🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2024-05
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
L’Express, Agriculture : comment réduire la consommation de viande… et contenter tout le monde ?, 27/01/2024
Libération, Le camembert et le roquefort vont-ils disparaître ?, 29/01/2024
The Guardian, Move to sustainable food systems could bring $10tn benefits a year, study finds, 29/01/2024
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Cette semaine a une nouvelle fois été marquée par les mouvements de protestation du monde agricole. Vous trouverez donc une nouvelle sélection d’articles qui cherchent à expliquer les raisons de la colère du monde agricole.
Le Parisien, « Nos importations ont doublé » : est-il encore possible de se nourrir français ?, 29/01/2024
L'article traite de la diminution de l'autonomie agricole de la France et de la question de la capacité à se nourrir uniquement de produits français. Il est mis en évidence que les importations agricoles en France ont considérablement augmenté, ayant doublé depuis l'an 2000, avec 73 milliards d'euros de produits agroalimentaires importés en 2022. En effet, une proportion significative de la consommation alimentaire française provient de l'étranger. Ce qui fait que “un jour et demi par semaine, vous mangez des produits importés”.
Malgré la position de la France en tant que première puissance agricole européenne, le pays a glissé du 2e au 5e rang mondial des exportateurs. Cette situation est attribuée à plusieurs facteurs, notamment un manque de compétitivité, des coûts de production élevés, une réglementation excessive et des erreurs stratégiques dans la politique agricole. Cela a conduit à un écart croissant entre les aspirations des citoyens pour une agriculture de haute qualité et leurs habitudes de consommation réelles, souvent tournées vers des produits moins chers et importés.
La controverse entoure également les accords de libre-échange, notamment avec des pays comme le Maroc, où des accords initiaux ont finalement eu des répercussions négatives sur les agriculteurs français. Le gouvernement français, représenté par le Premier Ministre Gabriel Attal, a exprimé son opposition à la signature du traité de libre-échange avec le Mercosur, en contradiction avec la position de la Commission européenne.
En outre, la production agricole européenne est en baisse, en partie à cause des politiques environnementales telles que la stratégie "Farm to Fork" de l'UE, qui vise à réduire l'utilisation des pesticides et à augmenter la part de l'agriculture biologique. Ces mesures pourraient entraîner une baisse supplémentaire de la production agricole, exacerbant les problèmes d'insécurité alimentaire et de hausse des prix.
Le Monde, Les distributeurs sous le feu des critiques des agriculteurs, 30/01/2024
L'article traite de la tension croissante entre les agriculteurs français et les grandes enseignes de distribution en raison de la crise du secteur agricole et des questions de rémunération. Les dirigeants des grandes chaînes de distribution, qui avaient promis de lutter contre l'inflation au début de l'année 2023, sont maintenant critiqués pour leur gestion de cette crise.
Les agriculteurs expriment leur mécontentement, notamment en ciblant Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E.Leclerc, pour son absence perçue et sa gestion des prix agricoles. Des images de Leclerc sont partagées sur les réseaux sociaux, parodiant l'affichage gouvernemental de l'Alerte enlèvement, l'accusant de contourner la loi EGalim en utilisant des centrales d'achat étrangères pour payer moins les agriculteurs.
Début 2023, les patrons des grandes surfaces ont multiplié les apparitions dans les médias pour parler de l'inflation causée par les demandes des industriels, mais cette année, ils se font plus discrets, particulièrement depuis la crise agricole. Le ministre de l'agriculture, Marc Fesneau, a même commenté leur absence sur les plateaux de télévision, suggérant qu'ils sont gênés par la question de la rémunération des agriculteurs.
Les distributeurs sont prudents dans leur communication, craignant de devenir la cible de la colère agricole. Certains magasins et entrepôts ont déjà été pris pour cible par des agriculteurs en colère, avec des actions de protestation impliquant le déversement de fumier et le blocage de livraisons.
Le poids de E.Leclerc sur le marché, avec 23,5 % de part de marché, le rend particulièrement visible dans cette crise. L'enseigne, connue pour sa défense du pouvoir d'achat et ses prix bas, a vu certains de ses entrepôts bloqués et des actions de protestation organisées devant ses magasins.
L’Express, Agriculture : comment réduire la consommation de viande… et contenter tout le monde ?, 27/01/2024
L'article aborde la délicate question de la réduction de la consommation de viande dans le contexte de la lutte contre le changement climatique et de la nécessité d'une transition agricole. L'élevage, notamment des bovins, est une source majeure d'émissions de gaz à effet de serre dans l'agriculture, qui représente près de 18 % des émissions totales de la France en 2021. Un récent rapport du Haut conseil pour le climat met en évidence l'importance de réduire la consommation de viande pour atteindre les objectifs de neutralité carbone d'ici 2050.
La consommation de viande en France a presque doublé depuis 1970, entraînant une augmentation des émissions liées à l'élevage. Pourtant, les réductions d'émissions observées ne sont pas dues à une diminution de la consommation, mais plutôt à la réduction du cheptel en raison de difficultés socio-économiques, conduisant à une augmentation des importations de viande. Le Haut conseil pour le climat recommande donc une stratégie globale visant à réduire la consommation de viande, plutôt qu'une simple réduction du cheptel, afin de diminuer les émissions et les importations.
Pour atteindre cet objectif, le Haut conseil pour le climat suggère plusieurs approches, y compris d’encourager le développement de nouvelles filières comme les légumineuses pour augmenter la part de protéines végétales dans l'alimentation. Il préconise également de réduire les émissions directes des bovins par une gestion améliorée de leur alimentation et des effluents, ainsi que l'extension des élevages en prairies.
La restauration collective, la régulation de la publicité et des offres promotionnelles sont également des domaines clés pour promouvoir une alimentation plus végétale. Le Haut conseil pour le climat insiste sur la nécessité d'impliquer tous les acteurs de la chaîne alimentaire, y compris les industriels et les distributeurs, dans cette transition.
La baisse de la consommation de viande pourrait aussi améliorer la souveraineté alimentaire de la France en libérant des terres pour la production alimentaire humaine, réduisant ainsi la dépendance aux importations. En conclusion, l'article souligne que la réduction de la consommation de viande est un enjeu majeur pour l'agriculture, l'environnement et la santé, nécessitant une approche globale et intégrée.
Le Monde, Au Maroc, les producteurs de tomates assurent que les agriculteurs français se trompent de cible, 02/02/2024
L’article s’intéresse à la controverse entre les producteurs de tomates français et marocains. Les agriculteurs français accusent en effet leurs homologues marocains de concurrence déloyale en inondant les supermarchés français avec des tomates bon marché. Les tomates marocaines, devenues symbole de cette concurrence, sont vendues à bas prix en raison du faible coût de la main-d’œuvre locale et de l’exemption des tarifs douaniers, résultat d'un accord de libre-échange de 2012 entre le Maroc et l'Union européenne.
Le Maroc a surpassé l'Espagne en 2022 en tant que premier fournisseur de tomates à l'UE, avec environ 660 000 tonnes exportées, dont plus de la moitié vers la France. La majorité de ces tomates proviennent de la région d'Agadir, qui représente 85% de la production nationale et 90% des exportations hivernales. Les tomates marocaines, particulièrement les variétés cerises, sont soumises à un cahier des charges strict, malgré les accusations françaises.
L'accord de libre-échange entre le Maroc et l'UE n'élimine pas toutes les barrières douanières. Les tomates marocaines sont limitées à 285 000 tonnes entre octobre et mai, avec des taxes appliquées au-delà de ce quota. En dehors de cette période, un abattement de 60% est possible si les prix ne sont pas inférieurs à ceux fixés par l'OMC.
Les professionnels marocains soulignent que les agriculteurs français devraient s'attaquer à la différence des prix entre ceux payés aux producteurs et ceux facturés aux consommateurs, et non aux importateurs. Une partie du commerce des tomates marocaines est contrôlée par des capitaux européens, avec des entreprises comme Azura et Idyl qui produisent au Maroc et conditionnent en France.
Concernant le coût du travail saisonnier au Maroc, il est inférieur à celui en France, mais la Comader s'est engagée à aligner ce coût sur le SMIG marocain d'ici 2027 ou 2028. Les conditions climatiques ont également conduit à des récoltes abondantes récemment.
Le Monde, Production française de farine : de plus en plus proactifs, les meuniers ne dorment plus, 28/01/2024
L'article traite de l'évolution de la meunerie française en réponse aux demandes diversifiées des artisans boulangers. La production française de farine, historiquement associée à l'image du meunier somnolent, est aujourd'hui un secteur dynamique et en constante adaptation.
Actuellement, la France compte environ 384 moulins et la filière emploie directement près de 6 100 personnes et 52 000 de manière indirecte. Les acteurs de cette industrie, tant les grands que les petits, ont marqué leur présence au Sirha Europain, un salon de la boulangerie et de la pâtisserie. Malgré un tonnage annuel de farine livrée stable autour de 4 millions, le marché fait face à une surcapacité par rapport à la demande, exacerbée par une baisse de la consommation de pain en France et une diminution des exportations de farine, en particulier vers les pays africains consommateurs de baguettes.
La demande des boulangers artisanaux a évolué, se tournant vers des "blés de population" ou blés de terroir, tels que le poulard, le petit épeautre ou le blé rouge de Bordeaux, et des mélanges de farines pour la fabrication de pains spéciaux ou signature. Guillaume Guénégo, un meunier de cinquième génération, compare cette tendance à celle des vignerons, soulignant une approche plus personnalisée et qualitative de la production de farine.
Les grands meuniers sont devenus plus proactifs, créant des appellations comme la "baguette Label Rouge" ou la "tradition Banette 1900" avec des farines spécifiques, et élargissant leurs services. François-Xavier Quarez d’InVivo mentionne l'adoption de nouvelles gammes de farines et des services d'accompagnement pour les artisans, incluant l'aide à l'installation et le financement d'équipements.
Le marché des "boulangeries des ronds-points", situées aux entrées ou sorties des villes, est particulièrement visé par les minotiers en raison des volumes importants de farine qu'elles absorbent. Ces boulangeries recherchent des produits faciles à travailler et uniformes en goût, ce qui a conduit les grands producteurs à capturer entre 25 % et 30 % de ce marché en expansion.
Libération, Le camembert et le roquefort vont-ils disparaître ?, 29/01/2024
L'article aborde une inquiétude soulevée par des chercheuses du CNRS concernant le futur de certains fromages emblématiques comme le camembert et le roquefort, en raison de l'appauvrissement génétique des espèces de champignons utilisées pour leur fermentation.
La directrice de recherche au CNRS, Tatiana Giraud, et sa collègue Jeanne Ropars, ont mené une étude alertant sur les dangers d'une trop grande uniformisation des espèces de champignons, notamment le Penicillium camemberti pour le camembert et le Penicillium roqueforti pour le roquefort. Ils constatent que le Penicillium camemberti est particulièrement menacé, car il se réduit à un seul mutant albinos incapable de produire suffisamment de spores pour l'ensemencement.
L'article explique que les souches de champignons utilisées dans la production de fromage ont été sélectionnées et clonées pour répondre aux cahiers des charges industriels, entraînant une uniformisation et une perte de diversité génétique. Par exemple, l'aspect blanc et duveteux des bries et camemberts est le résultat d'un choix industriel, privilégiant la souche Penicillium camemberti albinos. Cette pratique de reproduction clonale a conduit à une dégénérescence génétique des souches, les rendant stériles.
Le problème s'étend au-delà du fromage, affectant d'autres aliments fermentés comme le saucisson, où une baisse de diversité des champignons est également observée. Cette situation résulte d'une approche court-termiste dans la sélection des souches, sans considération pour les conséquences à long terme.
Toutefois, l'article se termine sur une note d'espoir. Les chercheuses ont découvert une population inconnue de Penicillium roqueforti dans le bleu de Termignon, un fromage rare des Alpes. Ils espèrent que cette nouvelle espèce pourrait apporter le brassage génétique nécessaire à la revitalisation des ferments, même si cela signifie une plus grande variabilité et diversité dans les fromages produits.
Les Echos, Cognac : la fin des années fastes de l'empereur des digestifs, 30/01/2024
L'article discute de la récente baisse significative des expéditions de cognac, une eau-de-vie charentaise qui a longtemps été considérée comme l'empereur des digestifs. En 2023, le volume des expéditions de cognac a chuté de plus de 22 %, passant de 212 millions à 165 millions de bouteilles, avec un recul de 15 % en valeur, soit un chiffre d'affaires de 3,35 milliards d'euros.
Cette chute est principalement attribuée à des surstocks créés aux États-Unis pendant la crise du Covid-19. Le marché américain, qui absorbe plus d'un tiers des expéditions de cognac, a connu une baisse de 47 %. En revanche, en Extrême-Orient, les expéditions ont progressé de 15 %, mais ont diminué de 5 % en Europe.
Les grandes maisons de cognac, comme Hennessy (filiale de LVMH) et Rémy Cointreau, ont ressenti l'impact de cette baisse. Hennessy a enregistré un recul de 11 %, principalement en raison d'un ralentissement des ventes aux États-Unis, tandis que Rémy Cointreau a vu les ventes de ses marques Rémy Martin et Louis XIII chuter de 37 %.
La filière cognac espère un rebond et note des signes positifs, comme une augmentation de 5,6 % des expéditions en décembre. Cependant, il y a des incertitudes, notamment concernant le marché chinois, le deuxième plus important pour le cognac, en raison d'une enquête antidumping de Pékin sur les eaux-de-vie européennes.
En réaction à cette situation, la filière du cognac adopte une approche prudente. Après une récolte 2023 exceptionnelle en volume, une partie de la production sera stockée grâce à la « réserve climatique », un dispositif permettant de stocker de l'alcool pour pallier les futurs aléas climatiques. De plus, l'expansion du vignoble sera limitée, avec seulement une centaine d'hectares de droits de plantation demandés pour cette année.
Malgré ces défis, l'industrie reste optimiste pour l'avenir, espérant retrouver la croissance à l'issue de 2024.
Les Échos, Les trois raisons qui rendent la loi Egalim compliquée à appliquer, 29/01/2024
L'article discute des difficultés d'application de la loi Egalim en France, une législation destinée à protéger les revenus des agriculteurs en réglementant les négociations de prix des matières premières agricoles entre distributeurs et industriels. La loi, qui vise à empêcher la négociation du coût de la matière première agricole, s'avère complexe dans sa mise en œuvre. Il y a trois méthodes pour vérifier le respect de cette loi, mais la plus utilisée, impliquant une attestation par un tiers de confiance, est critiquée pour son manque de précision.
Un autre défi majeur réside dans le rôle croissant des centrales d'achat européennes, qui traitent une grande partie du marché français et sont perçues comme une possible échappatoire à la loi. Ces centrales sont sujettes à controverse, car elles sont considérées comme étant en contradiction avec les principes de la loi Egalim, particulièrement en ce qui concerne la préservation des coûts de la matière première agricole.
En outre, il y a des préoccupations juridiques et des contentieux potentiels liés à la manière dont les centrales d'achat et les grossistes pourraient contourner les dispositions de la loi. Certains soutiennent que les grossistes, exemptés par la loi Descrozaille de la sanctuarisation du coût de production agricole, pourraient être utilisés pour éviter les exigences de la loi Egalim.
Les Échos, Après Cédric Grolet, la folie des trompe-l'oeil culinaires, 27/01/2024
L'article explore la tendance croissante des trompe-l'œil culinaires, des créations gastronomiques qui imitent d'autres objets ou aliments. Popularisé par le pâtissier Cédric Grolet, ce genre artistique attire l'attention et l'admiration tant sur les réseaux sociaux que dans les pâtisseries haut de gamme.
Cédric Grolet, avec ses célèbres imitations de fruits, a joué un rôle clé dans la popularisation de cette forme d'art culinaire. Ses créations, vendues dans sa boutique au Meurice, ont suscité l'admiration et l'imitation dans le monde de la pâtisserie. D'autres pâtissiers, comme Jeffrey Cagnes, reconnaissent l'influence et l'originalité de Grolet, le considérant comme une source d'inspiration majeure.
Le succès de ces trompe-l'œil a conduit à la création de moules spéciaux par des entreprises comme Pavoni, permettant une plus large diffusion de ces créations artistiques. Ces produits ont permis aux pâtisseries de villes moyennes de proposer des gâteaux imitant des fruits ou d'autres objets.
Outre les pâtisseries, ces trompe-l'œil ont également conquis les réseaux sociaux et les émissions de télévision comme "Top Chef", où ils sont utilisés pour leur impact visuel. Des chefs comme Rasmus Munk au restaurant Alchemist à Copenhague utilisent le trompe-l'œil pour transmettre des messages plus profonds, comme dans le cas de son plat de foie gras servi dans une tête humaine en silicone.
La popularité croissante des trompe-l'œil dans la gastronomie s'étend bien au-delà de la pâtisserie, avec des artistes culinaires comme Laila Gohar, qui incorporent des éléments poétiques et politiques dans leurs créations. Ces artistes sont de plus en plus reconnus pour leur approche unique et novatrice, mélangeant l'art et la cuisine pour créer des expériences culinaires mémorables.
The Guardian, Move to sustainable food systems could bring $10tn benefits a year, study finds, 29/01/2024
L'article met en lumière une étude économique approfondie sur les systèmes alimentaires mondiaux, montrant qu'une transition vers un système plus durable pourrait générer jusqu'à 10 000 milliards de dollars de bénéfices annuels, tout en améliorant la santé humaine et en atténuant la crise climatique.
La recherche révèle que les systèmes alimentaires actuels, en particulier l'élevage de bovins, sont responsables d'une grande partie des émissions de gaz à effet de serre, contribuant à environ un tiers des émissions mondiales et accentuant le réchauffement climatique. Cette situation crée un cercle vicieux où des températures plus élevées entraînent des conditions météorologiques extrêmes et des dommages aux récoltes.
En outre, l'insécurité alimentaire pèse lourdement sur les systèmes de santé. L'étude prévoit que, sans changement, 640 millions de personnes pourraient être en sous-poids d'ici 2050, et l'obésité pourrait augmenter de 70 %.
L'étude propose un déplacement des subventions et incitations fiscales des monocultures destructrices à grande échelle vers des petits exploitants qui pourraient transformer les fermes en puits de carbone et augmenter les espaces pour la faune. Un changement de régime alimentaire est également un élément clé, tout comme l'investissement dans des technologies plus efficaces et moins émettrices.
Avec moins d'insécurité alimentaire, l'étude prévoit l'éradication de la sous-nutrition d'ici 2050, 174 millions de morts prématurées en moins, et 400 millions de travailleurs agricoles capables de gagner un revenu suffisant. La transition proposée aiderait à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels et à réduire de moitié les ruissellements d'azote issus de l'agriculture.
Les coûts de cette transformation sont estimés entre 200 et 500 milliards de dollars par an, soit 0,2% à 0,4% du PIB mondial. L'étude souligne également que l'agriculture est un secteur clé enfreignant les limites planétaires, étant un moteur majeur du changement d'utilisation des terres, de la diminution de la biodiversité, et responsable de 70% de l'utilisation d'eau douce.
Le rapport a été produit par la Commission d'économie des systèmes alimentaires, formée par l'Institut de Potsdam, la Food and Land Use Coalition, et EAT, avec des partenaires académiques tels que l'Université d'Oxford et la London School of Economics.
Le défi principal de la transition alimentaire proposée est que les coûts des aliments augmenteraient, nécessitant une gestion politique habile et un soutien aux couches les plus pauvres de la société pour éviter des protestations similaires aux manifestations des gilets jaunes en France.
Wall Street Journal, There Are Superfans. Then There Are Fast-Food Superfans., 24/01/2024
A Paris il y a les files d’attente devant chez Cédric Grolet, aux Etats-Unis il y a celles devant les fast-food... L'article décrit en effet le phénomène des superfans de fast-food qui font tout pour être les premiers servis lors de l'ouverture de nouvelles chaînes populaires comme In-N-Out ou Chick-fil-A. Ces fans passionnés sont prêts à faire la queue dès 4h30 du matin (!) et à dormir sur les parkings des établissements. Ils cherchent à obtenir des nouveautés et des cadeaux offerts à ceux qui sont assez dévoués pour passer la nuit dehors ou attendre une bonne partie de la journée.
Jonathan Fried, par exemple, a attendu cinq heures pour être parmi les premiers à visiter le premier In-N-Out Burger de l'Idaho. Donna Mitchell et Fran Collette ont attendu plus de cinq heures pour la même ouverture, armées de cookies et de conversations pour passer le temps. D'autres comme Jasline Valle et Jeff Casmer ont également participé à de telles ouvertures, cherchant à expérimenter les nouveautés et à partager leurs expériences avec leurs amis et leur famille.
L'article mentionne également que certaines chaînes de fast-food tentent de limiter la frénésie du jour de l'ouverture. Par exemple, Chick-fil-A a arrêté sa promotion "First 100" en raison de la pandémie, choisissant à la place de donner de la nourriture gratuite à "100 héros de la communauté".
Pour les superfans, ces événements sont plus qu'une simple quête de nourriture gratuite ; ils représentent une occasion de se connecter avec d'autres personnes qui partagent leur passion. Cette tendance montre comment le fast-food est devenu plus qu'un simple repas rapide pour certains, se transformant en une expérience culturelle et sociale partagée.
The Times, The new coffee snob cult — it’s all about self-care, 25/01/2024
L'article discute de l'évolution de la culture du café, où la préparation d'un bon café est devenue un rituel obsessionnel pour beaucoup, avec des dépenses importantes en équipement pour perfectionner l'espresso. Des célébrités comme David Beckham et Taylor Swift sont mentionnées pour leur amour du café, ainsi que des machines à café haut de gamme comme la La Marzocco Linea Mini, qui coûte £4,160.
L'intérêt pour le café de spécialité a explosé pendant la pandémie, lorsque les gens ont cherché à reproduire chez eux les boissons de café qu'ils achetaient habituellement dans les cafés. Cette obsession est devenue une forme de soin personnel pour beaucoup, principalement des hommes. Certains apportent même leur équipement au bureau, comme Rishi Sunak avec sa tasse "smart mug" Ember et Stanley Tucci avec ses deux machines à café sur les plateaux de tournage.
L'article souligne également l'essor des accessoires et gadgets liés au café. Les ventes de machines à café et d'accessoires ont augmenté, même en période de crise économique. Les gens sont prêts à dépenser beaucoup pour des équipements de qualité, comme des balances précises, des kettles spéciales ou des accessoires pour l'Aeropress.
Les experts du café, comme Ashley Palmer-Watts et Scott James, expliquent que l'intérêt croissant pour le matériel de café de haute qualité est logique en raison de l'inconsistance naturelle du café et de l'importance de la précision dans sa préparation. Ils suggèrent que le processus de préparation du café devrait être respecté car beaucoup de travail a été investi dans le grain de café.
L'article conclut en soulignant que bien que certains accessoires puissent sembler superflus, ils font partie d'une passion croissante pour le café, similaire à d'autres hobbies. Il est suggéré que commencer avec du café fraîchement torréfié est essentiel pour une bonne expérience de café, peu importe le niveau de sophistication de l'équipement utilisé.
Forbes, The AI Revolution In Wine Fraud Detection, 30/01/2024
L'article aborde l'évolution révolutionnaire de la détection de la fraude dans le vin grâce à l'intelligence artificielle (IA) et à la technologie de l'olfaction numérique. La fraude dans le vin, un problème coûteux pour l'industrie, pourrait être efficacement combattue grâce à ces avancées technologiques.
L'IA et l'apprentissage automatique ont ouvert de nouvelles voies pour l'authentification du vin. Des chercheurs ont formé des algorithmes d'IA pour analyser la composition chimique des vins, ce qui leur permet de retracer un vin jusqu'à son vignoble et millésime spécifiques avec une précision remarquable. Une étude portant sur 80 vins différents de la région de Bordeaux a démontré un taux de succès de près de 99 % pour identifier le vignoble d'origine et de 50 % pour déterminer le millésime.
La startup française Aryballe développe la technologie de l'olfaction numérique, qui imite le système olfactif humain et transforme les données d'odeur en informations exploitables grâce à l'IA. Ces capteurs capturent les signatures d'odeurs qui sont ensuite analysées grâce à une vaste bibliothèque de parfums connus. Cette approche a des applications pratiques allant de l'ingénierie de l'odeur de la "nouvelle voiture" à la détection de la détérioration des aliments.
En combinant la technologie de l'olfaction numérique avec les outils d'IA utilisés pour l'analyse chimique, il pourrait être possible de créer un appareil portable capable d'authentifier le vin par une simple analyse. Cela pourrait non seulement protéger les consommateurs contre la fraude, mais aussi offrir une nouvelle manière objective d'apprécier le vin.
Au-delà de la détection de la fraude, l'IA et l'olfaction numérique peuvent enrichir l'expérience du vin en analysant objectivement le bouquet d'un vin, permettant aux amateurs d'en apprendre davantage sur les notes subtiles et les saveurs. Cela pourrait approfondir l'appréciation du vin et réduire l'écart entre les buveurs novices et les connaisseurs expérimentés.
Pour les vignerons, l'IA peut améliorer le contrôle de la qualité en analysant les profils chimiques et olfactifs des vins à différents stades. Cette technologie pourrait également aider dans l'assemblage des vins.
Modern Retail, Josh Cellars receives boost following viral wine meme, 24/01/2024
L’article décrit comment Josh Cellars, une marque de vins américaine un peu cheap qui est vendue dans les supermarchés, a bénéficié d'une publicité inattendue grâce à un mème viral sur internet. Le mème, qui a commencé le 6 janvier, a mis en lumière la ligne de vins de Josh Cellars, souvent perçue comme un vin bon marché mais supérieur à d'autres marques similaires. Bien que l'impact exact du mème sur les ventes de détail soit difficile à mesurer, des rapports suggèrent une augmentation des ventes, en particulier chez les jeunes consommateurs.
Josh Cellars, fondé par Joseph Carr en 2007 en hommage à son père Josh, est connu pour ses bouteilles abordables, en particulier son Cabernet Sauvignon de Californie, toutes vendues à moins de 25 $. Le mème a contribué à accroître considérablement la notoriété de la marque. Dan Kleinman, directeur de la marque chez Josh Cellars, a rapporté une hausse de 79 % des abonnés Instagram par rapport à l'année précédente et une augmentation significative des recherches Google pour la marque. La société prévoit également une augmentation des ventes.
Le phénomène intervient à un moment où le secteur du vin a du mal à se développer parmi la génération Z et les jeunes millennials, qui consomment moins d'alcool que les générations précédentes. Miles Marmo, co-fondateur d'Agency Squid, suggère que ce mème pourrait donner un coup de pouce nécessaire à la catégorie des vins, en particulier parmi les jeunes Américains.
Le succès de ce mème souligne l'importance pour les marques de vin de se démarquer dans un marché saturé. Le nom simple et familier de la marque Josh Cellars contraste avec les étiquettes de vins italiens et français, ce qui le rend plus accessible et moins intimidant pour les consommateurs.
En fin de compte, cette viralité inattendue offre à Josh Cellars l'occasion de revitaliser sa stratégie numérique et d'attirer de nouveaux consommateurs vers sa gamme de vins.
Wired, Inside the Beef Industry’s Campaign to Influence Kids, 01/02/2024
L'article met en lumière les inquiétudes concernant l'influence de l'industrie de la viande et des produits laitiers sur l'éducation et la manière dont elle pourrait façonner les perceptions des jeunes générations. Il décrit notamment une campagne menée par l'American Farm Bureau Foundation for Agriculture (AFBFA) pour influencer les enseignants de science et d'autres éducateurs aux États-Unis afin de changer la perception des élèves sur l'industrie du bœuf. Depuis huit ans, l'AFBFA produit des plans de leçon, des ressources éducatives, des événements en présentiel et des webinaires financés par l'industrie pour améliorer la réputation du secteur bovin.
L'industrie du bœuf, ayant l'une des plus grandes empreintes carbone parmi les aliments, craint que les enseignants soient exposés à des informations "biaisées" ou "inexactes". Les documents de financement de l'AFBFA révèlent que la campagne vise à créer une perception plus positive de l'industrie du bœuf parmi les éducateurs. Les données d'enquête incluses dans ces documents indiquent que les éducateurs ayant participé à un programme de l'AFBFA étaient plus susceptibles de faire confiance aux déclarations positives sur l'industrie du bœuf.
Les initiatives de l'AFBFA comprennent des événements en personne où les éducateurs visitent des ranchs ou d'autres parties de la chaîne d'approvisionnement du bœuf. Le programme vise principalement les enseignants du secondaire et du collège. Les objectifs de l'AFBFA pour 2024 incluent l'atteinte de 2,5 millions d'éducateurs avec ses ressources et événements en classe, ainsi que 125 000 "leaders d'opinion clés".
L'AFBFA est un sous-traitant de Beef Checkoff, un programme national où les producteurs et importateurs de bœuf paient des frais par animal pour financer des programmes visant à stimuler la demande de bœuf aux États-Unis et à l'étranger. En 2024, Beef Checkoff dispose d'environ 42 millions de dollars pour ses programmes.
Cependant, des critiques soulignent que le matériel pédagogique financé par l'industrie est peu susceptible de fournir des informations objectives sur l'impact de la production de bœuf. Certains s'inquiètent que l'industrie utilise ces ressources pour dépeindre la consommation de bœuf comme socialement et écologiquement acceptable, malgré le fait que la majorité des bovins aux États-Unis soient élevés dans des opérations d'alimentation animale concentrées.
Plusieurs études très intéressantes sont sorties cette semaine. Les deux premières ont été l’objet de pas mal d’articles de presse.
Haut Conseil pour le Climat, Accélérer la transition climatique avec un système alimentaire bas carbone, résilient et juste, Janvier 2024
Un rapport mentionné dans un des articles de cette semaine et qui tombe à point nommé en plein conflit agricole.
The Food System Economics Commission, The Economics of the Food System Transformation, Janvier 2024
Les économistes et scientifiques de premier plan de la Food System Economics Commission ont passé les quatre dernières années à enquêter sur les coûts cachés du système alimentaire mondial actuel et les avantages inexploités à tirer des principaux changements et pratiques politiques.
Silicon Valley Bank, State of the US Wine Industry Report 2024
Une étude pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur la filière viticole aux Etats-Unis.
C’est tout pour aujourd’hui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey