🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2024-04
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Les Échos, Les cours du cacao s'envolent à des niveaux stratosphériques, 24/01/2024
New York Times, The Menu Trends That Define Dining Right Now, 23/01/2024
The Guardian, The tyranny of the algorithm: why every coffee shop looks the same, 16/01/2024
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Cette semaine, cela ne vous aura pas échappé, il y a de nombreux articles consacrés à la colère du monde agricole. Je vous en propose une petite sélection qui explique bien les problèmes que les agriculteurs français rencontrent. J’ai essayé de varier les sources afin de refléter la situation de la manière la plus objective possible.
Les Échos, Manifestation des agriculteurs : ces six crises qui ont mis à mal la Ferme France, 24/01/2024
L'article examine six crises majeures qui ont affecté l'agriculture française et qui ont contribué à des manifestations récentes d'agriculteurs.
Crise du vin (milieu des années 1970) : en raison d'une surproduction de vin à la fois en France et à l'échelle mondiale, combinée à une baisse de la consommation, les prix ont chuté, poussant les viticulteurs, notamment dans le sud de la France, à manifester. Ceci a conduit à une restructuration du domaine viticole français vers des vins de qualité.
Crise de la vache folle (milieu des années 1980) : l'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) a été un traumatisme pour les éleveurs français, entraînant des abattages massifs de troupeaux et une baisse significative de la consommation de viande bovine. Les mesures prises comprenaient l'interdiction des farines animales dans l'élevage et une meilleure identification des animaux en Europe.
Embargo russe sur le porc (milieu des années 2010) : un embargo imposé par la Russie sur la viande de porc européenne a causé l'effondrement des prix, affectant gravement les éleveurs, notamment en Bretagne. La demande chinoise et la vente directe ou la production bio ont offert un certain soulagement, mais pas pour tous les éleveurs.
Fin des quotas laitiers (2015) : la suppression des quotas laitiers par l'Union européenne a conduit à une surproduction laitière et une chute des prix du lait. Malgré les mesures prises par la Commission européenne pour réduire la production, la crise persiste avec des coûts de production élevés et une production française en déclin.
Épidémies de grippe aviaire : ces dernières années, de multiples épidémies de grippe aviaire ont entraîné l'abattage massif de volailles, particulièrement de canards dans le sud-ouest de la France, impactant gravement les éleveurs malgré les indemnisations.
Crise de la betterave (2017) : la fin des quotas de betterave et l'interdiction des néonicotinoïdes ont entraîné une surproduction et une baisse des prix, exacerbées par la sécheresse. Cela a mené à une diminution de la production et à la fermeture de plusieurs sucreries dans le nord de la France.
Les Échos, Crise des agriculteurs : ces chiffres qui révèlent l'ampleur du problème, 23/01/2024
L'article met en avant plusieurs points clés pour comprendre l'ampleur du problème :
Revenus en baisse et pauvreté accrue : en 2023, les revenus des agriculteurs ont diminué de 9 %, exacerbés par l'inflation. Le revenu disponible moyen des ménages agricoles est majoritairement constitué de sources extérieures à l'agriculture, et 18 % des membres de ces ménages vivent sous le seuil de pauvreté.
Diminution et vieillissement des agriculteurs : la proportion d'agriculteurs parmi l'emploi total en France a chuté de 7,1 % en 1982 à 1,5 % en 2019. Les agriculteurs sont en moyenne plus âgés que les autres travailleurs, et leur semaine de travail est nettement plus longue (55 heures en moyenne).
Augmentation de la taille des exploitations, diminution de leur nombre : le nombre d'exploitations agricoles a diminué d'environ 100 000 en dix ans, passant à 389 800 en 2020, avec une augmentation moyenne de la taille des exploitations.
Production en hausse, prix en baisse : malgré une augmentation de la production agricole, les prix ont chuté, notamment pour les céréales. En revanche, les prix de la production animale ont augmenté en raison de diverses pressions, notamment la grippe aviaire et la réduction des cheptels porcins et bovins.
Coûts de production en hausse : les coûts des intrants pour la production agricole ont fortement augmenté, avec des hausses notables dans les prix des aliments pour animaux, des engrais, et de l'énergie.
Le Figaro, Les 10 raisons de la colère des agriculteurs en France, 23/01/2024
L'article se penche sur les raisons de la colère persistante des agriculteurs en France. Ces revendications reflètent les défis multiples et régionaux auxquels sont confrontés les agriculteurs français, allant de la pression économique à des préoccupations environnementales et de biodiversité. Voici les 10 principales revendications des agriculteurs :
Revendications au niveau nationale :
Meilleure rémunération : malgré les efforts législatifs (États généraux de l'alimentation, lois Egalim), les revenus des agriculteurs continuent de baisser. Un agriculteur sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.
Maintien de la détaxation du gasoil non routier : les agriculteurs demandent au gouvernement de revenir sur son projet de suppression de cette détaxation, face à l'explosion des charges, notamment énergétiques. Il faut également préciser qu’à l’heure actuelle il n’existe pas sur le marché de tracteur fonctionnant à l’électrique qui soit fiable.
Simplification des normes environnementales : les agriculteurs sont soumis à de nombreuses règles pour bénéficier des aides de la Politique agricole commune (PAC), notamment en lien avec la transition écologique, ce qui complexifie leur travail.
Meilleure considération par la société : les agriculteurs se sentent stigmatisés et mal compris par le public, notamment concernant l'usage de produits phytopharmaceutiques et le traitement des animaux.
Fin des contrôles intempestifs : ils dénoncent les contrôles fréquents et parfois perçus comme excessifs de l'administration sur leurs pratiques.
Meilleur accès à l'eau : les agriculteurs veulent pouvoir constituer plus facilement des réserves d'eau, face aux sécheresses récurrentes et aux restrictions croissantes.
Pas d'interdictions de produits phytopharmaceutiques sans solutions alternatives : les agriculteurs s'opposent à l'interdiction de certaines substances sans proposer d'alternatives viables.
Revendications plus locales :
Maladie hémorragique épizootique (MHE) : dans le Sud-Ouest, les éleveurs touchés par cette maladie demandent le versement rapide des aides promises.
Tirs de prédation sur le loup : dans le Sud-Est, les éleveurs de brebis souhaitent simplifier les procédures de tirs de régulation pour diminuer la pression du loup sur leurs troupeaux.
Tirs d’effarouchement contre l’ours : en Ariège, les bergers demandent l'autorisation de tirs d'effarouchement contre les ours, responsables de la mort de nombreuses brebis.
Le Monde, « On veut des agriculteurs performants, capables de nourrir la population, à moindre coût, tout en préservant la nature et le climat », 23/01/2024
L'article aborde les contradictions et les défis auxquels fait face le secteur agricole, non seulement en France mais également dans d'autres pays européens à tradition paysanne.
Le principal problème réside dans les attentes contradictoires envers les agriculteurs : ils sont censés être performants, nourrir la population à moindre coût, tout en préservant l'environnement et le climat. Cette situation crée une crise à la fois économique et d'identité qui dure depuis longtemps et qui continue de provoquer des manifestations d'agriculteurs demandant de meilleurs revenus, plus de reconnaissance et moins de réglementations.
Le soutien de l'État est crucial pour l'agriculture, comme le montre un rapport de l'OCDE qui examine les politiques agricoles de 54 pays. Entre 2020 et 2022, le soutien total à l'agriculture a atteint un niveau record de 851 milliards d'euros. La Chine est en tête de cette aide, suivie de l'Inde, des États-Unis et de l'Union européenne. Les pays où l'agriculture est la plus fragile et improductive, comme la Suisse, le Japon et la Corée du Sud, sont ceux qui fournissent le plus d'aide proportionnellement à leur production totale.
La France se situe dans la moyenne européenne en termes d'aide, avec près de 26 milliards d'euros dépensés en 2022 pour soutenir ses agriculteurs, ce qui représente près d'un quart de sa production. Cette aide prend la forme de subventions (souvent européennes), d'allégements de charges et de financement de la protection sociale.
Le secteur agricole est ainsi devenu hautement réglementé, avec des subventions accordées en échange de respect de diverses contraintes, ce qui entraîne une distorsion des règles du marché et peut influencer les productions en fonction des aides plutôt que de la demande du client. La politique agricole européenne a tenté de s'adapter en passant des interventions sur les marchés à des subventions directes, offrant plus de choix aux agriculteurs mais conduisant également à une plus grande volatilité des prix.
L'article souligne le paradoxe de l'agriculture moderne : tout en étant un grand exportateur, le secteur demande à la fois plus de protection et plus de liberté, illustrant les tensions et les défis auxquels il est confronté.
Le Figaro, Ce millefeuille de normes qui paralyse le quotidien paysan, 23/01/2024
L'article illustre le fardeau réglementaire que les agriculteurs français doivent supporter. Le monde agricole exprime sa frustration face à l'empilement de normes et de règlements qui compliquent leur quotidien.
Ces règles couvrent divers aspects, du code rural à l'environnement et à la foresterie. Un exemple est la directive européenne sur les émissions industrielles (IED), qui abaisse le seuil des élevages concernés par les réglementations sur les rejets polluants, entraînant des coûts supplémentaires significatifs pour les éleveurs.
Les agriculteurs sont également exaspérés par les incohérences et les différences de traitement entre pays et au sein même des filières en France. Par exemple, certains élevages de volailles sont exemptés des nouvelles réglementations tandis que d'autres non, et des produits comme les poulets importés d'Ukraine ne sont pas soumis aux mêmes standards sanitaires.
Les restrictions réglementaires incluent l'interdiction de certains herbicides et insecticides, ainsi que des exigences de la PAC (Politique Agricole Commune) européenne, comme laisser 4 % de terres non cultivées pour les fermes de plus de 10 hectares et l'objectif de convertir 25 % des terres en agriculture biologique d'ici 2030. Ces contraintes, combinées avec la gestion quotidienne des fermes, comme l'entretien des haies et des fossés, sont perçues comme des freins à l'efficacité.
L'administration excessive s'ajoute à ces difficultés, avec des règles complexes pour des projets comme la construction de retenues d'eau, contrastant avec des délais plus courts dans des pays comme l'Allemagne.
Depuis 1965, le code rural français est passé de 755 à 3 068 pages, illustrant l'augmentation considérable de la complexité réglementaire. Cette inflation normative a des conséquences directes sur la position de la France dans le secteur agricole mondial. La France, autrefois deuxième exportateur mondial, est désormais cinquième, et la surface des cultures de betteraves a diminué depuis l'introduction des réglementations sur les néonicotinoïdes.
La Croix, Agriculture : les Français face à leurs contradictions, 26/01/2024
L'article aborde les contradictions auxquelles l'agriculture française est confrontée, mêlant les préoccupations environnementales, les pressions économiques et les réalités politiques. Les Français aspirent à une alimentation saine, locale et responsable, mais la hausse de l'inflation a renforcé l'importance du prix dans leurs choix alimentaires, entraînant une baisse des ventes de produits bio. Cette situation affecte différemment les ménages selon leur niveau de revenu, rendant la transition écologique et alimentaire particulièrement difficile pour les plus précaires.
Sur le plan environnemental, l'agriculture française est à la fois une source majeure d'émissions de gaz à effet de serre et de dégradation de la biodiversité, tout en étant fortement impactée par le changement climatique. Les agriculteurs sont pris entre la nécessité de respecter les normes environnementales et le maintien de leur compétitivité, ce qui suscite des tensions et des mobilisations.
L'écart entre les objectifs politiques, notamment ceux de l'Union européenne avec la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC), et la réalité du terrain est également source de friction. Certains estiment que les politiques actuelles favorisent encore un modèle productiviste et ne correspondent pas aux réalités du marché, notamment en ce qui concerne l'augmentation des surfaces bio.
Enfin, l'exécutif français, sous la présidence d'Emmanuel Macron, est critiqué pour ses contradictions et revirements, notamment sur des sujets tels que le glyphosate et les néonicotinoïdes. Il est accusé de double langage, soutenant les agriculteurs en France tout en prenant des décisions contraires à Bruxelles, notamment en matière de libre-échange et de politique agricole. Cette situation complexe met en lumière les défis considérables auxquels l'agriculture française doit faire face pour concilier les impératifs économiques, environnementaux et politiques.
Libération, «Petit Eloge des cafés» : tant qu’il y aura des bistrots, on ne sera pas en rade, 24/01/2024
L'article de Libération explore le livre "Petit Eloge des cafés" de Léa Wiazemsky, qui célèbre les cafés comme des espaces essentiels de vie sociale et de rencontres en France. Wiazemsky, fille de l'écrivaine Régine Deforges et du dessinateur de presse Wiaz, partage ses souvenirs personnels des cafés, soulignant leur rôle dans la formation de souvenirs et dans la facilitation des relations humaines. Elle évoque notamment le Chai de l'Abbaye à Paris, important pour elle depuis l'enfance.
Le livre traite également des cafés comme lieux de résistance, avec des anecdotes sur des figures comme Jean Moulin et les cafés parisiens de la Résistance. Ces histoires mettent en valeur le rôle crucial des propriétaires de café, comme Mme Goubillon, une résistante de la Seconde Guerre mondiale, et Jeanine Brunet, surnommée la mère Lapipe, propriétaire emblématique du café du Coin au Mans.
L’article note la diminution du nombre de cafés en France, passant de 200 000 dans les années 1960 à 40 000 aujourd'hui, une baisse attribuée à divers facteurs tels que la télévision, le COVID-19, internet et les services de livraison de repas. L'article mentionne l'initiative "1 000 cafés" du groupe SOS, qui vise à revitaliser les communautés rurales en créant ou soutenant des cafés multifonctionnels. Ces espaces servent non seulement de lieux de rencontre et de socialisation, mais aussi de services communautaires comme l'épicerie, le dépôt de pain, le kiosque à journaux et l'agence postale.
L'article illustre également comment les cafés, au-delà de simples établissements, sont des témoins de l'histoire et des acteurs de la vie sociale, soulignant leur rôle crucial dans la société française.
GQ, Le whisky a-t-il une date de péremption ?, 05/01/2024
Voilà une question que certains d’entre vous se sont peut-être déjà posés.
Le whisky, contrairement au vin, ne doit pas nécessairement être consommé rapidement une fois la bouteille ouverte. Sa durée de conservation dépend de la quantité restante dans la bouteille. L'oxydation, qui se produit lorsque le whisky est exposé à l'air, altère le goût du spiritueux. Plus la bouteille est pleine, moins il y a d'espace pour l'oxygène et donc moins il y a de risque d'oxydation. Une bouteille à moitié pleine peut être conservée pendant un ou deux ans, tandis qu'une bouteille aux trois quarts vide devrait être consommée dans les six mois.
Le taux d'alcool et le goût du whisky peuvent être affectés avec le temps. Par exemple, un scotch riche et tourbé perdra de son intensité s'il est laissé ouvert trop longtemps. Pour conserver le whisky plus longtemps, il est conseillé de transvaser le liquide restant dans des récipients plus petits afin de minimiser l'exposition à l'air.
Quant aux bouteilles de whisky fermées, elles peuvent se conserver presque indéfiniment dans de bonnes conditions. Boire du whisky qui a perdu de sa fraîcheur n'est pas dangereux, mais l'expérience gustative peut être décevante.
Finalement, contrairement au vin, le whisky ne s'améliore pas avec l'âge une fois embouteillé. Le vieillissement du whisky se fait uniquement pendant le processus de distillation et de maturation en fût. Il est donc recommandé de ne pas stocker indéfiniment une bouteille fermée, mais plutôt de la savourer.
Les Échos, Les cours du cacao s'envolent à des niveaux stratosphériques, 24/01/2024
L'article traite de l'envolée des cours du cacao, atteignant des niveaux records depuis plusieurs décennies. Les raisons de cette hausse spectaculaire incluent des conditions météorologiques défavorables en Afrique de l'Ouest, notamment en Côte d'Ivoire et au Ghana, qui sont les principaux producteurs mondiaux de cacao. La récolte dans ces pays a été décevante, avec une baisse significative des volumes acheminés aux ports ivoiriens. De plus, la production est affectée par le vieillissement des cacaoyers et des maladies.
Bien que les cours du cacao aient atteint des niveaux exceptionnellement élevés, des experts comme Philippe Chalmin et des analystes de la Citi suggèrent qu'une correction est inévitable. Les prix élevés pourraient réduire la demande de chocolat, un produit non essentiel qui peut être fabriqué avec peu de cacao de qualité médiocre.
Les agriculteurs de Côte d'Ivoire et du Ghana ne bénéficient pas encore pleinement de cette hausse des cours en raison du système de prix administrés. Le prix bord champ, fixé par le gouvernement et basé sur les ventes de l'année précédente, reste inférieur aux prix du marché mondial. En revanche, dans des pays comme le Brésil, l'Équateur, le Nigeria et le Cameroun, où les marchés sont libéralisés, les producteurs bénéficient directement de la hausse des prix.
Ces pays investissent dans l'expansion de leur capacité de production. L'Équateur envisage de dépasser la production du Ghana d'ici 2030, et le Brésil prévoit de doubler sa production d'ici la fin de la décennie.
En Côte d'Ivoire et au Ghana, les agriculteurs ne seront incités à augmenter leur production de cacao qu'à partir d'octobre prochain, lorsque les prix bord champ seront ajustés. Bien que ce système de prix administrés puisse jouer en leur défaveur cette année, il a également pour but de les protéger pendant les années moins rentables.
Les Échos, Alimentation : plus de riz, moins de méthane, 22/01/2024
L'article aborde l'impact environnemental de la culture du riz, particulièrement en termes d'émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre. Les pratiques actuelles de la riziculture, notamment la gestion de l'eau dans les rizières, favorisent la production de méthane. Des initiatives visent à adopter des techniques plus durables pour réduire ces émissions.
La méthode de l'irrigation alternée est l'une des solutions proposées. Elle consiste à assécher partiellement les rizières à plusieurs reprises dans l'année, réduisant ainsi les émissions de méthane de 50 % ou plus. Cependant, cette pratique n'est pas largement adoptée, en particulier par les petits agriculteurs.
Le Système de Riziculture Intensive est une autre approche agroécologique prometteuse. Elle permet de réduire les émissions de méthane, d'améliorer les rendements, tout en réduisant les besoins en semences et en produits chimiques. Cependant, changer les pratiques agricoles est un défi, car cela nécessite de convaincre les agriculteurs d'adopter ces nouvelles méthodes.
Les crédits carbone pourraient encourager cette transition. CarbonFarm, par exemple, utilise l'intelligence artificielle pour surveiller les pratiques agricoles par satellite et attribuer des crédits carbone aux agriculteurs pratiquant l'irrigation alternée. Des projets pilotes sont en cours dans plusieurs pays, dont le Vietnam et le Ghana.
La valorisation de la paille de riz, habituellement brûlée ou enfouie, est une autre piste pour réduire les émissions. Ikea et d'autres start-ups travaillent sur des produits dérivés de la paille de riz.
À long terme, des innovations comme l'irrigation goutte à goutte et les cultures OGM modifiées pour produire moins de méthane pourraient être envisagées. Ces solutions, bien que prometteuses, sont encore au stade expérimental et présentent des incertitudes, notamment en termes de coûts.
Les Échos, Viande rouge : la déconfiture de l'agriculture française, 22/01/2024
L'article souligne la réduction continue du nombre de bovins dans les élevages français, entraînant une baisse consécutive de la production de viande de bœuf et de veau depuis plusieurs années. L'Institut de l'Elevage (Idele) prévoit une nouvelle diminution de la production de viande en 2024, pour la quatrième année consécutive. Cette situation est attribuée au déclin du nombre de vaches sur une période de sept ans, ce qui limite le nombre de bovins disponibles pour la production de viande.
En conséquence, la production de viande bovine devrait diminuer de 1,2 % en 2024, tandis que la filière du veau anticipe également un recul, bien que moins important que les années précédentes. La baisse de consommation de viande rouge en France, exacerbée depuis la crise de la vache folle à la fin des années 1990, a également joué un rôle dans cette situation.
L'impact de la réforme de la politique agricole commune en 2014 est également souligné, avec la suppression des quotas laitiers ayant entraîné une crise de surproduction et des abandons dans la production laitière. Même le secteur du lait bio, initialement une bouée de sauvetage pour les éleveurs, connaît une baisse de demande.
Face à cette diminution de l'offre de viande, les industriels de l'abattage expriment leurs inquiétudes sur la nécessité d'une restructuration, faute de matière première suffisante pour maintenir la rentabilité. Malgré la position de la France en tant que premier producteur de viande bovine en Europe, cette tendance affecte négativement le secteur.
L'article conclut en avertissant que la France devra augmenter ses importations de viande pour compenser la baisse de la production domestique, impactant ainsi négativement la balance commerciale du pays. La diminution des exportations, qui a déjà connu une baisse en 2023, devrait se poursuivre.
Modern Farmer, Can Milk Be Climate-Neutral?, 25/01/2024
L'article explore les efforts des entreprises laitières pour atteindre la neutralité climatique et les défis associés. Les vaches, sources importantes de méthane, un puissant gaz à effet de serre, sont au cœur de la problématique. Les entreprises cherchent à réduire les émissions de méthane et de protoxyde d'azote pour minimiser l'impact environnemental de la production laitière.
L'Institut de l'Elevage de UC Davis souligne l'importance de gérer le méthane produit par les vaches. Pour réduire ces émissions, certaines entreprises laitières testent des suppléments alimentaires comme les algues rouges, qui ont démontré une réduction significative des émissions de méthane entérique. D'autres solutions incluent l'utilisation de digesteurs de méthane pour convertir les émissions de fumier en électricité.
Straus Family Creamery en Californie, par exemple, n'a pas atteint son objectif de neutralité climatique en 2022 mais continue de travailler vers cet objectif en expérimentant diverses technologies et pratiques, y compris un programme incitatif pour les fermes fournissant à la crémerie. La startup Neutral utilise des compensations carbone, bien que controversées, pour atteindre la neutralité climatique tout en travaillant à réduire les émissions sur les fermes. Ils utilisent Agolin, un mélange d'huiles essentielles, pour augmenter l'efficacité de l'alimentation et réduire les émissions de méthane.
Organic Valley, une coopérative de 1 600 agriculteurs, a choisi une approche différente appelée "carbon insetting", investissant dans des pratiques durables au sein de sa chaîne d'approvisionnement plutôt que d'acheter des compensations carbone externes. Ils se concentrent également sur l'assistance technique aux fermiers pour l'adoption de pratiques durables comme l'agroforesterie.
Cependant, il existe des inquiétudes concernant l'efficacité de certaines de ces méthodes, comme les digesteurs de méthane. La neutralité climatique dans le secteur laitier est complexe, et il est crucial de comprendre comment les entreprises définissent et calculent leurs émissions pour éviter le greenwashing.
Eater, We Can’t Escape Health-Coded Buzzwords, 23/01/2024
L'article aborde la tendance des spécialistes du marketing à utiliser des termes évocateurs pour commercialiser des snacks transformés, en créant une image de santé et de naturalité. Récemment, le terme "harvest" (récolte) est devenu populaire. Par exemple, une nouvelle ligne de Pringles utilise le terme "harvest blends", affirmant être fabriquée avec des "multigrains" et offrant des saveurs comme "homestyle" ranch ou "farmhouse" cheddar. D'autres produits tels que les Sun Chips Harvest Cheddar, les repas Daily Harvest, ou le blog de recettes Half-Baked Harvest utilisent également cette technique de marketing.
Le terme "harvest" est utilisé pour évoquer des images de ferme et de produits frais, bien qu'en réalité, il soit peu probable que des produits comme le ranch dressing ou le cheddar soient réellement "récoltés". Le directeur du Food Law Lab de la Harvard Law School, Jacob Gersen, souligne que les marques peuvent librement utiliser des termes sur l'avant de leur emballage tant qu'ils ne trompent pas radicalement le consommateur. L'article note que les ingrédients des "harvest blends" de Pringles sont principalement composés de plus de farine de maïs et de moins de pommes de terre que les Pringles ranch ordinaires, suggérant que "harvest" pourrait simplement signifier "maïs".
New York Times, British Court Answers an Eternal Question: How Much Potato Does a Crisp Contain?, 24/01/2024
L'article traite d'une décision de justice britannique concernant la classification fiscale des Poppadoms de Walkers Sensations, une marque de snacks. La question centrale était de savoir si ces produits devaient être considérés comme des chips de pomme de terre (crisps) et donc soumis à la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) de 20 % réservée aux snacks, ou s'ils pouvaient être exemptés de cette taxe comme la plupart des autres aliments.
Walkers avait soutenu que ses Poppadoms Sensations, inspirés du papadum indien et conçus pour être plus petits et consommés avec des accompagnements comme des chutneys, ne devraient pas être classés comme des chips de pomme de terre. Ils arguaient que les Poppadoms étaient destinés à être préparés et consommés dans un contexte plus large, contrairement aux snacks comme les chips de pomme de terre qui sont des paquets efficaces consommés seuls.
Cependant, le tribunal a rejeté l'argument de Walkers, déclarant que bien que les Poppadoms puissent ne pas contenir autant de pomme de terre que les chips traditionnelles, ils en contiennent suffisamment pour être considérés comme tels aux fins de la TVA. Cette décision s'inscrit dans la lignée d'une décision similaire de 2008 concernant les Pringles.
En conclusion, le tribunal a statué que, bien que les Poppadoms puissent être spirituellement différents, du point de vue légal, ils sont considérés comme des chips et sont donc soumis à la TVA applicable aux snacks. Walkers a la possibilité de faire appel de cette décision.
New York Times, The Menu Trends That Define Dining Right Now, 23/01/2024
Une enquête originale du New York Times qui a décortiqué pas moins de 121 menus issus de restaurants de tous les Etats-Unis.
Les menus des restaurants peuvent être étonnamment révélateurs. S’ils vous indiquent avant tout ce que vous pouvez commander dans le restaurant le plus branché de votre ville un soir donné, ils sont aussi une capsule temporelle de la culture, reflétant le confort, les habitudes, les saveurs et les valeurs d'une époque.
Ils ont donc regardé l’offre de ces menus. Cela va des offres à la mode comme le poisson en conserve et les bols d'olives à 12 dollars qui ne montrent aucun signe de disparition, mais certains plats et ingrédients semblent particulièrement d'actualité. A l’image de la salade César que l’on retrouve aussi bien dans les restaurants mexicains, les restaurants thaïlandais ou les restaurants cubains. Ou encore du poulet frit, qui reste l'une des entrées les moins chères de la carte - et un plat réconfortant familier pour les convives de tous horizons.
Au niveau de l’esthétique, de nombreux restaurants privilégient un menu vertical d'une demi-page, ce qui est “juste la bonne taille pour tenir dans les mains, sans pages à feuilleter et, souvent, avec moins de choix”.
Au niveau de la structuration des menus, de nombreux restaurants se sont éloignés de la présentation traditionnelle plat par plat au profit de sections et de formats plus frais et plus étendus. Ils tentent également de mieux communiquer leurs valeurs. Si le mouvement "de la ferme à la table" a inspiré des menus énumérant tous les fournisseurs locaux, l'accent mis aujourd'hui sur les droits des travailleurs a incité les propriétaires à mentionner le nom de chaque employé ou à préciser qu'ils offrent une assurance maladie.
The Guardian, The tyranny of the algorithm: why every coffee shop looks the same, 16/01/2024
Un long article qui explore comment les réseaux sociaux et les algorithmes ont conduit à une uniformisation des espaces publics, en particulier des cafés. L’auteur y partage son expérience personnelle en utilisant Yelp pour trouver des cafés "hipster" dans différentes villes du monde, notant qu'ils partageaient des caractéristiques communes comme de grandes fenêtres, des tables en bois, et des intérieurs lumineux.
L’article souligne que cette uniformité n'est pas le résultat d'une direction d'entreprise, mais plutôt de l'influence des plateformes numériques et des réseaux sociaux, en particulier Instagram et Yelp. Ces plateformes façonnent les attentes des consommateurs et poussent les cafés à adopter des esthétiques populaires pour attirer une clientèle connectée. L’auteur observe que, bien que les styles aient évolué au fil du temps, l'homogénéité fondamentale est restée.
L’article introduit le concept d'AirSpace, qui désigne des espaces homogènes et sans géographie spécifique, souvent le résultat d'une gentrification. Ces espaces reflètent une uniformité culturelle et sont fortement influencés par les plateformes numériques. L'impact des algorithmes des médias sociaux est également discuté, illustrant comment ils contribuent à une homogénéisation des goûts et des styles, créant un cycle d'uniformisation.
L'article aborde également la globalisation et la perte d'identité locale, notant que cette uniformisation s'étend au-delà des cafés. Les "Instagram walls", conçus pour attirer les visiteurs et encourager le partage en ligne, renforcent cette uniformité visuelle et culturelle. Les propriétaires de café expriment leur frustration face à la nécessité de s'adapter constamment aux exigences changeantes des algorithmes pour maintenir leur visibilité.
Enfin, l’article remet en question le concept d'authenticité dans un monde où l'homogénéité culturelle est omniprésente, soulignant le paradoxe entre la recherche d'unicité et la conformité induite par les algorithmes. L'article met en lumière comment la domination des plateformes numériques a conduit à une uniformisation mondiale dans la conception des espaces publics, remettant en question les notions d'authenticité et d'identité culturelle locale.
Financial Times, Denmark leads the way in incentivising low-meat diets, 25/01/2024
L'article discute de l'approche du Danemark pour encourager les régimes alimentaires pauvres en viande afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. En 2021, le Danemark a mis à jour ses directives diététiques officielles, recommandant que les adultes ne consomment que 350 g de viande par semaine, et a également lancé un Plan d'Action pour les Aliments à Base de Plantes, allouant 675 millions de couronnes danoises pour promouvoir l'alimentation à base de plantes. Le gouvernement danois envisage également une taxe carbone sur l'agriculture.
Le pays a une tradition de collaboration, même entre parties en désaccord, ce qui a permis d'attirer les groupes agricoles dans le mouvement vers des produits biologiques et à base de plantes. Cependant, dans d'autres pays comme les Pays-Bas, l'Italie et le Royaume-Uni, la transition vers une réduction de la consommation de viande a été plus conflictuelle, avec une résistance de la part des agriculteurs et des politiciens.
La National Farmers' Union du Royaume-Uni soutient que les politiques visant à réduire la consommation de viande sont trop simplistes, tandis que certains agriculteurs s'opposent fortement à l'idée d'une taxe carbone sur l'élevage. Les experts estiment que des incitations (carottes) plutôt que des pénalités (bâtons) pourraient être plus efficaces pour encourager le changement, comme le financement de la recherche sur de nouveaux aliments fermentés.
L'Allemagne et le Royaume-Uni ont investi dans la promotion des aliments à base de plantes et de la viande cultivée, bien que ces investissements soient considérés comme insuffisants pour être des leaders dans ce domaine. Des acteurs comme les supermarchés et les gouvernements locaux aux États-Unis, notamment à New York, jouent également un rôle important dans la promotion des régimes à base de plantes.
Le Danemark envisage une taxe carbone sur l'agriculture, qui pourrait être politiquement controversée. L'article souligne que les changements dans les pays riches pourraient avoir un impact mondial, car beaucoup s'orientent vers les habitudes alimentaires des pays riches.
C’est tout pour aujourd’hui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey