🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2023-14
Bonjour à toutes et à tous, je vous propose cette newsletter dans laquelle vous trouverez quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le Figaro, Daniel Kretinsky déclenche une bataille pour le contrôle de Casino, 24/04/2023
LSA, Le plan de Getir-Gorillas pour survivre au redressement judiciaire, 27/04/2023
Wall Street Journal, Pepsi’s New Healthy Diet: More Potato Chips and Soda, 22/04/2023
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Figaro, Daniel Kretinsky déclenche une bataille pour le contrôle de Casino, 24/04/2023 + Le Monde, Distribution : les grandes manœuvres autour de Casino lancent une consolidation longtemps retardée, 25/04/2023
Les grandes manoeuvres sont lancées autour du groupe de distribution Casino, qui détient notamment Monoprix, Naturalia, Franprix ou encore le site de vente en ligne Cdiscount. Le groupe est en effet fragilisé par une dette de près de 6,4 milliards d'euros de sa maison mère Rallye que plusieurs ventes d'actifs n'ont pas suffi à rembourser.
Actuellement, il dispose toutefois de deux propositions de reprise sur la table. A celle amenée par l’entité Teract, déjà évoquée ici et ici, vient s’ajouter une offre de dernière minute de la part du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Ce dernier détient déjà 10% de Casino et s’est associé à Marc Ladreit de Lacharrière, qui en détient environ 12% via Fimalac, pour proposer une augmentation de capital de 1,1 milliard d'euros. Kretinsky apporterait 750 millions d'euros, ce qui lui permettrait de prendre le contrôle de Casino, avec au moins 40% du capital. Marc Ladreit de Lacharrière apporterait 150 millions d'euros et le solde (200 millions) proviendrait des autres actionnaires de Casino. Toutefois, la première condition pour la proposition de Daniel Kretinsky exige une réduction substantielle de la dette brute non sécurisée du groupe par voie de rachat en numéraire et de conversion en capital. Cette exigence s'adresse aux détenteurs de dette obligataire pour un montant nominal de 3,6 milliards d'euros. Casino a pris note de la proposition, mais il n'a pas encore pris de décision.
Cette semaine un nouvel acteur a annoncé son soutien au projet de reprise de Teract : le groupement des Mousquetaires (Intermarché, Netto) s'est en effet dit prêt à devenir actionnaire de l'entité chapeautant les activités de distribution de Teract et Casino. Le groupe ferait un investissement de 100 millions d'euros pour une participation minoritaire au nouvel ensemble, mais sans apporter le moindre magasin. Dans l’affaire, Intermarché récupèrerait “une centaine de points de vente de Casino”. Casino, Teract et Intermarché précisent que des cessions “représentant au minimum 1,1 milliard d'euros de chiffre d'affaires” pourraient être réalisées sur plusieurs années au profit d’Intermarché (il s’agirait de supermarchés, d'hypermarchés et de quelques Franprix).
Le second article s’intéresse aux tentatives, souvent avortées, de consolidation de la grande distribution française ces dernières années. Les tractations actuelles autour de Casino représentent ainsi “une étape majeure” dans la recomposition du secteur de la grande distribution en France.
Comme le souligne l’article, “tous les concurrents observent la situation. Ce qui étonne, c’est l’absence de Carrefour”. En effet, le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, s'est prononcé à plusieurs reprises pour la consolidation du secteur, mais a échoué à trouver un partenaire stratégique. Toutefois, depuis le rejet par le gouvernement français d'un rapprochement avec le distributeur canadien Couche-Tard en janvier 2021, Carrefour a changé de stratégie et ne cherche plus d'opérations de consolidation majeures. Le distributeur est même sorti de sa centrale d'achat conjointe avec Système U en septembre 2022 pour créer une plate-forme avec ses filiales européennes.
Le Figaro, Inflation : les producteurs de tomates dénoncent les marges «abusives» de la grande distribution, 25/04/2023
Dans un récent communiqué, les producteurs français de tomates dénoncent les marges abusives pratiquées par certaines enseignes de la grande distribution.
En se basant sur des données FranceAgriMer, le communiqué souligne que “la marge brute sur la tomate grappe origine France avait déjà atteint 1,82 euro fin mars soit un taux de marge de 84%”
Cependant, FranceAgriMer précise que la marge brute des fruits et légumes correspond “à la marge commerciale unitaire de la grande distribution considérée dans son ensemble (centrales d'achat, plates-formes logistiques des enseignes et magasins)” et “peut également intégrer la marge commerciale des grossistes”.
