Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
La Tribune, Titres-restaurants pour les courses alimentaires : l'Assemblée prolonge leur utilisation jusqu'à fin 2024, 23/11/2023
Le Monde, La boîte de camembert en bois sauvée par le Parlement européen, 22/11/2023
LA Times, Wonder why you get red-wine headaches? This new study might explain the ‘centuries-old mystery’, 22/11/2023
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
La Tribune, Titres-restaurants pour les courses alimentaires : l'Assemblée prolonge leur utilisation jusqu'à fin 2024, 23/11/2023
L'Assemblée nationale a voté en urgence pour prolonger jusqu'à fin 2024 une dérogation permettant d'utiliser ces tickets pour acheter tous types de produits alimentaires, y compris ceux non directement consommables, en réponse à l'inflation élevée. Cette mesure, initialement prévue pour expirer fin 2023, bénéficiera à environ 5,4 millions de salariés.
Le vote a été largement favorable (117 pour, 1 contre), mais doit encore être confirmé par le Sénat. La ministre du Commerce, Olivia Grégoire, a soutenu la prolongation, soulignant la persistance de l'inflation alimentaire. Cependant, elle a mis en garde contre une extension trop large de la dérogation.
Des critiques ont été émises par l'opposition, reprochant au gouvernement une réaction tardive et un manque de prévoyance. Des amendements proposés par la gauche et le Rassemblement National (RN) pour étendre ou pérenniser la dérogation ont été rejetés. Une réforme plus large du système de tickets-restaurants est prévue pour le premier semestre 2024, notamment en raison des inquiétudes des restaurateurs sur le basculement de l'utilisation de ces tickets vers la grande distribution. La Commission nationale des titres-restaurant a mis en garde contre le risque de perte du dispositif si son utilisation pour les courses alimentaires était pérennisée.
Libération, «Le sentiment d’une alimentation à deux vitesses s’exacerbe», alerte une association, 15/11/2023
L'article met en lumière les difficultés croissantes auxquelles sont confrontées les populations défavorisées en France pour accéder à une alimentation de qualité. Le réseau Vrac, une association œuvrant pour fournir des produits alimentaires de qualité à des prix abordables dans des zones défavorisées, a mené une enquête entre avril et octobre 2023. Celle-ci a révélé que de nombreux adhérents ont du mal à se nourrir correctement, en raison de l'inflation et de l'éloignement des commerces.
Les résultats de l'enquête montrent que 56,8 % des personnes interrogées ne peuvent pas acheter les produits alimentaires qu'elles souhaitent et doivent faire des choix difficiles, comme se priver de fromage, de viande ou de charcuterie pour payer les charges. L'article cite des témoignages de personnes qui doivent trouver des astuces pour acheter de la viande ou comparer les prix du poisson pendant un mois avant de pouvoir en acheter.
Un autre problème majeur est l'accès aux commerces. Environ 15 % des adhérents ne peuvent pas se rendre facilement dans les lieux d'approvisionnement en transports en commun ou à pied. De plus, ces personnes déplorent souvent l'absence de produits adaptés à leur régime alimentaire dans leur quartier. Les habitants des quartiers défavorisés rêvent d'avoir des commerces de proximité offrant des produits bio et locaux.
Le sentiment d'une alimentation à deux vitesses s'accentue, où les personnes les plus aisées ont les moyens et l'accès géographique à des produits frais et locaux de bonne qualité, tandis que les plus pauvres sont souvent contraints de choisir des produits de moindre qualité ou de se déplacer loin pour accéder à une alimentation décente.
Le Figaro, Sophie Nicklaus: «Aimer manger des fruits et des légumes, cela s’apprend très tôt!», 23/11/2023
Il s’agit d’une interview avec Sophie Nicklaus, directrice de recherche à l'Inrae et spécialiste des comportements alimentaires. Cette dernière discute de l'importance de consommer des fruits et légumes et des défis associés à leur intégration dans l'alimentation quotidienne.
Sophie Nicklaus souligne que les autorités sanitaires recommandent la consommation de cinq portions de fruits et légumes par jour en raison de leurs nombreux bienfaits, comme une faible densité énergétique et des apports en nutriments essentiels. Malgré cela, leur consommation est sous-optimale en France, avec seulement 54,2 % des Français en consommant quotidiennement. Elle identifie quatre raisons principales à cette sous-consommation : un goût moins naturellement plaisant, un faible apport en énergie, la concurrence des produits agro-industriels, et une approche éducative souvent contre-productive des parents.
Pour encourager la consommation de fruits et légumes chez les enfants, Sophie Nicklaus suggère de commencer l'éducation gustative dès la grossesse et la lactation, et de continuer durant la diversification alimentaire. Elle met en garde contre la "néophobie alimentaire" vers l'âge de 2 à 3 ans, conseillant aux parents de ne pas forcer les enfants mais plutôt de les impliquer dans la préparation des repas et de diversifier les recettes.
Elle note que les repas scolaires en France offrent une excellente opportunité de présenter une variété d'aliments aux enfants, mais reconnaît que la qualité varie selon les établissements. Elle mentionne également le défi économique, surtout pour les familles modestes, car une alimentation riche en fruits et légumes peut augmenter significativement le coût des repas.
Pour améliorer la situation, elle suggère de surtaxer les produits malsains et de réduire les taxes sur ceux bénéfiques pour la santé. Elle appelle également à l'interdiction de la publicité pour les aliments malsains, afin de promouvoir une consommation accrue de fruits et légumes.
Le Monde, La boîte de camembert en bois sauvée par le Parlement européen, 22/11/2023
Nouvel épisode dans l’affaire des boîtes de fromage en bois. Comme mentionné la semaine dernière, celles-ci étaient menacées par une nouvelle législation de l'Union européenne visant à réduire les déchets d’emballages. Le projet législatif proposé par la Commission européenne imposait en effet des objectifs de recyclage pour tous les emballages dans l'UE à partir de 2030. Cependant, cela posait un problème pour les boîtes de fromage en bois, car il n’existe pas de filière de recyclage spécifique pour elles, et leur volume est trop faible pour qu'un tel recyclage soit rentable.
Pour résoudre ce problème, un amendement déposé par le groupe Renew (libéraux) a été adopté, stipulant que l'obligation de recyclage ne s'appliquerait pas aux emballages en bois, tels que les boîtes de camembert, de Mont d'Or, les bourriches d’huîtres, les barquettes de fraises, ou en cire (comme le Babybel), jusqu'à ce que leur situation spécifique soit examinée par Bruxelles.
Le commissaire européen à l'environnement, Virginijus Sinkevicius, a exprimé sa volonté d'exempter de telles obligations les produits associés à des emballages spécifiques, reconnaissant leur importance pour le patrimoine européen. Cet amendement a été bien accueilli, tant par les députés que par les syndicats agricoles, comme une bonne nouvelle pour les producteurs de fromages. Un amendement similaire déposé par le PPE (Parti populaire européen, droite) n’a cependant pas été retenu, ce que regrette l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, qui considère l'amendement de Renew comme un "sursis temporaire".
L’Usine Nouvelle, La chute du cheptel français risque de limiter la production des industries de la viande, 16/11/2023
L'article met en lumière une baisse significative des cheptels français signalée par les Chambres d'agriculture (voir plus bas dans la rubrique “étude de la semaine”). Depuis 2017, une diminution continue du cheptel bovin est observée, s'intensifiant à partir de 2020. Cette tendance affecte également les cheptels porcins et ovins, avec une baisse de 21% en 20 ans pour les porcins et une division par deux de la production ovine en quarante ans. Malgré une diminution de la consommation de viande par habitant, de 104 kg en 1980 à environ 90 kg actuellement, la croissance démographique compense cette baisse.
Cette situation entraîne un risque de "rationnement" pour les producteurs et transformateurs de viande en France. La filière volailles, particulièrement touchée par la grippe aviaire, a vu 45,2% de sa viande consommée importée au premier semestre 2023. Les industries de la charcuterie et de la salaison françaises, telles que Cochonou (groupe Aoste) et le groupe Bigard, font face à des difficultés dues à l'augmentation des prix du porc, ce dernier ayant même annoncé la fermeture d'un abattoir.
La situation en France et en Europe contraste avec la tendance mondiale, où la demande de viande est en hausse, prévue pour augmenter de plus de 10% d'ici 2032. Les projections de l'OCDE et de la FAO indiquent une augmentation de la consommation de porc, volaille et bovin. Dans ce contexte global, les pays du Mercosur dominent le marché, tandis que l'Inde concurrence le Brésil pour le statut de premier exportateur mondial de viande bovine, exportant principalement des zébus et des buffles, malgré les débats sur les conditions sanitaires de production. Cette situation soulève des interrogations sur la place des productions européennes face à une augmentation des importations.
L’Usine Nouvelle, Les leviers à activer pour un système alimentaire sans pesticide, 23/11/2023
Le Parlement européen a rejeté il y a quelques jours l'objectif de la Commission européenne visant à réduire légalement de 50% l'utilisation des pesticides d'ici la fin de la décennie. Cette mesure faisait partie de la stratégie "Farm to Fork". La difficulté de réaliser cet objectif est soulignée, notamment en raison de la nécessité d'adopter des pratiques agricoles plus diversifiées, telles que l'introduction de nouvelles variétés de cultures, l'intégration de couverts végétaux, et la réduction du travail du sol.
Le changement vers une agriculture moins dépendante des pesticides implique une transformation profonde des pratiques actuelles. Par exemple, la diversification des cultures, comme l'utilisation de la luzerne, est un levier important mais se heurte à des défis économiques et structurels. La luzerne est un bon fourrage, mais elle est en concurrence avec des produits comme le soja brésilien.
L'article aborde également le rôle des grandes entreprises agroalimentaires et des coopératives agricoles, qui influencent la standardisation de la production agricole. Il suggère que ces grandes structures pourraient jouer un rôle clé dans l'introduction de la diversité dans les systèmes agricoles locaux. En outre, il mentionne l'importance des petites et moyennes entreprises dans la création de chaînes de valeur alimentaires sans pesticide.
Concernant le consommateur, l'article indique qu'il ne faut pas trop compter sur lui pour initier le changement, surtout en période d'inflation. Les critères environnementaux sont souvent moins prioritaires que le goût, la sécurité alimentaire et le prix. L'article souligne également les incohérences politiques, comme le manque de coordination entre les politiques commerciales et agricoles de l'UE.
Enfin, il critique la politique agricole commune (PAC) de l'UE pour son manque d'ambition dans la promotion d'une agriculture durable et suggère que des outils financiers plus efficaces pourraient être développés, comme ceux soutenant le "carbon farming". Le rejet du texte sur les pesticides est vu comme le symptôme d'une approche trop isolée, qui ne tient pas compte de facteurs interconnectés comme la fertilisation de synthèse.
Les Échos, La future directive Miel crée la discorde autour des ruches, 22/11/2023
La révision de la directive européenne sur le miel crée des tensions entre les apiculteurs et les conditionneurs. Bien que tous les acteurs soient d'accord sur la nécessité de plus de transparence pour le consommateur, leurs opinions divergent sur les détails de la réglementation.
Le miel est l'un des produits les plus sujets à la fraude dans le monde, souvent "coupé" avec des sirops de sucre ou mal étiqueté en termes d'origine géographique et florale. Actuellement, seuls sept pays européens, dont la France, exigent une indication précise de l'origine du miel sur les étiquettes. Les autres peuvent simplement indiquer si le miel provient de l'UE ou de l'extérieur.
Les apiculteurs plaident pour une harmonisation de l'étiquetage et souhaitent aller plus loin en indiquant les pourcentages de chaque miel dans un pot. Cette mesure vise à défendre l'origine française du miel, alors que le secteur connaît une crise, avec environ 63 000 apiculteurs en France, dont seulement 4 % sont professionnels. Cependant, cette proposition crée des divergences au sein de la filière, et l'Interprofession des apiculteurs (InterApi) a choisi de ne pas donner d'avis sur cette question.
Les conditionneurs, de leur côté, estiment que l'origine ne garantit pas la qualité du miel. Ils préconisent des analyses chez les apiculteurs et les conditionneurs pour assurer la qualité, plutôt que de se concentrer sur l'étiquetage des origines. La Famille Michaud, leader européen du miel, partage cette opinion, insistant sur l'absence de techniques fiables pour contrôler les pourcentages d'origine dans un pot.
Le secteur du miel en France est en difficulté, avec des exploitations en péril et une production inégale en raison du changement climatique. En 2022, la production a atteint un record, à plus de 31 000 tonnes, mais les débouchés restent limités, notamment parce que le miel français est plus cher que les miels étrangers. Le marché local absorbe seulement environ 15 000 tonnes de miel français, et la situation est aggravée par l'inflation, qui réduit la demande des consommateurs.
Les Échos, Jade Genin plaide pour le chocolat, 21/11/2023
Un portrait de Jade Genin, la fille du célèbre chocolatier Jacques Genin, qui a tracé son propre chemin dans cet univers gourmand. Malgré ses origines, Jade n'avait pas initialement envisagé de se lancer dans le chocolat. Ses parents, soucieux de son éducation, la voyaient plutôt faire des études dans des domaines comme le droit, la médecine, ou dans une école de commerce ou d'ingénieur.
Jade a été scolarisée dans une école bilingue dès l'âge de trois ans et a pratiqué le patinage artistique. Elle a connu une adolescence rebelle avant de suivre des études de droit à la Sorbonne. Elle est devenue avocate à 24 ans, spécialisée en fusions-acquisitions et private equity chez Latham & Watkins.
Son déclic pour le chocolat est survenu en 2017, lors de la remise de la médaille de chevalier du mérite agricole à son père. Elle a alors compris que le chocolat faisait partie intégrante de son univers. En 2019, elle a quitté son métier d'avocate pour se lancer dans la chocolaterie, commençant par emballer les caramels dans l'atelier de son père. Elle a rapidement montré ses compétences et a pris la tête de l'équipe "chocolat" de la fabrique familiale après la période du Covid-19.
Jade a ouvert sa propre boutique à Paris, dans une démarche de création et d'expression personnelle. Inspirée par des codes de la mode, comme ceux du designer Simon Porte Jacquemus, elle propose des chocolats épurés, concentrés en arômes, avec un travail important sur les associations de saveurs. Elle envisage d'ouvrir une deuxième boutique à Paris et, à terme, de reprendre et de développer l'entreprise familiale, tout en conservant son caractère artisanal.
Modern Farmer, Why is Turkey the Main Dish on Thanksgiving?, 23/11/2023
Semaine de Thanksgiving oblige, voici une question que certains se sont peut être déjà posés : pourquoi la dinde est-elle le plat central lors des célébrations de Thanksgiving aux États-Unis ?
Les origines de cette tradition remontent au milieu du 19e siècle, bien après la première célébration de récolte des Pèlerins en 1621.
Le seul témoignage direct sur le menu du premier festin de Thanksgiving vient d'Edward Winslow, qui mentionne la présence de "fowle", une catégorie qui inclue divers oiseaux sauvages comme les canards, les oies et peut-être des dindes. Cependant, des ingrédients clés des plats traditionnels d'aujourd'hui, comme les pommes de terre, les haricots verts, la farine de blé et le sucre, manquaient à l'époque, éliminant de fait la possibilité d’avoir une tarte à la citrouille et de la sauce aux canneberges.
La réinvention de la célébration des Pèlerins en tant que fête nationale est en grande partie l'œuvre de Sarah Hale, une veuve devenue poétesse et éditrice de Godey’s Lady’s Book. Convaincue que les Pèlerins avaient mangé de la dinde lors de leur premier festin, elle a milité pour la création d'un jour national de "Thanksgiving et de Louange". Cette campagne a pris des décennies, avec une certaine résistance dans le Sud des États-Unis.
La dinde est devenue le plat central de Thanksgiving en raison de deux facteurs principaux. D'une part, elle était pratique pour servir à de grands groupes, étant plus grande que d'autres volailles et moins coûteuse à produire qu'une vache ou un cochon. D'autre part, la dinde était déjà un élément important des régimes alimentaires européens après la colonisation des Amériques. En Angleterre, la dinde était régulièrement consommée par le roi Henry VIII lors de Noël, un siècle avant le festin des Pèlerins.
La position de la dinde en tant que plat de choix pour Noël en Angleterre s'est renforcée au milieu du 19e siècle, en partie grâce à "A Christmas Carol" de Charles Dickens, où Ebenezer Scrooge remplace l'oie modeste de la famille Cratchit par une énorme dinde. Cette représentation a influencé l'idéalisation de Thanksgiving par Hale.
AgFunderNews, Impossible Foods CEO: ‘I feel good about where we are, I do not feel good about where the category is’, 09/11/2023
L’article présente les perspectives du PDG d'Impossible Foods, Peter McGuinness, sur la situation actuelle du marché des alternatives à la viande à base de protéines végétales. Alors que les chiffres trimestriels de Beyond Meat sont en baisse et que la consommation de ces produits chute aux États-Unis, McGuinness affirme que son entreprise surpasse le reste du marché dans le secteur du détail et continue de développer son activité dans la restauration.
Malgré la baisse des ventes au détail dans cette catégorie, Impossible Foods se distingue comme l'entreprise la plus performante aux États-Unis, enregistrant une croissance continue de sa part de marché. McGuinness exprime sa satisfaction quant à la position de son entreprise, tout en reconnaissant les défis auxquels la catégorie est confrontée.
En ce qui concerne la collaboration avec Burger King, McGuinness se dit satisfait de la relation et des ventes, malgré les déclarations du PDG de Restaurant Brands International (société mère de Burger King) sur la priorisation des activités principales de l'entreprise, souvent interprétées à tort comme un désintérêt pour les produits à base de plantes.
McGuinness souligne également l'importance de contrecarrer la perception négative des produits à base de plantes comme étant chimiques et trop transformés. Il reconnaît la nécessité pour chaque entreprise du secteur de corriger cette perception et envisage même une action collective pour y parvenir.
L'obtention de la certification du programme Heart-Check de l'American Heart Association pour l'Impossible Beef Lite est une étape importante pour améliorer l'image de santé des produits à base de plantes. Impossible Beef Lite est présenté comme ayant 75% moins de graisses saturées que le bœuf maigre, sans cholestérol et riche en protéines et micronutriments.
Vegconomist, German Scientists Study Mung Beans as Promising Climate-Resilient Solution for Plant-Based Meat, 23/11/2023
Une étude menée par des scientifiques allemands de l'Université de Bonn et de l'Institut Fraunhofer sur l'extraction des protéines végétales souligne le potentiel des cultures résilientes au changement climatique, comme les haricots mungo, pour la fabrication de viande à base de plantes.
La recherche démontre que, bien que le soja soit actuellement la légumineuse la plus utilisée pour l'extraction de protéines, l'approbation de l'isolat de protéine de haricot mungo comme nouvel aliment par l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) ouvre la voie à des options alternatives, diversifiant ainsi les sources de protéines.
Les chercheurs ont examiné trois méthodes d'extraction de protéines végétales à différents niveaux de pH : la précipitation isoélectrique (IP), la micellisation (MP) et une méthode hybride des deux (HP). Ils ont analysé l'impact de chaque méthode sur la composition des isolats, y compris la pureté des protéines, le rendement, les qualités fonctionnelles et nutritionnelles, et la présence de substances antinutritionnelles (acide phytique et trypsine).
L'étude a révélé que la méthode IP à un pH de 5 donnait le rendement en protéines le plus élevé, à 67,5%. L'ajout de NaCl (chlorure de sodium) pendant l'extraction IP augmentait l'extractabilité des protéines de haricot mungo, mais la concentration en sel résultante affectait le rendement en protéines. La dilution combinée à la précipitation isoélectrique n'a pas permis d'augmenter le rendement en protéines au-delà de 54,8%.
Les trois méthodes d'isolation ont produit des isolats riches en protéines, avec des teneurs dépassant 95%. Cependant, le rendement en protéines obtenu variait de 8 à 19%. Les chercheurs suggèrent que l'upcycling ou la réutilisation des sous-produits est nécessaire pour développer des méthodes d'isolement de protéines économiquement viables et durables.
La méthode HP, combinant l'extraction au sel, la dilution et l'IP, a augmenté le rendement en protéines par rapport à la micellisation seule et a produit un isolat de couleur plus claire avec une activité inhibitrice de la trypsine plus faible. Cependant, ces méthodes n'ont pas réduit la teneur en acide phytique de l'isolat.
L'étude souligne l'importance du pH, de la solubilité, des changements structurels et de l'état natif de la protéine lors de la sélection d'une méthode d'extraction appropriée pour obtenir une pureté et un rendement en protéines optimaux tout en éliminant les antinutriments.
Financial Times, Mars joins push into premium with Hotel Chocolat deal, 20/11/2023
L'article décrit la stratégie adoptée par le groupe Mars, qui s'oriente vers des produits de chocolat premium avec l'acquisition de la chaîne britannique Hotel Chocolat. Cette acquisition, d'une valeur de 280 millions de livres sterling, répond à une demande croissante des consommateurs pour des options plus saines et durables, ainsi qu'à la pression gouvernementale sur les aliments malsains. Les tentatives de créer des versions à faible teneur en sucre des friandises populaires n'ayant pas convaincu les amateurs de chocolat, des entreprises telles que Mars, Hershey et Nestlé se concentrent désormais sur l'achat de marques de meilleure qualité ou plus saines.
Mars Snacking, qui possède des marques grand public comme M&Ms, Snickers, Twix et Maltesers, n'avait jusqu'alors pas de position dans le segment premium occupé par des marques comme Lindt et Godiva. L'acquisition d'Hotel Chocolat comble cette lacune. En plus d'offrir des produits de qualité supérieure, l'acquisition permet à Mars de s'engager davantage dans le domaine de la durabilité.
La production de cacao, essentielle à l'industrie du chocolat, est souvent associée à des problèmes tels que le travail des enfants et la déforestation, en particulier en Côte d'Ivoire et au Ghana, principaux producteurs mondiaux. Des entreprises axées sur la durabilité, comme Tony's Chocolonely, ont connu une croissance rapide grâce à leur engagement envers des pratiques éthiques.
Par ailleurs, l'article note que, malgré la crise du coût de la vie, la consommation de chocolat reste stable, même face à des hausses de prix record. Cependant, des prix élevés du cacao pourraient affecter la demande si les fabricants de chocolat augmentent davantage leurs prix.
Financial Times, Italy bans lab-grown meat, 16/11/2023
L'Italie a interdit la production de viande cultivée en laboratoire dans le but de protéger son puissant secteur agricole et sa culture culinaire traditionnelle. La loi, proposée par le gouvernement de droite de la Première ministre Giorgia Meloni, a reçu l'approbation finale du Parlement. Elle décrit le développement de la viande cultivée et d'autres aliments non traditionnels, tels que la poudre d'insectes à haute teneur en protéines, comme une menace pour l'héritage culinaire du pays.
Le ministre de l'Agriculture, Francesco Lollobrigida, a qualifié l'interdiction de "mesure courageuse demandée par les citoyens", mettant l'Italie à l'avant-garde mondiale. Coldiretti, l'une des plus grandes associations agricoles d'Italie, a lancé une campagne l'année dernière pour une interdiction de la viande cultivée, affirmant qu'elle menaçait l'avenir des fermes italiennes et mettait en péril la chaîne alimentaire du pays. La campagne a recueilli plus de 2 millions de signatures et le soutien de 3 000 gouvernements locaux et régionaux italiens.
Ettore Prandini, le président de Coldiretti, a exprimé sa fierté que l'Italie soit le premier pays à bloquer la vente de nourriture produite en laboratoire dont les effets sur la santé des consommateurs sont actuellement inconnus. Les entreprises agroalimentaires italiennes craignaient que la demande future de viande cultivée parmi les jeunes Italiens, préoccupés par les conséquences environnementales de la consommation de viande, ne nuise à leurs résultats financiers.
La décision n'a pas été bien accueillie par tous en Italie, certains membres du petit parti d'opposition libertaire italien Più Europa ayant accusé Coldiretti de "cultiver l'ignorance" et critiqué la décision. Des groupes environnementaux ont également exprimé leur consternation face à l'interdiction italienne, arguant que cela entraverait la lutte contre le changement climatique. Francesca Gallelli du Good Food Institute Europe a déclaré que cela empêcherait l'Italie de saisir les opportunités offertes par le secteur en pleine croissance de la viande cultivée.
Forbes, Inside The Two Companies That Dominate The U.S. Carrot Crop, 21/11/2023
L'article discute de la consommation de plus en plus importantes de carottes aux États-Unis (oui vous avez bien lu), en particulier pendant la période de Thanksgiving, et de la controverse entourant l'utilisation intensive de l'eau par les deux principaux producteurs, Bolthouse et Grimmway, en Californie.
Les Américains ont consommé environ 100 millions de livres de carottes (soit environ 50 000 tonnes) durant ce Thanksgiving et les carottes fraîches représentent un marché en expansion de 1,4 milliard de dollars. Bolthouse et Grimmway, qui représentent à eux deux près de 60% de la production de carottes aux Etats-Unis, ont été critiquées pour leur utilisation importante de l'eau dans la vallée de Cuyama en Californie du Sud, où elles sont responsables de 67% de la consommation totale d'eau de la région. Cette situation a conduit les résidents locaux à lancer un boycott des carottes, craignant que leurs puits ne s'assèchent à cause de l'exploitation agricole intensive.
Les prix des carottes ont augmenté de plus de 40% depuis 2019, dépassant l'inflation de l'économie américaine. Cette hausse des prix est partiellement attribuée à la consolidation du marché par Bolthouse et Grimmway, décrite comme un duopole.
Les deux entreprises ont également intenté une action en justice ensemble pour décider de la répartition de l'eau à New Cuyama, mais ont depuis retiré leur plainte, bien que les propriétaires fonciers restent impliqués dans le litige. Les résidents locaux et les petites entreprises craignent d'être désavantagés dans les batailles juridiques concernant l'eau, souvent dominées par de grands acteurs commerciaux.
Pendant ce temps, la consommation de carottes continue d'augmenter aux États-Unis, et Grimmway a étendu ses opérations agricoles en dehors de la Californie. Les défis liés à l'eau restent une préoccupation majeure pour l'industrie de la carotte, en particulier dans les régions sujettes à la sécheresse comme la Californie.
The Spirits Business, Alternative agave spirits on the rise, 22/11/2023
L'article discute de l'émergence de spiritueux d'agave alternatifs en dehors des catégories traditionnelles de tequila et de mezcal, en mettant en avant leur croissance et leur potentiel dans le marché mondial des spiritueux.
La tequila et le mezcal, principalement populaires aux États-Unis, mènent la catégorie des spiritueux d'agave, mais d'autres spiritueux moins connus gagnent en popularité. Parmi eux, la raicilla, le bacanora et le sotol (techniquement pas un spiritueux d'agave mais souvent inclus dans la catégorie) sont produits au Mexique, chacun ayant sa propre appellation d'origine. Ces spiritueux connaissent une croissance significative, bien que partant de volumes relativement faibles.
Les volumes mondiaux du bacanora, exclusivement produit dans l'État mexicain de Sonora, ont augmenté de 21% entre 2021 et 2022, tandis que la raicilla, produite au Jalisco, a connu une croissance de 15% et le sotol, fabriqué à partir de dasylirion, a augmenté de 17% sur la même période. Les États-Unis ont enregistré une augmentation collective de 40% du volume de ces trois spiritueux en 2022.
La popularité croissante de ces spiritueux a également été soulignée par le lancement de Nocheluna, un sotol soutenu par Lenny Kravitz, Pernod Ricard et Casa Lumbre. Jon Anders Fjeldsrud, ambassadeur de la marque Casa Lumbre, voit un potentiel pour ces spiritueux mexicains moins connus de devenir plus populaires et plus courants.
En dehors du Mexique, les spiritueux d'agave gagnent également en popularité. Sarah Kennan, fondatrice de la marque sud-africaine de spiritueux d'agave Leonista, souligne que leur terroir unique contribue à leur saveur distinctive. En Australie, le projet Australian Agave vise à montrer ce que l'agave est capable de produire, mettant en avant un profil régional et distinctif.
Rakshay Dhariwal, fondateur et directeur général de Maya Pistola Agavepura en Inde, insiste sur l'importance de célébrer les similitudes et les différences de ces spiritueux d'agave par rapport à la tequila et au mezcal. Sebastian Dresel, directeur exécutif du marketing pour le spiritueux d'agave allemand Selva Negra, voit ces produits comme des ambassadeurs de la catégorie, introduisant de nouveaux consommateurs aux spiritueux d'agave.
LA Times, Wonder why you get red-wine headaches? This new study might explain the ‘centuries-old mystery’, 22/11/2023
L'article discute d'une étude récente parue dans Nature qui pourrait expliquer pourquoi certaines personnes souffrent de maux de tête après avoir bu du vin rouge. Selon cette étude, menée par trois scientifiques de l’Université de Californie, la cause pourrait être la quercétine, un flavonoïde présent dans des aliments comme les oignons, le chou frisé et les graines, et particulièrement abondant dans les raisins servant à faire le vin rouge.
La quercétine en elle-même n'est pas toxique, mais lorsqu'elle est ingérée avec de l'alcool et convertie en quercétine glucuronide, elle peut empêcher le corps humain de métaboliser et de détoxifier l'alcool du vin. Cela peut entraîner une accumulation d'acétaldéhyde, un composé chimique également responsable des gueules de bois. Une enzyme primaire convertit normalement l'acétaldéhyde en une substance moins toxique, et cette interaction pourrait être la clé pour comprendre les maux de tête causés par le vin rouge.
L'objectif de l'étude était double : aider ceux qui souffrent de maux de tête liés au vin rouge à identifier la cause et, potentiellement, à l'éviter à l'avenir, et aider les scientifiques et les médecins à mieux comprendre la nature des migraines et des mécanismes des maux de tête en général.
Les trois chercheurs ont exploré la théorie selon laquelle la quercétine pourrait être responsable des maux de tête, en particulier en relation avec le phénomène de "glow" ou rougeur que certaines personnes éprouvent après avoir bu de l'alcool. Ce phénomène est lié à la façon dont le corps métabolise l'alcool et pourrait être exacerbé par un manque d'une enzyme essentielle.
Des essais sur l'homme pour tester davantage cette théorie pourraient commencer dès janvier au UCSF Headache Center. Si la quercétine s'avère être la cause des maux de tête liés au vin rouge, cela pourrait aider les vignerons à mesurer et étiqueter leurs vins en fonction des niveaux de quercétine, permettant ainsi aux consommateurs d'éviter les vins à haute teneur en quercétine. Cependant, réduire la quercétine dans les raisins pourrait affecter la qualité du vin, car le flavonoïde est également augmenté par l'exposition au soleil, un facteur clé dans le développement des raisins pour le vin.
Foodbev, Interview: Gen Z is driving F&B companies to become more sustainable, 23/11/2023
L'article s’intéresse à l'influence croissante de la génération Z sur la durabilité dans l'industrie alimentaire et des boissons. Barak Bar-Cohen, fondateur et PDG de Sojo Industries, souligne que les consommateurs de la génération Z, qui entrent sur le marché du travail dans un contexte différent de celui des générations précédentes, accordent une grande importance à la durabilité, à la justice sociale et au bien-être animal. Cette génération, ayant grandi en voyant les impacts du changement climatique et d'une pandémie mondiale, est plus consciente de ses choix de consommation, en particulier en période d'inflation et de coûts de la vie élevés.
Les grandes entreprises de l'industrie alimentaire et des boissons contrôlent généralement leurs propres chaînes d'approvisionnement, de la source des ingrédients à la distribution, mais cela reste un défi pour les marques émergentes. Les processus de la chaîne d'approvisionnement, comme l'emballage et la fabrication, jouent un rôle crucial dans l'empreinte environnementale des marques, avec des choix de matériaux et des pratiques de production ayant un impact significatif.
Bar-Cohen recommande aux entreprises de s'engager pleinement dans des pratiques respectueuses du climat, en choisissant par exemple des matériaux recyclables et en travaillant avec des fournisseurs qui adoptent des méthodes de transport et de logistique durables. La technologie, notamment la robotique et l'intelligence artificielle, peut aider à optimiser les chaînes d'approvisionnement pour une plus grande durabilité, en réduisant la dépendance à la main-d'œuvre humaine et en améliorant l'efficacité opérationnelle.
Les préférences de la génération Z influencent déjà l'industrie, avec une croissance dans les catégories de produits tels que les boissons probiotiques, à base de plantes et biologiques. Cette tendance influence également d'autres générations, y compris les générations X et les millénials, à adopter des comportements plus durables. On peut donc s'attendre à ce que l'industrie alimentaire et des boissons intègre rapidement ces préférences dans ses produits.
Geoconfluences, Géopolitique du blé : une céréale dans la mondialisation, 16/11/2023
Le blé est la deuxième céréale au monde par les volumes produits, mais la première par les volumes échangés. Céréale historiquement consommée dans plusieurs aires géographiques (Bassin méditerranéen, Chine et Inde, Europe, Amérique du Nord), le blé l'est de plus en plus hors de ces régions, sous l'effet de la mondialisation et des stratégies des pays producteurs à la recherche de débouchés. Certains États dépendent intégralement des marchés internationaux pour leur approvisionnement en blé. Dans un contexte de forte augmentation du prix des denrées agricoles, c'est la sécurité alimentaire de régions entières qui est menacée.
Chambres d’Agriculture, Regards d’avenir sur l’élevage en France, Novembre 2023
Une étude complète qui dresse un panorama de la situation de l’élevage en France, tant sur le plan des effectifs d’éleveurs sur longue période, des productions qu’ils réalisent et des revenus qu’ils en tirent mais également un panorama des importations françaises de viande. A partir de ces éléments chiffrés et de ces analyses, les Chambres d’Agriculture ont produit des scenarii relatifs aux futurs de l’élevage en France.
Les principaux constats sont :
La France perd tous les dix ans de plus en plus d’exploitations. Le décrochage est particulièrement saillant en élevage laitier, où les exploitations sont passés de 175 000 en 1988 à 35 000 en 2020 ;
Quel que soit le secteur animal, les cheptels reculent, posant la question de l’approvisionnement du marché national et donc de la montée de la dépendance aux importations ;
Les échanges extérieurs sont excédentaires en animaux vivants et en produits laitiers, mais sont de plus en plus déficitaires en viandes transformées, le secteur le plus touché par cette dynamique étant la volaille ;
La consommation de viande en France diminue : entre 1980 et 2021, les Français ont réduit de 15 kg leur consommation, notamment de viande bovine ;
L’évolution de la consommation de produits animaux issus d’élevages bio est une source de préoccupation ;
La liste des facteurs contribuant fortement au discrédit de l’élevage en général s’est à la fois allongée et renforcée
L’Express, En 2093, ce sera manioc, chicorée et viande hybride au menu, 21/11/2023
À l’occasion des 70 ans de l’Express, le journal interrogé des personnalités, entrepreneurs, experts pour esquisser le futur de notre monde, dans 70 ans. Dans cet épisode, nous découvrons ce que nous allons manger dans le futur. Le journaliste Antoine Perrin a rencontré Céline Laisney, directrice d'AlimAvenir, cabinet de veille prospective sur l’alimentation du futur.
Les Échos, Agriculture : le maïs n'a plus le vent en poupe, 21/11/2023
Symbole de l'agriculture intensive, réputé trop gourmand en eau, le maïs est de plus en plus contesté en France. « La Story » tente de démêler le vrai du faux autour de cette plante.
Cherchez l’erreur…
Il n’y a pas la queue partout chez Cédric Grolet ;)
14 euros pour une salade de carottes, Belleville ce n’est plus ce que c’était. Time Out Paris semble parfois vivre dans un autre monde.
C’est tout pour aujourd’hui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey