🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2024-20
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Les Échos, Hermé, McDonald's, Palais des thés… : ces nouveaux concepts du commerce de bouche, 27/05/2024
Le Figaro, Le groupe Fauchon annonce son rachat par le breton Galapagos, 28/05/2024
Modern Retail, Food conglomerates are embracing high-protein breakfast items, 29/05/2024
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Les Echos, Pourquoi les Français aiment-ils tant les fast-foods ?, 29/05/2024
En 2023, le chiffre d'affaires des chaînes de restauration, fast-foods compris, a franchi pour la première fois le cap des 20 milliards d'euros selon l'étude du cabinet Food Service Vision. Un bond de 8% par rapport à 2022, porté principalement par la formidable ascension des fast-foods (+30% de chiffre d'affaires entre 2019 et 2023).
Si l'inflation a indéniablement pesé dans la croissance de 2023 en poussant les consommateurs à se tourner vers des offres bon marché, les fast-foods cartonnent durablement dans l'Hexagone. À commencer par l'emblématique McDonald's, arrivé début des années 70, dont la France est désormais le second marché après les États-Unis. Contre toute attente, la firme à l'origine sceptique sur son potentiel de développement au pays de la gastronomie, exploite aujourd'hui plus de 1.500 restaurants en France, avec 2 millions de clients quotidiens. Un succès que McDonald's doit notamment à ses efforts d'adaptation, multipliant les produits spécifiquement développés pour séduire les papilles françaises plus exigeantes.
Dans cet eldorado, le burger reste la star incontestée avec près de 9 milliards d'euros de ventes l'an passé. Derrière McDo, d'autres acteurs majeurs comme Burger King, revenu dans l'Hexagone en 2012 après un départ avorté dans les années 80, tirent leur épingle du jeu. Avec déjà près de 500 restaurants ouverts en un peu plus de 10 ans, la marque a su capter l'air du temps, capitalisant sur une communication très visible et incisive sur les réseaux sociaux.
Au-delà du burger, d'autres produits continuent de séduire les Français comme le sandwich, le poulet frit ou la pizza. De nouvelles tendances émergent aussi portées par les "digital natives", à l'image du phénomène du bubble tea. Les marques n'hésitent plus à multiplier les partenariats avec les stars des réseaux sociaux pour booster leur visibilité.
Malgré la défiance d'une partie de l'opinion publique, les Français semblent donc développer un irrésistible appétit pour ces temples de la consommation à l'américaine. Un succès paradoxal que les spécialistes attribuent à la faculté des fast-foods à allier efficacité du modèle anglo-saxon et exigences culinaires françaises, tout en s'adaptant aux nouveaux modes de consommation plus nomades et à la recherche de gain de temps. Signe de cette formidable appétence hexagonale, tandis que les fast-foods n'ont jamais essaimé aussi vite sur le territoire avec près de 3.000 ouvertures l'an passé, les chaînes de restauration traditionnelle, à l'instar de l'enseigne emblématique Courtepaille, ont fermé des centaines d'établissements. La mal bouffe a de beaux jours devant elle en France.
Libération, Dans le Pays basque, une truite d’élevage qui se la coule douce, 25/05/2024
Dans une vallée verdoyante du Pays basque, la ferme aquacole Banka fait figure d'exception. Sur ce domaine ancestral installé sur un ancien moulin du XVIIIe siècle, Michel Goicoechea perpétue la tradition familiale en élevant ses truites dans des conditions privilégiées, loin des pratiques controversées de l'industrie."Nos truites ne sont pas constamment stressées par les mouvements humains", souligne le sexagénaire. Une production confidentielle de 70 tonnes par an, loin des volumes industriels, mais qui séduit les plus grandes tables de la région.
De la ferme au restaurant en passant par la vente directe, tout est pensé pour préserver le bien-être des salmonidés. "Il faut quatre ans pour que les truites passent du premier au dernier bassin", explique Michel Goicoechea avant l'abattage réalisé dès l'aube sur les plus âgés. Une approche à contre-courant d'un secteur aquacole souvent décrié, entre surpêche et conditions d'élevage parfois déplorables. Loin de ces dérives, les truites de Banka évoluent au contraire dans un espace de vie privilégié, avec un volume de 15 à 24 kg par mètre cube, contre 140 kg souvent constatés dans l'industrie. L'alimentation est également au cœur des préoccupations avec une diète réduite pour garantir la fermeté de la chair. "Tous les êtres vivants devraient se nourrir peu mais bien", philosophe l'éleveur, qui teste actuellement un régime à base de vers de farine pour réduire la part des farines animales. Une démarche éthique pour un poisson réputé plus durable que le saumon ou la morue.
Bien que très convoitée par les chefs étoilés du Sud-Ouest, la ferme conserve des volumes modestes pour un élevage artisanal viable. "À un si faible volume, impossible de survivre sans multiplier les activités", explique Michel Goicoechea, qui mise aussi sur l'accueil du public (40 000 visiteurs par an). Car rien ne se perd chez les Banka. Même les écailles de truites sont récupérées pour en faire du cuir haut de gamme très prisé dans la maroquinerie de luxe. Une activité de diversification supplémentaire qui permet de valoriser l'intégralité de la production.
Face aux menaces du réchauffement climatique et d'épisodes extrêmes mettant en péril son cheptel, l'exploitant se veut cependant rester prudent. "Quant à savoir si manger de la truite est éthique, seuls les petits élevages traditionnels comme le nôtre sont garants d'une agriculture raisonnée", conclut-il.
Les Échos, Hermé, McDonald's, Palais des thés… : ces nouveaux concepts du commerce de bouche, 27/05/2024
Les enseignes de la restauration et les commerces de bouche multiplient les nouveaux formats dédiés à un produit ou un univers spécifique. Une diversification payante pour capter de nouvelles clientèles.
Dans le 9e arrondissement de Paris, Pierre Hermé vient d'inaugurer "Infiniment Chocolat", sa première boutique entièrement consacrée au chocolat. Fini les macarons et autres pâtisseries qui ont fait sa renommée, ici le cacao est roi. Au cœur d'un écrin digne des grands joaillers, il s'offre sous toutes ses formes dans des présentations inédites. "Cette boutique permet de déployer nos gammes chocolats, d'introduire des créations et de proposer pour la première fois à nos clients de composer leurs propres coffrets", explique Pierre Hermé. Un "rêve" longtemps caressé pour mettre en lumière ce produit phare de la maison.
Chez Palais des thés aussi, on franchit un cap avec l'ouverture d'un concept inédit : "L'Atelier du vrac". Exit ici les sachets de thé prêts à infuser si populaires pour se concentrer sur le geste du vrac, "à la fois gustatif, économique et écologique". "Les gens sont prêts à changer leurs habitudes, portés notamment par le télétravail et le temps repassé à la maison", analyse François-Xavier Delmas, le fondateur de l'enseigne qui compte déjà 125 boutiques en France et à l'international. Le premier test semble concluant puisqu'un tiers des clients vient déjà avec ses propres contenants. Seul bémol, ce concept requiert davantage de personnel en raison du temps de pédagogie nécessaire auprès des clients novices. Après 6 mois d'évaluation, l'enseigne prévoit d'ouvrir 4 boutiques de ce type dans les 2 ans.
Un phénomène de diversification qui gagne tous les secteurs de la restauration, des boulangeries aux fast-foods. "Les concepts dédiés à un produit ou univers spécifique représentent une vraie façon d'innover et d'apporter de l'agilité", souligne Philippe de Mareilhac, président de l'agence MV Design.
Les chaînes de boulangeries ne sont pas en reste à l'image de Paul Le Café, déclinaison de Paul sur le modèle du "coffee shop" à la française, ou d'Ange Coffee, émanation de l'enseigne Ange tournée vers le snacking sucré. Même le géant McDonald's s'y met avec le lancement de CosMc's, un concept tourné vers les boissons signatures, desserts et sandwiches inédits. Fini le burger ici, seules quelques références cultes comme l'Egg McMuffin matinal seront proposées. Visant d'abord la génération Z, le premier établissement a ouvert en décembre dernier aux États-Unis. Une dizaine d'autres devraient suivre d'ici fin 2024 pour ce test grandeur nature qui pourrait bien remodeler l'empire du fast-food.
"Ces concepts complémentaires visent à séduire de nouveaux publics avec une offre plus premium ou dédiée. Ils permettent aussi de mieux répondre aux nouvelles attentes des consommateurs en termes de produits mais aussi d'expérience client", analyse Véronique Garnault, experte chez NellyRodi.
Le Figaro, «Frenchwashing» : UFC que choisir porte plainte contre un poids lourd du marché du miel pour «pratique commerciale trompeuse», 29/05/2024
L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a annoncé, ce mercredi 29 mai, avoir déposé une plainte contre l’entreprise Famille Michaud Apiculteurs pour « pratique commerciale trompeuse ». Cette accusation repose sur une prétendue survalorisation de l’origine française des produits de l’entreprise. Selon l’association, les emballages mettent en avant l’origine française et pyrénéenne du miel, alors qu’une grande partie de celui-ci provient de pays tels que la Hongrie, l’Ukraine, la Bulgarie, l’Espagne, voire même l’Argentine ou le Vietnam.
UFC-Que Choisir critique également la manière dont l’origine exacte des miels est indiquée, souvent en petits caractères à l’arrière des pots ou sur le capuchon, et utilisant des abréviations peu compréhensibles. En réponse, Marie Michaud, directrice générale de l’entreprise, a contesté ces allégations et annoncé préparer une action contre UFC-Que Choisir pour dénonciation calomnieuse. Elle assure que l’entreprise indique clairement les origines des miels conformément à la réglementation et garantit la qualité de ses produits.
Ce n’est pas la première fois que Famille Michaud Apiculteurs est accusée de « frenchwashing ». En janvier dernier, des agriculteurs avaient intercepté un camion transportant des barils de miel ukrainien destinés à l’entreprise, suscitant la polémique sur les réseaux sociaux. Famille Michaud avait alors confirmé que ce miel était destiné à sa marque Lune de Miel, précisant que l’origine des miels est toujours indiquée sur les pots et leur site internet.
Depuis avril 2022, un décret oblige les entreprises commercialisant du miel en France à indiquer les noms des pays d’origine des mélanges de miels lorsque ceux-ci sont conditionnés sur le territoire national.
L’Usine Nouvelle, Le groupe agroalimentaire LDC négocie le rachat du producteur de produits traiteur Pierre Martinet, 30/05/2024
Le groupe LDC, spécialiste français de la volaille, a annoncé être en négociation exclusive pour acquérir 100 % du capital du groupe Pierre Martinet, connu pour ses salades et plats traiteurs. Cette acquisition permettrait à LDC de renforcer sa position sur le marché traiteur, où il est déjà présent avec la marque Marie.
Pierre Martinet, fondé en 1968, a réalisé un chiffre d’affaires de 230 millions d’euros en 2023 avec une production de 80 000 tonnes. Le groupe emploie 700 personnes réparties sur cinq sites industriels en France, incluant les marques Pierre Martinet, La Belle Henriette et Maison Randy. La finalisation de cette acquisition permettrait à LDC d’ajouter 2,1 % de parts de marché à ses 5 % actuels détenus par la marque Marie dans le rayon frais, approchant ainsi les 7 %. En comparaison, Sodebo domine ce secteur avec 12 à 13 % de parts de marché.
Philippe Gélin, PDG de LDC, a précisé que la décision finale dépendra des audits des usines du groupe Pierre Martinet, qui seront effectués dans les semaines à venir. Parallèlement, LDC poursuit ses investissements dans la production de volailles pour augmenter ses volumes et offrir des prix plus compétitifs aux industriels et restaurateurs. Le groupe prévoit d’investir 200 millions d’euros d’ici 2026 pour l’innovation industrielle et l’augmentation des capacités de production, en réponse aux défis posés par la grippe aviaire.
LDC a déjà engagé 135 millions d’euros dans son projet “Niagara”, incluant une nouvelle ligne de découpe au jet d’eau à Mur-de-Bretagne et la construction d’une usine de charcuterie de volaille à Bignan, dont les travaux débuteront cette année. Boosté par l’inflation, le chiffre d’affaires de LDC a augmenté de 35 % en 2023-2024, atteignant 6,2 milliards d’euros, et le groupe vise 6,5 milliards d’euros pour 2024-2025, sous réserve de la finalisation des acquisitions en cours.
Cette stratégie d’expansion et de diversification, combinée à des investissements significatifs dans la production, positionne LDC pour renforcer sa présence sur le marché traiteur et volailles, tout en s’adaptant aux fluctuations du marché et aux défis sanitaires.
Le Figaro, Le groupe Fauchon annonce son rachat par le breton Galapagos, 28/05/2024
L’épicerie de luxe Fauchon, détenue par la famille Ducros depuis 2004, a été rachetée par le groupe breton Galapagos, connu pour ses marques de biscuits telles que Gavottes et Traou Mad. Samy Vischel, président de Fauchon Paris depuis 2018, a expliqué : « Nous connaissons la famille Tacquard depuis plusieurs années. Fauchon a connu des difficultés, mais depuis trois ans, ses résultats sont assainis. Fauchon fait partie du patrimoine français. Michel Ducros a toujours souhaité que l’entreprise reste dans les mains d’une famille française. Les Tacquard sont apparus comme le meilleur partenaire possible. »
Avec plus de 85 points de vente dans plus de 15 pays, Fauchon est également à la tête de deux hôtels cinq étoiles à Paris et à Kyoto, ainsi que d’une école de gastronomie ouverte à Rouen en 2022. Jérôme Tacquard, directeur général du groupe Galapagos, a déclaré : « Racheter Fauchon est une opportunité pour Galapagos de compléter notre passion pour le savoir-faire gastronomique. Nous aimons les marques de référence, qui ont su traverser les siècles. Notre volonté est de poursuivre et cultiver l’héritage de Fauchon. »
Galapagos prévoit de lancer un nouveau site internet pour Fauchon dans les mois à venir. Le réseau de boutiques sera également étendu avec de nouvelles épiceries, allant des corners aux boutiques en propre ou en partenariat avec des acteurs locaux. En parallèle, le groupe envisage l’ouverture de nouveaux hôtels, avec une dizaine d’adresses prévues d’ici 2030, dont la prochaine à Riyad. Cette acquisition par Galapagos s’inscrit dans une volonté de renforcer et de perpétuer l’héritage de Fauchon, tout en explorant de nouvelles opportunités de croissance et de développement dans le secteur du luxe et de la gastronomie.
Le Monde, Nature et peu alcoolisé, le cidre français a tout pour sa pomme, 27/05/2024
Le cidre français connaît une véritable renaissance. Longtemps relégué à une simple boisson pour accompagner les crêpes lors de la Chandeleur, il est aujourd’hui dégusté avec la même attention que le vin. Comme l’explique Virginie Thomas, sommelière bretonne et fervente défenseuse de cette boisson, « avant, on buvait du cidre, à présent, on le déguste ». La France voit ainsi émerger une nouvelle génération de cidriculteurs. Inspirés par les techniques vinicoles, ils introduisent des notions de millésime et d’assemblage, conférant au cidre ses lettres de noblesse. Cette boisson séduit les jeunes grâce à ses saveurs naturelles, son faible taux d’alcool (3 à 5 degrés) et ses méthodes de production souvent plus écologiques que celles du vin. Ce succès se traduit également par la multiplication des bars à cidre, à l’image de La Cidrerie à Paris.
Le marché mondial du cidre croît de 6 % par an depuis 2019. Des figures comme Jean-François Bougeant, propriétaire de La Mer à boire à Étretat, témoignent de cette évolution. Il explique « les cidres deviennent de plus en plus qualitatifs. En dix ans, nous avons triplé notre offre ». Le cidre français, composé uniquement de jus de fruits et sans ajout de sucre, se distingue de ses homologues européens. Avec 9 000 hectares de vergers, principalement en Bretagne et Normandie, la France est le premier producteur mondial de pommes à cidre.
Le lycée Le Robillard, à Saint-Pierre-en-Auge, forme depuis 1999 les futurs cidriculteurs. Frédéric Vieillard, responsable de cette formation unique, note une diversification des profils : agriculteurs, pharmaciens, et même des jeunes sortis d’écoles de commerce. Aujourd’hui, 500 producteurs en France cultivent et transforment leurs fruits, avec une proportion croissante en bio, passée de 10 % à 30 % entre 2017 et 2021. Par ailleurs, de nouvelles zones de production émergent en dehors des deux régions traditionnelles comme la Corrèze, la Savoie ou le Pays basque. Cependant, la majorité des cidres français sont encore produits de manière industrielle, avec des méthodes comme la gazéification et la pasteurisation. Les cidres naturels, avec des prises de mousse naturelle, représentent seulement 5 % de la production.
Virginie Thomas, après des années de dégustation à travers le monde, est devenue une experte reconnue. Son ouvrage, “Le Journal du sommelier. Le cidre”, est une référence dans le domaine. Elle promeut les accords mets-cidres, comme un cidre glacé avec du roquefort ou un cidre élevé en fût de Calvados avec un magret de canard.
Le Monde, Eric Bordelet, celui par qui le cidre devint gastronomique, 28/05/2024
Eric Bordelet, ancien sommelier, a révolutionné le monde du cidre en appliquant les critères d’excellence de la viticulture à ses produits. Situé en Normandie, il a transformé le cidre et le poiré en boissons gastronomiques appréciées dans les restaurants étoilés. Fils d’agriculteurs mayennais, il a débuté sa carrière dans le service après des études à l’école hôtelière de Granville. Il a travaillé dans des établissements renommés à Paris avant de se passionner pour le vin grâce à des rencontres déterminantes, notamment avec Didier Dagueneau. Influencé par ces vignerons, il décide de transposer leurs techniques au cidre et au poiré.
En 1992, il crée sa cidrerie à Charchigné, en Mayenne, dans les anciennes dépendances du château de Hauteville. Dès le début, son ambition est de produire des cuvées de garde, un objectif qu’il mettra quinze ans à atteindre. Aujourd’hui, ses cidres et poirés sont reconnus pour leur qualité et leur capacité de vieillissement. Il privilégie une récolte manuelle et sélective, ne choisissant que des fruits tombés naturellement à maturité. Il utilise des levures indigènes et suit une méthode de fermentation inspirée des techniques champenoises d’Anselme Selosse. Ses produits phares, le cidre Argelette et le poiré Granit, se distinguent par leur complexité aromatique et leur aptitude au vieillissement.
Fidèle à ses convictions, il exploite l’effet millésime de ses cuvées, offrant des expériences gustatives uniques. Par exemple, comparer un Granit 2022 avec un millésime 2003 révèle des évolutions surprenantes et plaisantes des arômes. Fatigué par sa quête d’excellence, il passe aujourd’hui le flambeau à ses enfants, Julien et Romane. Cependant, il n’abandonne pas ses passions et continue à innover. Il travaille sur la commercialisation de ses calvados distillés et sur la renaissance du cormé, une boisson ancienne élaborée à partir de cormes, qui séduit par ses notes florales et ses saveurs umami.
Green Queen, What Denmark’s Proposed Carbon Tax Could Mean for Farmers & Emissions, 28/05/2024
Le Danemark est un grand exportateur de porc et de produits laitiers, deux industries à forte empreinte carbone. Les Danois consomment également trop de viande, trois fois plus que les recommandations alimentaires récentes (350 g par semaine). Cette consommation excessive compromet les objectifs climatiques du pays, qui visent une réduction des émissions de 110 % par rapport à 1990 d’ici 2050, et la neutralité carbone d’ici 2045. Les émissions provenant de la consommation de bœuf représentent à elles seules 45 % de l’objectif de réduction des émissions du pays, et l’agriculture pourrait représenter 46 % de ses émissions totales d’ici 2030.
En octobre dernier, le Danemark est devenu le premier pays à introduire un plan d’action national pour une transition vers un système alimentaire à base de plantes. Cette stratégie inclut la formation des chefs à la préparation de repas végétaliens, un focus accru sur les régimes à base de plantes dans le secteur éducatif, l’expansion des exportations d’aliments végétaliens produits localement, et davantage d’investissements en R&D dans ce secteur.
Le pays envisage également d’introduire une taxe carbone sur la production agricole, ce qui suscite des préoccupations quant à la viabilité des exploitations agricoles. En février dernier, un groupe consultatif mandaté par le gouvernement danois a proposé cette mesure pour atteindre les objectifs climatiques du pays et les engagements de l’UE. Les experts ont recommandé une taxe de 750 couronnes (environ 100 euros) par tonne de CO2 émis, considérée comme le moyen le plus efficace de réduire les émissions agricoles, qui représentent 22,4 % de l’empreinte climatique totale du Danemark. Cette taxe pourrait aider le pays à atteindre son objectif légal de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 70 % d’ici 2030 (par rapport à 1990), ce qui permettrait de réduire de 2,4 à 3,2 millions de tonnes de CO2, selon le modèle de taxation adopté.
Stephanie Lose, ministre des Affaires économiques du Danemark, souligne l’importance de cette transition verte : « Il est crucial que nous mettions en œuvre la transition verte du secteur agricole de manière à garantir une industrie alimentaire compétitive à l’avenir, avec des potentialités économiques et des opportunités d’emploi. » Elle ajoute que le Danemark doit montrer au monde comment une transition verte économiquement durable peut être réalisée avec succès.
La taxe carbone est actuellement en phase de négociation politique, avec un accord attendu cette année, selon Torsten Hasforth, économiste en chef du think tank danois Concito. « Cet accord aura très probablement un élément de taxe, mais l’ampleur exacte reste incertaine ». Si cette proposition est adoptée, le Danemark deviendrait le premier pays à introduire une taxe carbone sur l’agriculture. Les producteurs de bovins et de porcs, qui pourraient perdre jusqu’à 20 % de leurs volumes de production, sont particulièrement concernés. Hasforth explique que l’impact sur l’économie sera limité car le secteur agricole emploie une petite proportion de la main-d’œuvre danoise. Cependant, il reconnaît que certains emplois seront perdus en raison de la consolidation et de l’amélioration de l’efficacité induites par la taxe. Pour compenser les pertes, le groupe d’experts propose des mesures telles que la reforestation et la réhumidification des tourbières, qui offriront un soutien indirect aux agriculteurs.
Modern Retail, Food conglomerates are embracing high-protein breakfast items, 29/05/2024
Un vent de changement souffle sur les rayons des supermarchés américains, porté par une appétence grandissante des consommateurs pour des repas plus nourrissants et équilibrés dès le matin. La tendance prend racine dans l'engouement actuel pour les régimes amaigrissants à base de médicaments comme l'Ozempic ou le Wegovy. Ces traitements encouragent la consommation d'aliments riches en protéines pour préserver la masse musculaire lors de la perte de poids. Mais au-delà, c'est un véritable engouement pour une alimentation plus saine qui stimule la demande, notamment au petit-déjeuner, traditionnellement dominé par des produits sucrés peu nourrissants.
Les grands noms de l'agrolimentaire se lancent dans une course effrénée pour proposer des versions plus riches en protéines de leurs produits phares du petit-déjeuner. C’est le cas de Kellanova avec sa nouvelle gamme Eggo bourrée de protéines, ou encore General Mills qui a revu la composition de ses céréales Wheaties pour en faire des concentrés de protéines. La start-up Cedar's Foods a aussi ajusté son positionnement marketing pour mettre en avant la richesse protéinée de ses produits comme le porridge Brekki.
Selon les analystes de Kantar, cette tendance amène les marques à revoir en profondeur leur stratégie produits pour capter ces nouveaux consommateurs en quête de nutriments. 42% des acheteurs recherchant des aliments plus sains disent vouloir trouver plus de produits riches en protéines en rayons. Un signal fort pour les industriels. "C'est poussé par les changements de mode de vie, analyse Colombe Bommelaer de Kantar. Les gens s'intéressent de plus en plus aux régimes spécifiques comme le keto, il y a un engouement pour une meilleure santé."
Le mouvement n'en est qu'à ses prémices selon les experts. Après les snacks protéinés et le petit-déjeuner, il devrait rapidement gagner d'autres rayons comme les plats préparés ou la restauration rapide. Nestlé vient ainsi de lancer une gamme de pizzas surgelées et pâtes enrichies aux protéines aux États-Unis. "Si un concurrent lance un produit et que vous ne répondez pas avec le vôtre, vous allez perdre des parts de marché, c'est certain. Vous voulez monter dans le train en marche très vite", prévient Colombe Bommelaer.
The Guardian, Liquid Death: the viral canned water brand killing it with gen Z, 28/05/2024
Liquid Death, la marque américaine d'eau qui fait un carton auprès des jeunes consommateurs vient de faire son arrivée au Royaume-Uni et l’article s’interroge sur les raisons de son succès fulgurant.
En soi, le produit n'a rien de révolutionnaire: il s'agit tout simplement d'une eau plate ou pétillante, parfois aromatisée, conditionnée dans une canette en aluminium au style punk/heavy metal. La clé de son succès auprès de la génération Z réside, selon les experts, dans un marketing ultra-percutant. À commencer par ce nom choc, "Liquid Death", qui détonne complètement dans les rayons des eaux minérales. Une stratégie payante puisque les canettes se retrouvent parfois malencontreusement rangées dans le rayon bières. La marque enchaîne également les coups d'éclat pour se faire connaître, comme lorsqu'elle a envoyé une "sorcière" maudire une équipe au Super Bowl depuis les tribunes. Un buzz garanti à chaque fois.
"L'appétit des consommateurs pour les marques rebelles est immense en ces temps moroses, et encore plus pour l'eau en bouteille où le secteur pâtit d'inquiétudes environnementales et de voix de marque trop ternes", analyse Alex Beckett, expert chez Mintel. Pour Megan Dorian, de l'agence Orange PR and Marketing, ces campagnes marketing guerilla séduisent particulièrement les jeunes de la génération Z, "qui valorisent les marques prêtes à repousser les limites et à les divertir". Outre son nom provoc, Liquid Death soigne aussi son image de marque écolo en vantant l'infinité recyclable de ses canettes en aluminium, sous le slogan "Mort au plastique". Un argument qui fait mouche auprès des consommateurs soucieux de leur impact environnemental.
La marque a aussi su créer une véritable communauté en s'associant à des événements culturels populaires comme les festivals de musique ou de sports extrêmes. "Liquid Death est devenu une marque lifestyle plus qu'une simple boisson", souligne Megan Dorian. Malgré ce phénomène de mode qui rencontre un franc succès, les analystes mettent en garde contre un potentiel essoufflement du concept. "Une attitude rebelle ne suffit pas sur le long terme. Au final, ce n'est que de l'eau, avec une marge de progression limitée. Le packaging punk peut facilement être copié par d'autres marques", prévient Jane Ostler de Kantar.
Financial Times, ‘Deny, denounce, delay’: the battle over the risk of ultra-processed foods, 23/05/2024
Malgré un nombre croissant d'études scientifiques alarmantes, les géants de l'agroalimentaire continuent de minimiser les effets néfastes des aliments ultra-transformés sur la santé. Une véritable guerre de tranchées oppose désormais chercheurs et industriels sur ce sujet brûlant.
Le concept d'"aliments ultra-transformés" a été défini il y a 15 ans par le nutritionniste brésilien Carlos Monteiro. Depuis, une somme croissante de recherches a établi des liens entre la consommation de ces produits enrichis d'additifs, arômes, édulcorants, etc. et les risques d'obésité, cancer et diabète. Une étude américaine de 2019 a même montré que les sujets nourris d'aliments ultra-transformés ingéraient 500 calories de plus par jour et prenaient du poids.
Face à cette menace existentielle pour leur modèle économique, les géants de l’agroalimentaire ont déployé une stratégie de contre-attaque massive. Tout droit sortie du manuel de l'industrie du tabac, elle consiste à "nier, dénoncer et retarder" selon un expert. Le poids financier des lobbies industriels est en effet colossal. Aux États-Unis, les dépenses de lobbying de l'agroalimentaire ont bondi de 21% entre 2020 et 2023 pour atteindre 106 millions de dollars, soit près du double des secteurs du tabac et de l'alcool réunis. Dans les départements universitaires d'études nutritionnelles, les financements versés par les industriels ont aussi proliféré pour "fabriquer le doute" selon les détracteurs. Au Royaume-Uni, 9 des 15 membres du comité scientifique officiel sur la nutrition entretenaient des liens d'intérêts avec des groupes alimentaires.
Autre tactique révélatrice : tenter de discréditer les recherches les plus accablantes en invoquant des biais méthodologiques ou des facteurs de confusion. L'industrie souligne aussi l'absence de définition juridique claire des "aliments ultra-transformés". "Notre préoccupation avec ce concept, c'est qu'il n'est lié ni aux recommandations nutritionnelles officielles ni aux régulations sanitaires, basées sur une science rigoureuse", argue la fédération britannique de l'agroalimentaire.
Les professionnels du secteur préfèrent mettre en avant leur engagement pour la "transparence" et la reformulation en cours de leurs recettes pour en réduire le sel, le sucre et les graisses saturées. Un argument qui ne convainc guère leurs détracteurs. "L'industrie essaie simplement d'apporter de la rationalité au débat. Le concept d'ultra-transformé a une tonalité anti-entreprises", défend David Chavern, président d'un puissant lobby américain. La bataille fait donc rage sur tous les fronts pour déterminer l'avenir de ce marché colossal. D'un côté, une opinion publique de plus en plus préoccupée, avec les deux tiers des Européens persuadés du caractère néfaste de ces produits selon un récent sondage. De l'autre, des multinationales aux ressources immenses qui comptent bien défendre chèrement leurs intérêts économiques.
"Le génie est sorti de la bouteille. L'industrie a besoin de trouver une position commune pour se défendre, sinon ce sentiment va prendre de l'ampleur et sera très difficile à arrêter", prévient un ancien lobbyiste agro-alimentaire britannique. Une bataille aux enjeux sanitaires et financiers titanesques.
The Guardian, I went a week without ultra-processed foods. Here’s what I learned, 22/05/2024
La journaliste Cecilia Nowell a décidé de relever le défi de se passer d'aliments ultra-transformés pendant une semaine. Un exercice rendu difficile par l'omniprésence de ces produits industriels dans les rayons des supermarchés.
Passer au crible les étiquettes nutritionnelles à la recherche d'options sans additifs, colorants, édulcorants et autres exhausteurs de goût s'est avéré une véritable gageure. Même les laits végétaux, qui semblaient une alternative saine, contiennent souvent des ingrédients caractéristiques des ultra-transformés. Au final, la journaliste a dû renoncer à son éternelle crème à café à base de soja pour entamer sa semaine d'abstinence. Elle a alors préparé ses repas à partir d'ingrédients bruts comme des légumes, des poissons, des œufs et des féculents non transformés.
Son premier constat ? L'option "saine" revient nettement plus cher. Compter 2 à 3 euros de plus pour une crème glacée artisanale par exemple. Un surcoût difficilement supportable pour de nombreux foyers, qui les contraint à privilégier les produits ultra-transformés, bien plus abordables. Derrière ce défi se cachait aussi une motivation personnelle. Diagnostiquée avec un polype précancéreux à 28 ans, Cecilia Nowell s'interroge sur le rôle potentiel des ultra-transformés dans l'augmentation inquiétante des cas de cancer du côlon chez les jeunes adultes.
Au fil de ses recherches, la journaliste est arrivée à la conclusion que ces produits industriels, formulés pour être hyper-appétissants, ne peuvent même plus être considérés comme de la "vraie" nourriture. Un constat renforcé par une définition de Wikipédia les qualifiant de "substances comestibles industriellement formulées". Si le changement d'alimentation ne lui a pas apporté de bénéfices notables après une semaine, l'expérience lui a permis de prendre conscience des défis auxquels sont confrontées les familles. Au-delà des considérations financières, la préparation de repas sains représente une importante charge de travail domestique, souvent supportée par les femmes.
À l'issue de ce défi, Cecilia Nowell ne rejette pas complètement les produits ultra-transformés, jugeant certains laits végétaux encore acceptables d'un point de vue environnemental et nutritionnel. Mais elle compte bien être plus vigilante sur leur niveau de transformation lors de ses prochains achats.
The Guardian, Orange juice makers consider using other fruits after prices go ‘bananas’, 29/05/2024
Les amateurs de jus d'orange vont devoir se préparer à une potentielle pénurie dans les rayons, voire à un remplacement par d'autres fruits. En cause, l'envolée historique des cours mondiaux de l'agrume qui fragilise la filière. Les prix de gros du jus d'orange ont en effet atteint un nouveau record de 4,95 dollars la livre cette semaine sur les marchés à terme. Une flambée spectaculaire liée aux craintes d'une récolte catastrophique au Brésil, premier exportateur mondial de la précieuse boisson.
Les producteurs brésiliens s'attendent en effet à voir leur production chuter de 24% cette année par rapport à 2022, à seulement 232 millions de caisses de 40,8 kg. Bien pire que les 15% anticipés initialement par les experts. En cause, une combinaison de facteurs météorologiques extrêmes comme des vagues de chaleur intense et de sécheresse durant la période cruciale de floraison, aggravés par la crise climatique. Sans oublier les ravages du huanglongbing, maladie véhiculée par un insecte piqueur qui rend les fruits amers avant de tuer les arbres.
"C'est une véritable crise à laquelle nous faisons face, une situation sans précédent que même les grands gels et ouragans n'avaient jamais provoquée", alerte Kees Cools, président de l'International Fruit and Vegetable Juice Association (IFU).
Le Brésil, qui assure 70% des exportations mondiales de jus d'orange, subit de plein fouet cette troisième mauvaise récolte d'affilée. Comme la Floride, autre grand bassin américain, minée par les ouragans à répétition et la propagation du huanglongbing. Cet enchaînement de récoltes déficitaires a vidé les stocks de jus surgelé qui permettaient autrefois d'amortir les pénuries. "Le secteur mondial du jus d'orange traverse une crise majeure, avertit François Sonneville, analyste chez Rabobank. L'industrie floridienne a quasiment disparu tandis que les orangeraies brésiliennes sont ravagées par la maladie, la hausse des coûts et des conditions météo déplorables."
Face à cette pénurie historique, les industriels n'auront d'autre choix que de se rabattre sur des jus de moindre qualité, créer des mélanges avec d'autres fruits comme la pomme, la mangue ou le raisin, ou tout simplement répercuter la hausse sur les prix à la consommation. L'IFU envisage même de réclamer un assouplissement des réglementations alimentaires de l'ONU pour permettre l'intégration d'agrumes autres que l'orange. Une piste qui divise, certains experts doutant de la viabilité d'intégrer la mandarine par exemple, faute d'infrastructures adéquates.
Quoi qu'il arrive, les problèmes d'approvisionnement risquent de persister. Le temps de replanter de nouveaux orangers, une période de 25 ans qui refroidit les ardeurs vu la chute actuelle de la demande, minée par la flambée des prix. "Il faut sérieusement réfléchir avant de planter un arbre pour les 25 prochaines années, alors que les prix pourraient rebaisser dès l'an prochain", prévient François Sonneville. Un avenir bien incertain pour le populaire jus d'orange.
Financial Times, The US consumer squeeze has not hit $18 salads yet, 28/05/2024
Hausse des prix, baisse de la fréquentation, les signaux sont au rouge pour la plupart des acteurs majeurs de la restauration américaine ce début d'année, contrairement à la France comme nous le mentionnions plus haut. Yum Brands (KFC), Darden Restaurants (Olive Garden) ou encore McDonald's ont tous fait état d'un repli de leurs ventes à magasins comparables au dernier trimestre.
Dans ce contexte morose, la chaîne de salades Sweetgreen fait presque figure de miraculée avec des ventes en hausse et un bond de plus de 190% de son cours de Bourse depuis janvier, dépassant même les géants de la tech comme Nvidia. Cava, la chaîne méditerranéenne introduite en Bourse l'an dernier, a vu sa valorisation doubler. Les chaînes "fast-casual" comme Sweetgreen, Chipotle ou Shake Shack réussissent en effet à tirer leur épingle du jeu grâce à leur positionnement sur le créneau premium et healthy. Un argument qui fait mouche auprès d'une clientèle aisée, moins impactée par la dégradation du pouvoir d'achat que les ménages modestes. Car le fast-food n'est désormais plus la solution la moins chère. Sous l'effet de l'inflation et des hausses de salaire, les grandes enseignes comme McDonald's ont dû répercuter ces hausses de coûts sur leurs prix. A New York, un menu Big Mac dépasse ainsi les 12 dollars.
Dans ces conditions, les 13 dollars pour un bol de riz à la viande ou les 18 dollars pour une salade chez Sweetgreen ne semblent plus si excessifs que par le passé. La différence avec un repas fast-food n'est en moyenne que de 2,64 dollars selon les données du cabinet Circana. Pour l'heure, les enseignes de restauration rapide saine bénéficient d'un environnement favorable grâce à leur positionnement premium, moins exposé au ralentissement de la consommation. Une tendance que les poids lourds du secteur comme McDonald's observent avec intérêt alors qu'ils peinent à séduire une clientèle en quête d'options plus vertueuses.
Le succès rencontré par ces chaînes pourrait ainsi pousser les mastodontes du fast-food à revoir leur modèle économique traditionnel, au risque sinon de se faire doubler par ces poids-plumes branchés et healthy qui cartonnent. Une transformation déjà bien engagée avec les récentes offensives de McDonald's dans les burgers végétariens ou les salades.
Forbes, How To Build A Whiskey Unicorn, 28/05/2024
À 47 ans, Fawn Weaver a réussi un incroyable pari : bâtir en seulement sept ans un empire des spiritueux. Valorisée 1,1 milliard de dollars, sa marque Uncle Nearest rend également hommage à Nearest Green, l'esclave devenu premier maître distillateur de la légende Jack Daniel's.
Dans le Tennessee, berceau du whiskey, Fawn Weaver a édifié un véritable parc d'attractions autour de sa distillerie de 458 acres à Shelbyville. Sentiers historiques, salles de dégustation, restaurants... Tout est pensé pour rivaliser avec l'incontournable Jack Daniel's voisin. Comme elle l’explique, "je ne crois pas qu'on possède vraiment une marque sans posséder les terres. C'est d'autant plus important pour les Noirs qui, historiquement, ont plutôt loué que possédé”. Et elle a fait les choses en grand. Après des débuts tonitruants en 2017, Uncle Nearest a triplé ses ventes depuis 2021 pour atteindre 100 millions de dollars de revenus attendus cette année (avec en plus 20% de marge nette)
Un succès foudroyant qui fait de la marque de whiskey américaine celle à la croissance la plus rapide jamais observée, selon les données du cabinet IWSR. Un décollage rendu possible par un modèle de financement décentralisé privilégiant 163 investisseurs individuels plutôt que les capitaux venture traditionnels. Stratégie payante puisque Weaver conserve 40% du capital et 80% des droits de vote avec son mari.
Malgré les sollicitations en vue d'une vente potentielle, l'entrepreneure refuse catégoriquement de céder Uncle Nearest. "On m'a proposé tous les montants possibles, j'ai tenu bon", affirme-t-elle fièrement. Son objectif ? Continuer à grandir pour un jour léguer l'entreprise... aux descendants de Nearest Green eux-mêmes. "Je ne vais jamais profiter d'Uncle Nearest, je l'ai su dès le départ. Je prépare la relève de leur famille", confie Weaver.
Au-delà du Tennessee, l'ambitieuse conquérante du whiskey américain accélère ses investissements. Rachat récent d'un domaine de cognac en France, projets de lancement d'une vodka, et participation dans d'autres marques de spiritueux détenues par des Noirs ou des femmes. Le tout avec un objectif démesuré : faire d'Uncle Nearest une entreprise valorisée à 50 milliards de dollars d'ici son décès, un legs patrimonial sans précédent pour la communauté afro-américaine. "Je vais construire un empire gargantuesque", prévient Fawn Weaver.
Forbes, How A Jar Of Healthy Mayo Launched An $8.3 Million Business, 23/05/2024
Qui aurait pu prédire qu'un simple pot de mayonnaise healthy se transformerait en une entreprise à succès?
Tout a commencé en 2017 sur la modeste table de cuisine d’un jeune couple londonien. Agacés par les produits trop transformés des rayons, ils décident alors de créer leur propre mayonnaise à base d'huile d'avocat, sans sucre ni conservateurs chimiques. "À l'époque, toutes les mayonnaises contenaient plus de 70% d'huiles végétales inflammatoires. Nous avons défié cette convention", se souvient Amy Moring.
Ce pari osé de deux trentenaires sans le sou deviendra la pierre angulaire de Hunter & Gather, une marque inspirée des bienfaits de l'alimentation ancestrale. "Les 12 premiers mois, nous avions encore nos jobs à côté. Nos frais étaient très bas, ce qui nous a permis de tester et d'apprendre", raconte la cofondatrice..
Six ans plus tard, leurs efforts payent. La gamme Hunter & Gather s'est considérablement étoffée avec des huiles, sauces, compléments alimentaires et autres produits "clean label". Une diversification qui a permis une croissance annuelle de 80% l'an dernier, à 8,3 millions de dollars de chiffre d'affaires. La startup emploie désormais 18 salariés, dispose de locaux professionnels et d'un entrepôt externalisé pour faciliter la production et la logistique.
Soucieuse de son impact environnemental, l'entreprise certifiée B Corp utilise des emballages en papier/carton ou entièrement recyclables ainsi que des avocats invendus pour sa célèbre mayonnaise. Après avoir conquis les ventes en ligne où elle réalise 80% de ses revenus, la marque "healthy" s'attaque désormais aux linéaires des grandes enseignes comme le géant Tesco, où elle est récemment arrivée.
"D'une certaine manière, notre trajectoire semble prédéterminée. Nous avons juste dû avancer étape par étape", commente Amy Moring, dont l'ambition dernière est d'impacter positivement "des millions de vies" outre-Manche avec ses produits ancestraux.
Nature, Switches in food and beverage product purchases can reduce greenhouse gas emissions in Australia
Un papier de recherche paru dans Nature Food qui examine comment les choix alimentaires peuvent réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) en Australie, mettant en lumière l’impact environnemental des produits alimentaires. En 2019, les produits alimentaires consommés à domicile ont généré environ 31 millions de tonnes de GES. Les principales sources de ces émissions sont la viande (49 %), les produits laitiers (17 %) et les boissons non alcoolisées (16 %). L’étude explore des scénarios de substitution de produits à haute émission par des alternatives à faible émission et évalue l’impact potentiel sur les GES et la qualité nutritionnelle des régimes alimentaires.
Parmi les enjeux majeurs mis en avant :
• Réduction des émissions : en remplaçant les produits à haute émission par des alternatives similaires, les GES peuvent être réduits de 26 %, et jusqu’à 71 % avec des substitutions moins similaires.
• Qualité nutritionnelle : les substitutions proposées n’affectent que marginalement la qualité nutritionnelle, suggérant que des choix alimentaires plus durables peuvent être intégrés sans compromettre la santé.
• Politiques alimentaires : le papier souligne l’importance de diriger les politiques alimentaires et les stratégies de marketing vers des produits à faible impact environnemental.
Les auteurs concluent que des changements dans les achats de produits alimentaires peuvent significativement réduire les émissions de GES en Australie sans compromettre la qualité nutritionnelle. Ils recommandent des interventions politiques telles que l’étiquetage obligatoire des produits en termes de GES et des incitations fiscales pour encourager l’industrie et les consommateurs à choisir des produits plus durables. Les trois catégories principales à cibler pour les interventions sont la viande, les produits laitiers et les boissons non alcoolisées, qui représentent la majorité des émissions annuelles totales. L’étude appelle à des politiques alimentaires intégrant la durabilité environnementale pour réduire les émissions et atteindre les objectifs climatiques.
FranceAgriMer, Les performances à l’export des filières agricoles et agroalimentaires françaises, Edition 2023
Un document très intéressant pour tout comprendre sur ce que l’on exporte et ce que l’on apporte en produits alimentaires.
En 2023, les exportations agricoles et agroalimentaires françaises ont atteint 81,4 milliards d'euros, soit une baisse de 2,4 % par rapport à 2022. La balance commerciale reste excédentaire de 5,3 milliards d'euros, malgré une réduction de 43 % par rapport à l'année précédente.
L'Union européenne est le principal partenaire commercial, représentant 58 % des exportations. Les produits transformés, hors vins et spiritueux, ont connu une hausse de 7 %, tandis que les exportations de produits bruts et de vins et spiritueux ont diminué. Les principaux marchés incluent la Belgique, l'Allemagne, et l'Espagne. Les conditions géopolitiques et climatiques ont fortement impacté les échanges, notamment la guerre en Ukraine et la sécheresse en Amérique du Sud.
Une comparaison intéressante
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O. Frey