Du côté des distributeurs, on réfute cette attaque. Comme le souligne Système U, “la marge qu'on prend sur les tomates françaises ou espagnoles est la même, et a même baissé.”
Reste que pour le consommateur le prix de la tomate a augmenté de 25% en un an. D’après FranceAgriMer, un kilo de tomates rondes origine France (57-67 ou 67-82 mm en vrac), en grandes et moyennes surfaces, coûtait en mars 4,89 euros (+10% par rapport à avril 2022), contre 4,39 euros pour son équivalent espagnol (+8%) et 4,05 euros pour son équivalent marocain (+98%).
Le Monde, « La viande cultivée peut représenter un atout pour répondre aux défis environnementaux », 22/04/2023
Dans cette tribune, une quinzaine d'universitaires affirment que les critiques à l'égard de la viande cultivée sont souvent “un prétexte pour maintenir le statu quo de nos régimes alimentaires fortement dépendants de l'élevage”.
Les auteurs estiment qu'il est nécessaire de ne pas perdre de vue que “notre consommation de viande actuelle est intenable” et que la recherche d’alternatives à la viande est nécessaire.
S’ils admettent que “les premiers résultats des études sur l'impact environnemental de la viande cultivée étaient excessivement optimistes”, ils mettent en avant le fait que de récents travaux ont montré que la viande cultivée “peut représenter un atout pour répondre aux défis environnementaux”.
Ainsi, une analyse du cycle de vie datant de 2021 (la première à utiliser des données directement issues des entreprises du secteur) a montré qu’avec “un mix énergétique décarboné la viande cultivée est meilleure pour l’environnement que la viande de poulet, de porc ou de bœuf”. Avec “un mix énergétique non décarboné, elle reste bien meilleure que le bœuf sur le plan environnemental, mais moins bonne que le poulet ou le porc”. Par ailleurs, “dans tous les scénarios, la viande cultivée nécessite moins de terres que la viande conventionnelle”.
En outre, la viande cultivée est surveillée par les agences de sécurité alimentaire, qui affirment que les dangers potentiels de cette technologie ne sont pas nouveaux et peuvent être gérés.
Enfin, les auteurs de la tribune mettent en avant le fait que “le manque de données devrait davantage nous inciter à financer la recherche publique sur le sujet pour accroître nos connaissances” plutôt que de “nous conforter dans nos habitudes de production risquées et inconciliables avec un monde durable”.
Le Figaro, Le mode de calcul du Nutri-Score va changer en fin d'année pour promouvoir des choix alimentaires plus sains, 25/04/2023 + Les Échos, Le Nutri-Score a poussé l'industrie alimentaire à revoir des milliers de recettes, 29/04/2023
Le Nutri-Score, système d'étiquetage nutritionnel présent dans six pays européens, va voir son mode de calcul changer à partir de fin 2023.
Les autorités sanitaires et agroalimentaires de plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne, ont annoncé que ce nouvel algorithme renforcera l'efficacité du Nutri-Score en le faisant correspondre davantage aux principales recommandations alimentaires des pays européens pour guider les consommateurs vers des choix plus sains.
Cette révision a été entreprise après des critiques sur le caractère obsolète ou inadapté de certaines de ses recommandations. Après une première étape en 2022 pour les aliments solides, les travaux sur les boissons viennent d'être achevés. Cette mise à jour du Nutri-Score, qui sera coordonnée entre les six pays concernés, notamment la prise en compte de l'utilisation d'édulcorants dans les boissons, doit être introduite dans la réglementation d'ici fin 2023 et les entreprises auront deux ans pour adapter leur étiquetage.
Dans le second article, Serge Hercberg, dont les travaux avaient servi de base à la création de l'indice, explique ce qui a motivé ces changements.
Ainsi, il explique que l’n sait désormais “que les édulcorants n'ont pas un intérêt réel dans les boissons sans sucre” et qu’ils “pourraient même avoir un effet délétère”. Par conséquent le score des boissons édulcorées va passer de B à C. Dans le même esprit, les boissons lactées aromatisées et les yaourts à boire ont été déclassés car elles “contiennent des quantités de sucre non négligeables, proches des sodas”. Elles vont passer de A ou B à D ou E. Dans les boissons la seule ayant désormais la note A est l’eau.
Les Échos, Comment les eaux minérales s'adaptent à la sécheresse, 23/04/2023
C’est un marché à 3 milliards d’euros (pour 9 milliards de litres vendus).
Comme l’explique l’article, les minéraliers puisant l’eau dans “des nappes ultra-profondes peu dépendantes de la pluviométrie à court terme” ne se sont jamais posé de question par rapport au niveau de ces nappes. Néanmoins, les sécheresses à répétition font que “le sujet s'invite à leur table”.
L’article précise qu’il faut “des années pour que l'eau de pluie traverse les couches de roches et de sédiments avant de s'installer, chargée de minéraux, dans les aquifères servant de ressource aux minéraliers”. Ainsi, le manque de pluie est une vraie menace pour eux.
Contre toute attente, “l'exploitation de l'eau minérale ne représente qu'environ 0,3 % des prélèvements d'eau potable chaque année”. Toutefois, certains exploitants réduisent leur production par précaution. C’est le cas par exemple de Wattwiller, en Alsace, qui a annoncé en début d'année qu'il plafonnait sa production pour préserver sa source. Du côté de Nestlé Waters (Vittel, Contrex et Hépar), on a dû réorganiser les prélèvements suite aux arrêtés rendus l'an dernier par la préfecture des Vosges.
Si “les mesures de restriction des prélèvements d'eaux de source et minérales restent prises au coup par coup par les préfectures en fonction de l'état des ressources”, l'urgence climatique fait que “de nouvelles pratiques commencent à émerger”.
LSA, La fumaison française de saumon menacée par la hausse des cours, 24/04/2023
Dans un communiqué, les Entreprises du Traiteur Frais (ETF) s’alarment de la “flambée historique des coûts de production pour les entreprises françaises de fumaison”, qui fournissent près de 70 % du marché national.
D’après le communiqué, “le prix du saumon de Norvège, à l'origine de 53 % du saumon fumé en France, a ainsi quasiment doublé en deux ans (+96,65 %), entre le premier trimestre 2021 et le premier trimestre 2023”. Cette augmentation des prix est due à la forte demande mondiale, en particulier de la Chine (+25 % d'exportations de saumon frais de la Norvège vers la Chine), et à la baisse de l'offre, en raison de la baisse de la biomasse liée à la chaleur de l'été 2022 (-75 % de production en Ecosse sur les 3 derniers mois) et des difficultés sanitaires en Amérique latine.
Cette situation devrait se prolonger, car les cours historiquement élevés du saumon frais s'inscrivent dans la durée, et la production risque de ne pas faire face, avec une baisse attendue notamment en Norvège, principal pays producteur. Dans le même temps, les entreprises de fumaison font également face à la hausse généralisée de leurs charges (énergie, emballage, transport, main d'oeuvre...). Dans ce contexte, la filière, qui est composée d'une trentaine de Petites et Moyennes Entreprises (PME) et Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI), employant 2 600 personnes, appelle tous les acteurs à faire preuve de compréhension et de solidarité, comme en 2022.
LSA, Le plan de Getir-Gorillas pour survivre au redressement judiciaire, 27/04/2023
Getir France, qui a racheté son principal concurrent Gorillas l’an dernier, est désormais en cessation de paiement et est engagé dans une procédure de redressement judiciaire
Dans le cadre de cette procédure, LSA a réussi à se procurer des documents confidentiels sur la situation du leader du Q-commerce. Le moins que l’on puisse dire c’est que les finances sont au plus mal. Ainsi, “Gorillas a perdu presque 38 millions d'euros en 2021 pour 9 millions d'euros de chiffre d'affaires, puis 57 millions en 2022, pour des revenus de 25 millions. Ces ratios sont pires encore chez Getir : 2,4 millions de chiffre d'affaires en 2021 et 22 millions d'euros perdus, puis 23 millions de CA en 2022, avec des pertes qui bondissent à 99 millions d'euros”. En cumulé, cela donne plus de 215 millions d'euros de pertes depuis leur arrivée en France en 2021…
Ainsi, d’après l’article, Getir, perd “en moyenne plus de 6 millions d'euros par mois en France” et Gorillas “près de 3 millions d'euros par mois”. Les 2 entreprises reconnaissent qu’elles “n'arrivent pas à atteindre le seuil de rentabilité permettant de passer d'un modèle déficitaire de start-up en phase de croissance à un modèle économiquement rentable sur le long terme”.
Pour expliquer cette situation, les 2 entreprises expliquent qu’elles subissent “les effets de l'inflation des produits alimentaires depuis fin 2022” et que “la fréquence et le montant des commandes ainsi que le prix moyen des produits achetés ont fortement diminué”. Par ailleurs, l’article précise que “leur parc de dark stores (est) surdimensionné”. Ainsi la moitié des dark stores de Getir France “ne sont pas utilisés, tandis que d'autres ne sont pas adaptés au niveau d'activité” et chez Gorillas sur 30 dark stores “environ la moitié (sont) inactifs”. Or Getir et Gorillas ne peuvent pas résilier les baux de ces dark stores. D’où ce passage en redressement judiciaire qui “devrait ainsi permettre de trouver des solutions auprès des bailleurs”.
Bref le secteur du Q-commerce aura brûlé beaucoup de cash depuis 2021 mais ne semble pas avoir trouver de marché dans l’Hexagone.
Le Parisien, Sécheresse en Espagne : faut-il craindre une hausse des prix des fruits et légumes, voire une pénurie ?, 25/04/2023
La sécheresse précoce qui a sévi cette semaine en Espagne risque d’avoir des conséquences désastreuses sur l’agriculture du pays. Et par effet boule de neige elle aura des conséquences sur les prix des fruits et légumes en France.
En effet, l’Espagne est un fournisseur important du marché français : le pays produit “quatre fois plus de concombres que la France, dont elle est le premier fournisseur” et exporte “100 000 tonnes de tomates dans l'Hexagone”. De plus, près de “deux tiers des melons qui arrivent sur nos marchés” proviennent du sud de l'Espagne.
Alors que les rendements seront inférieurs aux années précédentes pour cause de manque d’eau, “les prix vont forcément augmenter pour les courgettes, les tomates, les salades, pêches, nectarines et abricots qui doivent arriver en France en mai et juin” selon le spécialiste de la grande distribution Olivier Dauvers.
Financial Times, Europeans shouldn’t laugh about that $29 NYC sandwich, 24/04/2023
Cet article fait suite à un tweet publié il y a quelques qui montrait un simple sandwich jambon-fromage vendu 29$ dans un magasin de New York.
Comme dit dans le titre, cet article conseille aux Européens de ne pas trop s’en moquer car “il convient de se demander si (ce sandwich) n'est pas un avertissement pour les consommateurs européens”. En effet, selon l’article, “les Européens pourraient bientôt être exposés aux mêmes prix exorbitants pour les aliments frais, à mesure que le secteur agroalimentaire du continent s'oriente lentement vers le modèle américain consolidé”.
Ainsi, il explique que depuis trois décennies, les consommateurs européens ont profité d'une abondance de produits à des prix abordables, disponibles toute l'année dans les supermarchés. Les grandes enseignes de la grande distribution européennes, telles qu'Aldi, Tesco ou Auchan, ont dicté les prix des produits frais grâce à leur contrôle du marché européen, l'un des plus lucratifs et des plus compétitifs au monde.
Toutefois, deux tendances vont changer cette donne :
la consolidation du marché
le changement climatique.
En Europe, l'industrie agroalimentaire subit la même transformation que celle qui s'est produite aux États-Unis, où les coûts élevés de l'investissement en capital et de la conformité réglementaire ont poussé les exploitations agricoles à se regrouper et à s'intégrer à la chaîne de valeur. Cela a donné naissance à des entreprises familiales plus complexes et plus grandes, mieux équipées et disposant de plus de moyens pour négocier avec les fournisseurs et les acheteurs. Cependant, cela signifie également que le marché devient de plus en plus monopolistique, ce qui entraînera une hausse des prix des denrées alimentaires.
Le changement climatique, avec une volatilité accrue, se traduira par des chocs plus fréquents dans la chaîne d'approvisionnement, ce qui aggravera la situation.
En fin de compte, il est probable que les produits frais seront bientôt considérés comme un luxe en Europe, à l'image des États-Unis, où les consommateurs paient déjà des prix exorbitants pour un simple sandwich.
Modern Retail, As Amazon looks to invest in other grocery formats, the future of Whole Foods remains unclear, 20/04/2023
Dans sa lettre annuelle aux actionnaires de 2022, Amazon a fait allusion à ses projets d'investissement dans un modèle d'épicerie de masse, mais a laissé entendre que sa chaîne Whole Foods ne répondait pas à ce besoin. Le PDG d'Amazon, Andy Jassy, a ainsi écrit que Whole Foods est sur une “voie encourageante”, mais que pour avoir un impact plus important sur les épiceries physiques, “nous devons trouver un format d'épicerie de masse qui, selon nous, vaut la peine d'être développé à grande échelle”.
Selon les experts du secteur, bien que Whole Foods occupe un créneau haut de gamme dans le secteur de l'épicerie, la chaîne ne sert pas vraiment le marché de masse de la même manière que ses rivaux Kroger ou Albertsons. .
Comme l’explique l’article, après le rachat de Whole Foods en 2017, Amazon a concentré ses efforts sur l'innovation technologique dans l'épicerie, ce qui a donné naissance notamment aux magasins de proximité Amazon Go en 2018. En 2022, Amazon a fait le pari d’un nouveau format d'épicerie avec Amazon Fresh, qui compte désormais 42 magasins.
Selon Sean Turner, directeur de la technologie de la startup Swiftly, les remarques d’Andy Jassy sont le signe qu'Amazon veut désespérément réussir sur le marché de l'épicerie. Selon lui, “Amazon est à la recherche d'un modèle lui permettant d'avoir une épicerie qu'il peut utiliser pour servir les clients plus fréquemment et à moindre coût que ce qu'il est capable de faire pour ses achats en ligne”.
Wall Street Journal, Why Is It So Hard to Get the Wines We Really Want?, 02/03/2023
Un article sur la multiplicité de lois qui restreignent fortement le commerce de vin aux Etats-Unis.
Premier exemple avec le New Jersey où il existe par exemple une loi qui empêche les vignobles qui produisent (ou détiennent une participation dans un vignoble qui produit) plus de 250 000 gallons (ou environ 105 000 caisses) par an, d'expédier du vin directement aux consommateurs.
De plus, les expéditions directes de vin entre États par les détaillants et les consommateurs sont autorisées dans 13 États et dans le district de Columbia. Certains États limitent les livraisons directes d'alcool du détaillant au consommateur, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de l'État. Toutefois, lorsqu'une cave, et non un détaillant, se charge de l'expédition, 47 États autorisent les livraisons directes aux clients, bien que presque tous les États posent des conditions, notamment en limitant le nombre de caisses qu'un consommateur peut acheter.
Cette approche de la vente d'alcool aux États-Unis remonte en fait à la fin de la Prohibition, en 1933, lorsque chaque État a établi ses propres lois en matière de vente et de distribution d'alcool. Le système dit à trois niveaux, dans lequel une cave vend à un distributeur, à un importateur ou à l'autorité de régulation des alcools de l'État, qui vend à un restaurant ou à un magasin, qui vend à son tour aux consommateurs, est devenu le mode de distribution standard dans la plupart des États.
Les détracteurs de ce système sont de plus en plus nombreux. Ils affirment notamment que le système à trois niveaux est devenu pénalisant pour les consommateurs et les établissements vinicoles, d'autant plus que les petits distributeurs disparaissent ou sont regroupés au sein d'une poignée d'entreprises de plus en plus grandes.
Wall Street Journal, Pepsi’s New Healthy Diet: More Potato Chips and Soda, 22/04/2023
Pendant des années, le groupe PepsiCo a essayé de mettre de côté ses racines dans la malbouffe et de réorienter ses activités vers des produits plus sains comme le houmous, le yaourt, le kombucha, les chips de légumes et les barres aux fruits et aux noix. L’ancienne PDG Indra Nooyi s'était engagée à transformer le géant des snacks et des sodas en un géant de la santé et a élargi la gamme de produits "bons pour la santé" de l'entreprise. Toutefois le groupe a constaté que, si de nombreux consommateurs affirment vouloir manger plus sainement, ce qu'ils veulent en réalité ce sont des chips. Désormais Pepsico met les bouchées doubles sur ses produits stars comme Pepsi, Doritos et Lay's. Le PDG du groupe, Ramon Laguarta, affirme en effet que le fait de se concentrer sur les aliments que les gens veulent manger n'est pas seulement bon pour le business. Selon lui, cette stratégie aura également des effets bénéfiques sur la santé publique.
Pepsico part en effet du principe que de nombreuses personnes continueront à manger des chips quoi qu'il arrive. Par conséquent, le groupe s'efforce discrètement de rendre ses en-cas et ses boissons un peu moins mauvais pour la santé. PepsiCo a ainsi progressivement réduit la quantité de sodium, de graisses saturées et de sucre dans ses produits, et affirme vouloir la réduire encore davantage, sans que les consommateurs s'en aperçoivent.
L’article raconte comment une équipe d'une dizaine de dégustateurs professionnels est au cœur de cet effort. Plusieurs fois par semaine, ces derniers essaient la dernière tentative de PepsiCo pour réduire la teneur en sel de ses chips. Les membres du panel sensoriel, comme on les appelle, suivent des mois de formation afin de pouvoir évaluer, sur une échelle de 0 à 15, les subtiles variations de saveur et de texture. Car réduire le sel dans les chips est un exercice pas si simple qu’il y paraît. Il faut en effet que celle-ci conserve un goût suffisamment savoureux pour que les consommateurs ne le remarquent pas.
Cette nouvelle approche de Pepsico n'est pas du goût des experts en nutrition, qui associent la consommation d'aliments ultra-transformés, de snacks salés et de boissons sucrées à toute une série de problèmes de santé, allant du diabète aux maladies cardiaques.
L’article s’interroge donc : “Quelle est la meilleure approche? Encourager l'abstinence ou inciter les gens à opter pour des solutions moins risquées ?”
Selon le PDG, les marques plus petites et plus saines de PepsiCo, telles que les chips de légumes Off the Eaten Path, sont des marques de niche qui attirent les consommateurs aisés. A propos de ces marques il dit notamment : “est-ce vraiment ainsi que nous changerons la façon dont les gens consomment les produits et l'impact sur leur régime alimentaire ?”. Il explique que son objectif plus large est de donner aux consommateurs des “choix positifs”, à la fois pour leur santé et pour la planète.
Les experts en nutrition et les scientifiques de l'alimentation affirment de leur côté que les efforts de PepsiCo pour réduire le sucre, le sodium et les graisses saturées pourraient améliorer la santé publique à court terme, mais qu'il y a une limite à la quantité de sel que l'on peut retirer d'une chips avant qu'elle n'ait plus de goût. Selon eux, les gains à long terme en matière de santé publique ne se matérialiseront pas tant que les gens n'abandonneront pas les aliments ultra-transformés au profit d'aliments complets tels que les noix, les céréales complètes, les légumes et les fruits.
The Economist, The cucumber Saudis: how the Dutch got too good at farming,
Un sous-titre évocateur : comment les Néerlandais sont devenus trop bons en agriculture?
Rappelons tout d’abord que les Pays-Bas, petit pays de 17,5 millions d’habitants et avec une Surface Agricole Utile de 1,82 million d’hectares (26,8 millions pour la France), sont devenus le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires, derrière les États-Unis. Même si, sur les quelques 100 milliards d'euros d’exports une partie est constituée de denrées alimentaires qui sont importées puis réexportées, les Néerlandais produisent par exemple deux fois plus de fromage par habitant que la France.
L’article s’intéresse notamment à une ferme laitière flottante à Rotterdam (oui oui vous avez bien lu) qui est décrite comme “l'apothéose de siècles de réflexion néerlandaise sur la manière de produire beaucoup de nourriture dans un coin surpeuplé du nord de l'Europe”. Le projet se nomme Floating Farm.
L’article explique que “la pénurie alimentaire qui a sévi pendant la Seconde Guerre mondiale a convaincu les Néerlandais qu'ils devaient cultiver autant que leurs champs le permettaient”.
Les limites du modèle agricole néerlandais sont soupçonnées depuis des décennies. Ainsi, dès les années 1980, les autorités ont compris que l'importation d'une grande quantité d'aliments pour animaux entraînerait une grande quantité d'excréments d'animaux. Pourtant, les limites de la terre n'ont cessé d'être testées : chaque acre de la ferme néerlandaise accueille quatre fois plus d'animaux, en termes de poids, que les autres fermes d'Europe.
Un sondage à destination des 18-26 ans qui ne vous prendra que 3 minutes pour répondre à la question : “Quel regard portez-vous sur les commerces de bouche ?”.
Un commerce de bouche : Boutique indépendante de quartier qui source, transforme ou vend des produits alimentaires (boucher, boulanger, poissonnier, caviste, fromager, épicerie fine…). Cela se passe ici.
C’est tout pour aujourd’hui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey