🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2024-22
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le Monde, Les commerces bio entrevoient le bout du tunnel après trois années de crise, 13/06/2024
Washington Post, When plant foods are ultra-processed, the health benefits disappear, 10/06/2024
Modern Retail, TikTok has ignited a cottage cheese renaissance, 12/06/2024
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
L’idée de lancer cette revue de presse sous forme de newsletter m’est venue pendant le confinement. Eat’s Business fêtera donc très bientôt ses 4 ans.
En 4 ans ce sont près de 180 revues de presse que vous avez eu l’occasion de consulter gratuitement.
Pour continuer à garder ce contenu gratuit et accessible à tous, notamment les étudiants, Eat’s Business cherche des sponsors pour la rentrée de septembre. Si vous souhaitez soutenir Eat’s Business n’hésitez pas à m’écrire à contact@olivierfrey.com pour que l’on discute ensemble des modalités.
Le Monde, Les commerces bio entrevoient le bout du tunnel après trois années de crise, 13/06/2024
Après trois années difficiles marquées par la crise du pouvoir d'achat et la concurrence des grandes surfaces, les réseaux spécialisés dans la vente de produits biologiques commencent à voir le bout du tunnel. En 2023, leur chiffre d'affaires avait encore baissé de 1,5% selon le cabinet Biotopia. Et près de 300 magasins bio avaient dû mettre la clé sous la porte. Mais les premiers mois de 2024 marquent un sérieux rebond pour le secteur.
"Le marché de la bio reprend des couleurs et commence 2024 sous le signe de la croissance", s'est félicitée l'enseigne La Vie Claire, annonçant +7,6% de chiffre d'affaires au 1er trimestre. Même son de cloche chez Biocoop où l'activité grimpe de 10% depuis janvier. "Après trois années de baisse, le marché spécialisé a renoué avec la croissance en valeur au 1er trimestre (+7% sur un an, +12% sur deux ans)", confirme Alexandre Fantuz Lemoine, cofondateur du panéliste Biotopia.
Ce rebond s'explique principalement par le désengagement des grandes surfaces généralistes du rayon bio. Avec l'inflation, les Français ont délaissé ces produits plus chers pour des marques premiers prix. Les hypermarchés ont alors réduit drastiquement leurs références, jusqu'à -24,9% pour certaines enseignes selon Circana. Les ventes bio y ont donc chuté de 12,6% en volume en 2023 et le déclin s'est poursuivi début 2024 (-9,5%). Une aubaine pour les réseaux spécialisés qui voient revenir des clients lassés de l'offre réduite des supermarchés. "On a stoppé la décroissance de 2021. On voit revenir d'anciens fidèles qui ne retrouvent plus la même offre en grandes surfaces", se réjouit Frédéric Faure, vice-président de Biocoop. Malgré tout, le secteur reste fragile avec encore 300 fermetures l'an dernier.
Le Monde, Matières premières : « Café et cacao, même chaos », 08/06/2024
Le marché du café traverse actuellement "une période de fortes turbulences" selon Giuseppe Lavazza, patron de la célèbre marque italienne. Après le creux lié au Covid-19, une vague de gelées au Brésil en 2021 a d'abord fait flamber les cours de l'arabica, variété la plus prisée. Puis l'invasion russe en Ukraine a entraîné une nouvelle poussée inflationniste, à laquelle s'est ajoutée une soudaine flambée du robusta, habituellement moins côté. "Son prix a progressé de 200% en deux ans" souligne M. Lavazza. Au Vietnam, premier producteur mondial de robusta, les caféiers ont en effet subi sécheresses et nuisibles, laissant présager une récolte plus faible en novembre. Mais pour le patron italien, la spéculation explique aussi cette envolée, le marché du café étant "petit" et donc très fluctuant.
Même chaos du côté du cacao, qui a battu des records mi-avril à près de 11.000 euros la tonne, avant un léger repli. Comme pour le café, le transport de la fève pose problème avec l'engorgement du canal de Suez rallongeant les voyages maritimes.Pris dans cette tempête, les torréfacteurs subissent une forte pression sur leurs marges alors que le prix de la matière première s'emballe. Lavazza a ainsi vu son chiffre d'affaires bondir de 13% en 2023, mais sa rentabilité opérationnelle fondre à 8,6%.
Les hausses doivent être répercutées sur les clients avec précaution pour ne pas les voir réduire leur consommation, déjà en baisse de 3% l'an dernier au niveau mondial.Pour l'heure, l'équilibre du marché semble bien précaire entre une offre perturbée et une demande fragilisée par l'inflation. Les prévisionnistes en sont réduits à lire les futures tendances... dans le marc de café.
Les Échos, Alimentation : Intermarché tourne ses 56 usines vers le frais et le végétal, 10/06/2024
Vous ne le savez peut être pas mais Intermarché dispose de l'un des tout premiers pôles industriels agroalimentaires de France avec 56 usines et 4,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Un atout d'indépendance pour l'enseigne, qui célèbre les 50 ans de sa branche Agromousquetaires. Cet empire industriel un peu hétéroclite, fruit des rachats tous azimuts du fondateur dissident Jean-Pierre Le Roch, fait aujourd'hui l'objet d'une vaste réorganisation pour en optimiser la rentabilité.
Depuis 2016, le pôle a été rationalisé avec une centralisation des achats, des systèmes d'information communs et une production mieux calibrée aux besoins des magasins. Un véritable groupe a émergé, se débarrassant d'une dizaine d'usines jugées non stratégiques. L'objectif est désormais de combler le déficit chronique de 120 millions d'euros grâce aux nouveaux volumes apportés par les partenariats avec Casino et Auchan et le rachat de 300 magasins Leader Price/Monoprix. "Notre outil industriel est un gage d'indépendance. Pendant le Covid, il nous a approvisionné sans faiblesse", vante Thierry Cotillard, le président des Mousquetaires.
Mais au-delà de l'aspect patrimonial, ce pôle sert surtout la politique de bas prix via les marques propres qui pèsent 75% de la production. Pour accompagner la transition alimentaire, les Mousquetaires réorientent désormais leurs usines vers le frais, le végétal et la décarbonation. Sortie des produits ultra-transformés comme les pizzas, poussée dans les fruits, légumes et jus végétaux, décentralisation des sites en dehors de la Bretagne historique… le virage stratégique est engagé.
Les Échos, Crise ouverte à l'association nationale des industries agroalimentaires, 12/06/2024
L'Association nationale des industries agroalimentaires (Ania), principal lobby du secteur en France, traverse une crise sans précédent. En effet, deux de ses plus gros contributeurs historiques, la Fédération laitière (FNIL) et les Brasseurs de France, ont décidé de claquer la porte fin 2024.
Pour la FNIL, qui représente notamment Danone ou Lactalis, le rapport coût-bénéfice avec l'Ania n'était tout simplement plus au rendez-vous. Avec une cotisation annuelle de 600.000 euros, elle jugeait "les services rendus pas à la hauteur" et réclamait "une refondation" de l'organisation pour plus d'efficacité. Les brasseurs, qui versaient 300.000 euros, évoquent de leur côté une "réflexion stratégique" les ayant conduits à démissionner dans l'attente de nouvelles "priorités" en 2025.
Au total, ce double départ représente près de 30% du budget de 3 millions d'euros de l'Ania. Un coup rude pour l'association, déjà fragilisée par une lourde amende de l'Autorité de la concurrence dans l'affaire du bisphénol A. Ses dirigeants peinent à convaincre de sa plus-value face aux fédérations professionnelles sur des sujets majeurs comme la transition écologique, l'attractivité des métiers ou l'ancrage territorial, selon la FNIL.
Le 20 juin, l'Ania doit élire son nouveau président lors d'une assemblée générale tendue. Seul candidat en lice : Jean-François Loiseau, patron de la coopérative céréalière Axéréal, qui serait le premier agriculteur à prendre la tête de cette organisation historiquement tournée vers l'agroalimentaire privé. Un symbole de la poussée des intérêts agricoles, puisque l'ex-présidente du syndicat majoritaire FNSEA, Christiane Lambert, devrait aussi prochainement prendre la tête de la Fédération de la charcuterie. Une évolution qui laisse planer bien des interrogations sur la nouvelle feuille de route de l'Ania, désormais privée de lourds contributeurs issus de l'agroalimentaire.
Les Échos, Alerte sur l'autosuffisance de la filière porcine en France, 12/06/2024
Longtemps seule filière à assurer l'autosuffisance alimentaire de la France, la production porcine nationale perd du terrain face aux importations. Une situation préoccupante pour un secteur qui voit son avenir menacé. "Nous étions la seule viande avec un taux d'auto-approvisionnement égal à la consommation, mais nous ne sommes pas sûrs de le rester", alerte Philippe Bizien, président de l'interprofession Inaporc. En cause : un net recul de 10% de la production hexagonale en trois ans.
La raison principale est la disparition des élevages les plus anciens, dont les exploitants cessent leur activité sans repreneur. La France compte encore 10.000 porcheries mais ce nombre fond d'année en année, fragilisant les volumes. Alors que l'offre tricolore diminue, la demande des consommateurs repart à la hausse en 2024 (+1,6% sur les deux premiers mois), poussée par un repli des autres viandes. Le porc, surtout sous forme de charcuterie, reste la viande préférée des Français.
Dans ce contexte tendu, les importations gagnent du terrain pour répondre aux besoins. Sur les deux premiers mois de l'année, elles ont progressé de 3,4%, soit 630 semi-remorques franchissant chaque semaine les frontières, notamment en provenance d'Espagne. "La filière espagnole bénéficie de caisses de compensation entre l'amont et l'aval lui permettant d'exporter à moindre coût en France. Il y a du dumping en Europe", dénonce Thierry Meyer, vice-président d'Inaporc.
Face à cette dégradation de la balance commerciale, les éleveurs comptent sur un rebond des exportations, notamment vers la Chine avec l'ouverture récente du marché des abats. Mais l'urgence est de "consolider" d'abord la production locale. C'est l'objectif de la nouvelle démarche "Porc Demain" visant à restaurer d'ici 2035 une offre de porcs français à 100%, dans le respect de critères sociaux, sanitaires et environnementaux exigeants. L'enjeu : préserver la souveraineté alimentaire du pays sur cette viande phare.
Les Échos, Sébastien Chabal, dans la mêlée entrepreneuriale, 12/06/2024
L'ancien international de rugby Sébastien Chabal s'apprête à présenter Les Burgers de Jo, la nouvelle entreprise qu'il a cofondée avec Joannes Richard, le champion du monde de burger 2023. Le concept ? Proposer à des restaurateurs de quartier de mettre ponctuellement à leur carte les créations de Joannes Richard, dans une formule événementielle. Un pied dans la franchise, un autre dans l'évènementiel pour créer de la "plus-value" selon ses mots.
À 46 ans, l'ex-star du XV de France semble avoir trouvé la voie d'une reconversion réussie dans le monde de l'entrepreneuriat. Président des Burgers de Jo, il en pilote la gestion, la finance et l'organisation, poursuivant sa philosophie : partir de rencontres "coups de cœur" pour monter des équipes gagnantes. "Tout seul, je ne sais pas faire grand-chose" avoue en riant celui qui fut pourtant une idole des stades. "Mais j'ai cette capacité à rassembler des équipes et les faire atteindre leurs objectifs."
De l'usine de fraisage à la gloire sportive, Sébastien Chabal a appris que la force du groupe primait. Une évidence dans le rugby, qu'il a su transposer dans les affaires pour rebondir après quelques échecs. Son tournant date de 2019 quand il rachète Ruckfield, la marque de vêtements de rugby dont il était l'égérie. Aujourd'hui, l'entreprise emploie 40 salariés et réalise 16 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Parallèlement, le Drômois est business angel dans des start-up de la biotech à la proptech, prouvant sa curiosité et son fort engagement. "C'est quelqu'un d'extrêmement impliqué et minutieux dans son rôle de dirigeant" salue un proche. Le secret d'une telle réussite pour ce sportif d'exception ? "Accepter la fin de sa carrière, puis ne pas attendre qu'on vienne vous chercher" conseille l'intéressé. Son leitmotiv : "Aide-toi et les autres t'aideront."
Washington Post, When plant foods are ultra-processed, the health benefits disappear, 10/06/2024
Une nouvelle étude publiée dans The Lancet Regional Health-Europe remet en question les supposés avantages d'un régime alimentaire à base de plantes. Les chercheurs ont découvert que la consommation d'aliments ultra-transformés dérivés de végétaux, tels que les substituts de viande, les jus de fruits et les pâtisseries, augmente le risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral. L'étude, menée auprès de 118 000 adultes suivis pendant près d'une décennie dans le cadre de la UK Biobank, a révélé des conclusions alarmantes. Chaque augmentation de 10% des calories provenant d'aliments ultra-transformés d'origine végétale était associée à une probabilité accrue de 5% de développer une maladie cardiovasculaire et de 6% de souffrir d'une coronaropathie. À l'inverse, une hausse de 10% de la consommation d'aliments végétaux peu transformés, comme les fruits, les légumes, les céréales complètes et les noix, réduisait de 8% le risque de coronaropathie et de 20% le risque de décès par cette cause. Le risque de mourir de maladies cardiovasculaires diminuait également de 13%.
Selon Fernanda Rauber, auteure principale de l'étude, les saveurs artificielles et intenses de ces produits peuvent rendre les gens accros, les empêchant d'apprécier les saveurs naturelles des fruits et légumes. Le traitement industriel élimine les nutriments bénéfiques, les remplace par du sel, du sucre et des graisses, et détruit la structure interne des aliments, ce qui accélère leur absorption et diminue la satiété.
De nombreuses études antérieures ont déjà lié la consommation d'aliments ultra-transformés à une mortalité précoce et à un risque accru de plus de 30 affections, notamment le gain de poids, l'obésité, le cancer, le diabète et les maladies cardiaques. Un groupe d'experts envisage d'inclure une mise en garde contre ces produits dans la prochaine édition des recommandations alimentaires américaines.
Bien qu'un régime à base de plantes soit généralement sain, cette étude souligne l'importance de privilégier les aliments végétaux peu transformés. Comme le conseille Fernanda Rauber, lisez attentivement les listes d'ingrédients et évitez les produits contenant des colorants, des édulcorants, des exhausteurs de goût et d'autres additifs que vous n'utiliseriez pas chez vous.
Modern Retail, TikTok has ignited a cottage cheese renaissance, 12/06/2024
Laissé pour compte ces dernières années au profit du yaourt, le cottage cheese connaît un formidable regain de popularité porté par les réseaux sociaux, et TikTok en tête. Avec plus d'un demi-milliard de vues sur le hashtag #cottagecheese, l'application est en effet devenue une vitrine pour des recettes créatives à base de ce fromage frais riche en protéines, des flatbreads aux glaces maison.
Les internautes se sont rués pour reproduire ces préparations healthy, dopant les ventes du produit. Selon les données de Circana, celles-ci ont grimpé de 13,5% en un an pour atteindre 1,33 milliard de dollars en mai dernier. Le cottage cheese est même devenu le 3e segment le plus dynamique du rayon laitier. Cette frénésie profite aux acteurs établis comme la marque Daisy, leader qui a annoncé une nouvelle usine de 626 millions de dollars. Mais aussi aux challengers comme la start-up Good Culture, désormais 2e marque la plus vendue derrière Daisy après avoir dépassé Breakstone's.
En mai, les ventes de Good Culture ont bondi de 96,6% sur un an grâce à la demande accrue en rayon. Un essor nourri par les contenus viraux dont le produit a été la star en 2023, des recettes de glaces au pudding en passant par les pancakes. "Depuis que le cottage cheese est devenu tendance l'an dernier, nous avons mis plus de ressources sur le digital" explique Jesse Merrill, co-fondateur de Good Culture. L'entreprise a notamment noué des partenariats avec des influenceurs pour des recettes originales et relayé les créations des internautes.
Une stratégie payante puisque son taux d'engagement sur les réseaux sociaux a grimpé de 172% en 2023. Good Culture prévoit d'ailleurs d'investir davantage avec une campagne dédiée baptisée "The Obsession is Real". Cette nouvelle visibilité redore aussi le blason des marques historiques comme Breakstone's. Rachetée en 2020, celle-ci a relancé ses comptes sociaux en 2023, atteignant désormais 5.700 abonnés sur Instagram avec une croissance d'engagement de 1.200% en 90 jours.
Le cottage cheese, aliment diététique un temps démodé, trouve ainsi une seconde jeunesse en s'imposant comme l'ingrédient healthy, polyvalent et gourmand par excellence. Et entend bien surfer sur cette vague aussi longtemps que TikTok lui en donnera l'élan.
Forbes, How Bread Ahead Created A Donut Empire, 07/06/2024
Depuis sa création en 2013, Bread Ahead, initialement une petite échoppe de donuts, est devenue une véritable icône culinaire à Londres, attirant même des visiteurs tout juste sortis de l’aéroport, valise à la main, pour goûter à ses célèbres douceurs. Le magasin phare, Bread Ahead Borough, peut vendre plus de 1 000 donuts Crème Brûlée en une seule journée, ce qui témoigne de l’énorme succès de l’enseigne.
Fondée par Matthew Jones, un ancien chef ayant travaillé avec des figures renommées telles que Shaun Hill et John Torode, Bread Ahead est née d’un désir de combler le manque de donuts de qualité au Borough Market, un lieu incontournable pour les amateurs de bonne cuisine à Londres. Après avoir dirigé une autre boulangerie, Flour Power City, Jones s’est lancé dans cette nouvelle aventure avec une gamme limitée de produits, misant sur des ingrédients de saison et des saveurs classiques.
Malgré des débuts modestes, l’approche de Jones - alliant qualité des produits et interaction chaleureuse avec les clients - a porté ses fruits. “Parler aux gens est important; je suis un bon boulanger et chef et j’ai toujours aimé échanger avec les clients,” dit-il. Cette philosophie a permis à Bread Ahead de se faire un nom et d’expérimenter de nouvelles saveurs, attirant continuellement de nouveaux clients.
L’expansion de Bread Ahead ne s’est pas faite sans défis. Jones évoque la difficulté de convaincre les fournisseurs, les banques et les propriétaires au début. “Quand vous êtes une start-up, il est difficile de se faire prendre au sérieux. Maintenant, après plus de dix ans d’activité, tout le monde veut être mon ami,” admet-il. L’entreprise a également utilisé les réseaux sociaux à son avantage, avec un compte Instagram passant de 10 000 à plus de 357 000 abonnés durant la pandémie. Une simple publication peut entraîner une file d’attente de 200 personnes le jour même.
Les écoles de boulangerie de Bread Ahead, offrant des ateliers variés de pâtisserie, ont également rencontré un succès immédiat, soulignant l’attrait de la marque. “Les clients étaient toujours curieux de savoir comment les choses étaient faites, ce qui m’a poussé à créer un environnement pour leur montrer,” explique Jones. Malgré la pression constante de gérer une entreprise en pleine expansion, Jones ne montre aucun signe de ralentissement. “Je veux un déploiement global complet. Devenir une marque mondiale. Toucher les quatre coins du monde,” déclare-t-il.
Avec des plans ambitieux d’ouverture de 35 nouveaux points de vente au Moyen-Orient dans les trois prochaines années et une popularité croissante, Bread Ahead semble prêt à conquérir le monde, un donut à la fois.
Fast Company, Just the idea of future bad weather makes your food more expensive, 13/06/2024
On sait que le changement climatique aura un impact majeur sur les coûts alimentaires à long terme. Mais les économistes observent désormais que même la simple perspective d'un événement météorologique extrême peut provoquer des hausses de prix à court terme. La raison? Les prévisions défavorables, qu'il s'agisse de canicules, ouragans ou sécheresses, poussent les industriels à anticiper des perturbations sur la chaîne d'approvisionnement et des pénuries de matières premières. Pour se prémunir contre ces risques, ils n'hésitent pas à augmenter dès à présent les prix à la distribution. "La discussion sur les risques climatiques pour la chaîne alimentaire repose sur des probabilités" explique Seungki Lee, économiste à l'Université d'État de l'Ohio. "Même s'il n'y a finalement pas de choc météo majeur, les hausses seront déjà répercutées."
Ce phénomène pourrait s'amplifier avec la multiplication des événements extrêmes liés au réchauffement climatique. Une seule vague de chaleur localisée ne suffisait pas autrefois à perturber les approvisionnements. Mais les catastrophes simultanées sur des zones cruciales pour l'agriculture mondiale deviennent la norme. C'est ce qu'a montré la sécheresse historique de 2022 sur le bassin du Mississippi, artère vitale pour l'exportation des céréales et du bétail américains. En entravant la navigation, elle a fait flamber les coûts du transport fluvial et des matières premières agricoles comme le maïs, poussant in fine les prix à la consommation.
Si les programmes d'aides ciblées permettent encore d'amortir le choc, les experts préviennent que le système pourrait atteindre ses limites face à une multiplication des chocs climatiques "sans précédent". L'année 2024 s'annonce particulièrement à risque avec le retour annoncé d'un épisode La Niña, synonyme de sécheresses dans les grandes plaines céréalières américaines. Une nouvelle menace sur l'approvisionnement en céréales, viandes et volailles qui pourrait se traduire par une nouvelle poussée inflationniste en rayons.
Dans un monde de plus en plus soumis aux événements météorologiques extrêmes, l'essentielle chaîne alimentaire mondiale semble désormais fragilisée. Et la hausse des prix n'en serait qu'un premier signal d'alerte.
New York Times, What’s Behind TikTok’s Beef With Chipotle?, 09/06/2024
Autrefois vantée pour ses généreuses portions "californiennes", la chaîne de restauration rapide Chipotle essuie désormais les critiques de ses jeunes clients sur TikTok. Ils l'accusent de servir des portions de plus en plus faméliques, alors que les prix augmentent. Ces dernières semaines, la fronde a pris de l'ampleur sur le réseau social. Des vidéastes influents comme Keith Lee (16 millions d'abonnés) ou Drew Polenske ont dénoncé les misérables "4 morceaux de poulet" servis dans leurs bols à 12 dollars. Polenske est même allé jusqu'à appeler ses fans à boycotter Chipotle sur son appli mobile et à quitter les restaurants sans payer en cas de portion insuffisante. Une stratégie de "protestation pacifique" suivie par l'influenceur Isaac Francis, filmant son départ sans régler la note.
D'autres conseillent de filmer délibérément les employés, partant du principe que la surveillance les pousserait à remplir davantage les portions. Une pratique qui a suscité l'indignation sur les réseaux sociaux, certains y voyant du harcèlement à l'encontre des équipes en salle. Face à l'ampleur de la polémique, le PDG Brian Niccol a dû monter au front, assurant dans une vidéo que les portions n'avaient pas diminué. Peine perdue : son conseil de faire un signe discret pour en obtenir davantage a encore attisé les moqueries.
Si Chipotle réfute tout changement de politique, les accusations de "petit-portionnisme" trouvent un terreau fertile auprès d'une jeune clientèle qui a connu la chaîne à une époque plus généreuse et se sent aujourd'hui flouée. Entre revendications légitimes et combats de boutonneux, cette guérilla en ligne divise. Mais elle remet en cause l'un des principaux arguments de vente de l'enseigne : son rapport qualité-quantité-prix supposément imbattable. Une faille dans son positionnement qui pourrait coûter cher à long terme. Cet incident montre également le poids (et le melon) disproportionné qu’ont pris certains influenceurs food.
Inc, Starbucks Studios to Offer Content Outside the Coffee Cup, 11/06/2024
La célèbre chaîne de cafés s'apprête à diversifier ses activités dans un domaine a priori éloigné de son cœur de métier : la production de contenus vidéo. Avec Starbucks Studios, l'entreprise ambitionne de "produire des divertissements originaux et raconter des histoires" selon son annonce. S'il reste flou sur la nature exacte des programmes, Starbucks indique vouloir "approfondir les connexions et susciter des conversations" auprès du public, en mettant en lumière "les histoires et les personnes qui nous inspirent".
L'initiative prend la forme d'un partenariat avec la société de production Sugar23, fondée par le producteur oscarisé Michael Sugar. Un signal fort de l'ambition de marque de Starbucks avec ce virage dans l'entertainment. Car derrière cette stratégie se cache un enjeu crucial pour l'enseigne : conquérir la génération TikTok et Instagram, ces jeunes consommateurs "branchés, socialement engagés et naturellement anticonformistes" selon les termes de Forbes.
En s'attaquant au médium vidéo plébiscité par la Gen Z, particulièrement sensible aux contenus forts en storytelling, Starbucks espère réaffirmer son positionnement auprès de cette cible et renforcer son rayonnement. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que la marque explore ce territoire : dès 2016, elle avait lancé la série Upstanders pour célébrer "la compassion, la citoyenneté et la civilité". Des valeurs en phase avec la conscience sociale et environnementale chère aux nouveaux consommateurs.
Avec Starbucks Studios, le groupe semble donc décidé à aller plus loin dans cette voie, en proposant ses propres créations originales pour nourrir son lien avec son public, et plus particulièrement les plus jeunes. Une stratégie payante ? L'avenir le dira mais les marques ne pourront de toute façon bientôt plus faire l'impasse sur ce type de contenus pour exister pleinement dans le paysage médiatique de demain.
The Guardian, The man who warned us about UPFs: Michael Pollan on his 25-year fight with the food industry, 06/06/2024
Dans un entretien avec Zoe Williams pour The Guardian, Michael Pollan, auteur de best-sellers comme Le Dilemme de l'omnivore, revient sur son combat de 25 ans contre l'industrie agroalimentaire américaine. Son documentaire oscarisé Food, Inc en 2008 avait déjà dénoncé les horreurs de l'agriculture industrielle aux États-Unis. La suite, Food, Inc 2, montre que les mastodontes de l'agroalimentaire n'ont aucune intention de desserrer leur emprise.
Le film met en lumière les effets dévastateurs sur la santé des aliments ultra-transformés, qui interfèrent avec le cerveau et la capacité du corps à digérer la nourriture. Pollan avait pourtant averti depuis des décennies contre ces produits transformés, avec son mantra "Mangez de la vraie nourriture, pas trop, surtout des plantes". La pandémie de Covid-19 a exacerbé les fragilités du système alimentaire américain hyper-centralisé. Les pénuries dans les supermarchés et l'euthanasie massive de porcs ont choqué les consommateurs, habitués à l'abondance. L'influence politique des géants de l'agroalimentaire leur permet d'être largement exemptés des réglementations sur le travail et le bien-être animal.
Malgré l'attention portée à ses livres, Pollan admet avec regret que peu a changé, les forces en jeu étant plus puissantes qu'anticipé. Les boycotts organisés de consommateurs restent un levier, mais les politiques publiques privilégient la surproduction au détriment de la santé. L'auteur demeure optimiste sur les alternatives de viande de synthèse, tout en soulignant les risques sanitaires de ces produits ultra-transformés. Après 25 ans de combat, il appelle à plus de précaution face à l'hubris de l'industrie agroalimentaire.
Financial Times, How French fine dining ate New York, 10/06/2024
La haute gastronomie française fait un retour remarqué à New York. Après une période où celle-ci semblait décliner au profit de la cuisine italienne, coréenne ou d'un style d’auteur plus avant-gardiste, les restaurants new-yorkais les plus en vogue actuellement remettent au goût du jour les classiques de la gastronomie française. Ce regain s'explique par un intérêt renouvelé pour les luxes rétro et les plaisirs familiers, couplé à un déclin de la cuisine très conceptuelle servie par des chefs stars. De grandes enseignes mythiques comme Le Veau d'Or, qui avait fermé en 2019 après 82 ans d'existence, font leur grand retour cet été sous l'impulsion de chefs comme Lee Hanson et Riad Nasr.
Daniel Boulud a rouvert son Café Boulud dans un somptueux nouvel écrin et lancé Maison Barnes (en partenariat avec l’agence immobilière de luxe), un restaurant d'inspiration belle époque proposant des mets luxueux comme un poulet rôti présenté avec des pinces de homard. Andrew Carmellini, de son côté, sert à son Café Carmellini des plats riches et travaillés dans la pure tradition française. Jean-Georges Vongerichten, lui, s'est inspiré du paquebot Normandie pour son restaurant Four Twenty Five, confié au chef Jonathan Benno. "A New York, les gens auront toujours un appétit pour le luxe", souligne ce dernier. L'automne verra l'ouverture de “Chez Margaux” par Vongerichten, puis de “Chez Fifi” en été, un bistrot classique des frères Foulquier.
Après une période de vaches maigres, la cuisine française haut de gamme et généreuse semble donc redevenir une valeur sûre pour les restaurateurs new-yorkais.
Ipsos, Les nouvelles attentes des Français en matière de restauration, 06/06/2024
L’étude met en lumière les nouvelles attentes des Français en matière de restauration. Quelques points à retenir :
Les Français continuent de valoriser les sorties au restaurant malgré des défis économiques, en privilégiant des expériences culinaires uniques et mémorables.
39% des Français sont allés au restaurant au moins une fois par mois au cours de l’année écoulée.
69% des Français recherchent des expériences inédites lorsqu’ils vont au restaurant, ce qui est le critère principal qui les motive à fréquenter ces établissements.
La gastronomie est perçue comme un art, avec les chefs considérés comme des artistes, soulignant une attente élevée en matière de qualité et de créativité culinaire.
Bien que les Français aient réduit leurs dépenses liées à la restauration par rapport à il y a cinq ans, la fréquentation des restaurants reste une habitude importante.
Opinion Way, Les Français et la consommation de fromages, Mai 2024
L’étude d’OpinionWay pour l’Académie Phormos sur la consommation de fromage par les Français en mai 2024 révèle plusieurs tendances et insights importants.
Elle montre que les Français restent de grands amateurs de fromage, qui demeure une composante essentielle de leur patrimoine culinaire et culturel. Cependant, leurs habitudes de consommation évoluent vers des pratiques plus responsables et locales.
Elle note une tendance croissante vers le locavorisme. Ce mouvement encourage la consommation de produits locaux pour réduire l’empreinte écologique, diminuer le gaspillage alimentaire et soutenir les producteurs locaux. Environ 62% des Français estiment que les efforts pour consommer localement sont cruciaux pour la réduction de l’impact environnemental des enseignes .
Les Français montrent une certaine méfiance envers les démarches écologiques des enseignes. Seulement 14% pensent que ces efforts sont sincères, bien que 81% jugent ces initiatives indispensables pour lutter contre la crise environnementale .
Face aux nouveaux modes de consommation, notamment le végétalisme, des alternatives comme les “vromages” (fromages végétaliens) sont de plus en plus populaires. Ces substituts à base de plantes répondent à une demande croissante pour des options alimentaires sans produits d’origine animale .
Le mouvement Slow Food, qui promeut une alimentation de qualité respectant les traditions et la biodiversité, gagne du terrain en France. Ce mouvement s’oppose à la “malbouffe” en valorisant les produits locaux et de saison .
Un épisode très intéressant avec Thierry Cotillard, le président des Mousquetaires.
Il y évoque notamment
Comment fonctionne un supermarché
Les coulisses des négociations avec les marques : des mastodontes aux PME
Le système de marge, qu’est ce qui revient vraiment à qui ?
La structure chez Les Mousquetaires
Comment racheter une enseigne et être rentable ?
L’importance des employés, quid des caisses automatiques ?
Le rôle politique, économique et social de la grande distribution
Un épisode avec Maxime Gaffory, co-fondateur de Basis, un concept autour de ce sandwich, sur les codes du fast-casual.
L’épisode aborde notamment la qualité de sourcing, les recettes originales, les décors travaillés, les réseaux sociaux, mais aussi le retour aux fondamentaux du métier de maître kebabier. Sans oublier l'éclairage de Mehmet Agva, dirigeant de Carré d'As, et partenaire de la première heure de Basis sur ses approvisionnements en viande fraîche.
J’ai vu passer sur les réseaux sociaux cette superbe carte qui recense quasiment toutes les spécialités culinaires françaises ville par ville et qui a été scannée en HD par Gallica (mais je ne me rappelle plus qui l’avait postée…).
Qu’est ce qu’on fait?, Vers une alimentation saine et durable : quelle est l’assiette idéale ?
Une infographie animée intéressante et détaillée sur l’alimentation durable réalisée par le site Qu’est ce qu’on fait. Comptez tout de même une vingtaine de minutes pour arriver au bout.
C’est tout pour aujourd’hui.
Si vous appréciez cette newsletter n’hésitez pas à la partager.
Et si vous voulez vous pouvez même me payer un café ;-)
A la semaine prochaine!
O. Frey