affaires devrait atteindre 20 millions de dollars cette année, avec une présence chez Walmart et 7-Eleven.
Autre exemple de succès : Gina Galvin, 26 ans, cofondatrice de Stellar Snacks. Cette marque de bretzels haut de gamme, connue pour son packaging artistique, s’est imposée chez Whole Foods et même à bord des avions de Southwest Airlines. Stellar prévoit d’investir 137 millions de dollars dans une usine innovante au Kentucky.
Vasu Goyal, 29 ans, a lancé Dose Daily, des shots santé enrichis en zinc, gingembre et baies de sureau, inspiré par les problèmes de santé de son grand-père. Disponible chez Amazon et dans des boutiques bio comme Sprouts, la marque se distingue par son approche scientifique et ses essais cliniques rigoureux.
Jake Tannenbaum, quant à lui, a créé Craftmix, des mixeurs de cocktails et mocktails en format poche. Lancée avec des fonds personnels, la marque génère aujourd’hui 8 millions de dollars de revenus annuels et est disponible chez Walmart et sur des vols JetBlue.
Dans la restauration, Annalee Schlossberg, 25 ans, a su capitaliser sur la demande post-Covid avec Bel-Fries, une chaîne de micro-restaurants spécialisée dans les frites belges et leurs sauces variées. Depuis sa première ouverture à New York, la marque compte six établissements et un food truck, avec un chiffre d’affaires doublé chaque année.
Côté influence, des créateurs comme Meredith Hayden, alias “Wishbone Kitchen”, transforment le contenu culinaire en entreprises prospères. Hayden, 28 ans, partage sa vie de chef privée dans les Hamptons et a séduit plus de 6 millions d’abonnés avec ses vidéos, tout en lançant un livre de cuisine et des partenariats lucratifs.
Ces entrepreneurs incarnent l’avenir de l’alimentation, alliant créativité, durabilité et innovation. Leur capacité à répondre aux nouvelles attentes des consommateurs – qu’il s’agisse de snacks amusants, de produits bien-être ou de formats pratiques – confirme leur rôle clé dans l’évolution du secteur. Avec des revenus en forte croissance et une présence de plus en plus marquée, ils redéfinissent les codes de l’alimentation mondiale.
Financial Times, The world’s best food markets, 04/12/2024
L’article met à l’honneur les marchés alimentaires emblématiques du monde, célébrant des lieux où l’art de bien manger rencontre les traditions locales. Voici une sélection des destinations incontournables où faire le plein de saveurs et d’authenticité.
• Mercado de San Miguel, Madrid
Situé près de la Plaza Mayor, ce marché emblématique dans une structure en fer forgé offre un véritable festin espagnol. Tapas, cava et produits frais de Galice en font une halte incontournable pour les amateurs de gastronomie.
• Les Halles de Lyon Paul Bocuse, Lyon
Ce marché couvert de 13 500 m² célèbre la cuisine lyonnaise avec des spécialités telles que les quenelles de brochet et les saucisses pistachées. La fromagerie Mons et les pâtisseries Seve sont des incontournables.
• Les Halles de Dijon, Dijon
Inspirées par Gustave Eiffel, ces halles célèbrent la gastronomie bourguignonne : escargots, moutardes, vins de la région, et Comté du Jura se côtoient dans une ambiance chaleureuse.
• Mercato del Capo, Palerme
Mêlant influences arabes et siciliennes, ce marché regorge d’olives, de fromages locaux et de spécialités comme le sfincione, un pain garni d’anchois et de fromage caciocavallo.
• Marché des Lices, Rennes
Fondé en 1622, ce marché breton propose fruits de mer frais, galettes au sarrasin et spécialités locales comme les pommes de Bretagne et le miel de sarrasin.
• Mercado de Dulces, Morelia, Mexique
Ce paradis pour les amateurs de sucreries propose des spécialités comme l’ate, une pâte de fruits cuite lentement, et des disques de caramel appelés morelianas.
• Grand Central Market, Los Angeles
Un mélange vibrant de cuisines internationales, avec des classiques comme les burritos de Jose Chiquito ou le fried chicken de Lucky Bird.
• Queen Victoria Market, Melbourne
Avec plus de 600 étals, ce marché australien combine produits locaux et influences mondiales, avec des spécialités comme les fruits tropicaux et les poissons locaux.
• Mercado San Juan, Mexico City
Ce marché iconique propose des ingrédients exotiques comme les scorpions comestibles, aux côtés de produits plus classiques tels que le cacao et le vin.
• Tsukiji Outer Market, Tokyo
Ce marché est une véritable vitrine des produits japonais : thon otoro, mochis aux fraises Amaou et cafés artisanaux.
• Gwangjang Market, Séoul
Réputé pour ses plats coréens comme les pancakes aux haricots mungo et le bibimbap, ce marché est aussi un lieu incontournable pour acheter un hanbok traditionnel.
• East Coast Lagoon Food Village, Singapour
Ce marché en bord de mer mêle plats typiques comme le satay et le riz au poulet hainan, avec une vue imprenable sur l’océan.
Comme souvent un épisode très intéressant de Business of Bouffe, qui s’intéresse cette fois au burger et la success story de PNY. On y apprend pas mal de chose sur l’enseigne qui propose un des meilleurs burgers de la capitale et qui est également présent dans plusieurs grandes villes de province.
C’est tout pour aujourd’hui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey