🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2023-08
Bonjour à toutes et à tous, je vous propose cette newsletter dans laquelle vous trouverez quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Cette semaine, Salon de l’Agriculture oblige, je vous propose une sélection plus riche que d’habitude sur l’agriculture afin de mieux comprendre les enjeux de sécurité alimentaire et les problèmes de la filière bio.
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Challenges, Salon de l'agriculture : au secours, la France perd sa souveraineté alimentaire!, 24/02/2023 + Le Parisien, Salon de l’agriculture : le steak frites made in France est-il en danger ?, 24/02/2023
Alors que contrairement à ce que l’on peut penser la consommation de viande bovine ne baisse pas en France, le cheptel bovin français est par contre en baisse pour la sixième année consécutive. La filière bovine française vit donc une “crise profonde” qui est causée par le manque d’attractivité du métier ainsi qu’une faible rentabilité de l’activité. La souveraineté alimentaire du pays est donc mise à mal, et ce d’autant plus que “plus de la moitié des éleveurs français âgés de plus de 50 ans”.
Même constat pour le porc avec plus d'un quart de notre consommation, notamment de jambons, qui provient d'Espagne et d'Allemagne. Dans l’élevage laitier, le nombre de vaches laitières est également en baisse, ce qui fait que “la pénurie de lait et de beurre menace en permanence l'industrie, qui a de très gros besoins en matières grasses”.
Vous l’aurez compris, malgré l’image d’Epinal véhiculée par le Salon de l’Agriculture et le constat que la France possède toujours le cheptel bovin le plus important d'Europe, l’heure n’est pas vraiment à la fête dans les filières viandes françaises.
Autre illustration de cette probable perte de souveraineté alimentaire d’ici quelques années avec un plat emblématique : le steak frites. Comme le résume Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, “je dirais que ce n'est pas la fin (du steak frites), je dirais seulement que ce sera de moins en moins du steak et des frites origine France”.
Car outre les problèmes de la filière viande, la filière de la pomme de terre est également emblématique de la perte de souveraineté alimentaire de la France. Ainsi, comme l’explique Dominique Chargé, “les tubercules produits dans les Hauts-de-France sont envoyés en Belgique, juste de l'autre côté de la frontière, où ils sont transformés en frites et chips. Et nous les réimportons ensuite”. Si c’est effectivement une aberration, il explique cette situation par le fait que les gens refusent « d'avoir des usines dans leur entourage direct ». Or si l’on veut des produits locaux et en circuits courts “il est nécessaire d'avoir des usines de transformation sur place”.
Les Échos, SONDAGE EXCLUSIF - Souveraineté alimentaire : inquiets, les Français veulent un pays plus autonome, 02/03/2023
Selon un sondage réalisé par Elabe pour Les Échos, Radio Classique et l'Institut Montaigne, plus d’un tiers des personnes interrogées considèrent que la France “importe beaucoup” et n’est donc “pas du tout autonome pour couvrir les besoins de sa population”. Comme l’explique Vincent Thibault, directeur conseil opinion d'Elabe, “l'opinion publique a bien en tête que la France est un pays agricole où l'on produit une bonne partie de notre alimentation. Mais les Français ont aussi conscience que le pays n'est pas totalement indépendant”.
Sur les solutions à mettre en place les personnes interrogées semblent par contre partagées. Ainsi, 46 % souhaitent que la France produise “tout ce dont elle a besoin sur son territoire pour ne plus dépendre des autres pays” mais 41 % pensent que la France “doit s'entendre avec les autres pays de l'Union européenne pour qu’ensemble ils puissent produire tout ce dont ils ont besoin”. Enfin, seuls 12 % des personnes interrogées pensent que la France “doit continuer à faire des échanges avec les pays du monde entier”.
Les Échos, Un litre de lait bio sur trois est aujourd'hui vendu comme du lait ordinaire, 01/03/2023
Enième exemple de la crise que traverse la filière bio.
D’après le CNIEL (Centre national interprofessionnel de l'économie laitière), un litre de lait bio sur trois est aujourd'hui déclassé et vendu comme lait conventionnel. Ce chiffre pourrait même grimper à 43 % en 2023.
Le problème est connu : la collecte de lait bio continue d'augmenter (+2,7 % en 2022) alors que la demande ne suit pas. Ceci s’explique par le fait que de nombreux éleveurs ont entamé leur conversion tout juste avant la crise, il y a deux ans, et que leur production arrive aujourd’hui sur le marché.
Autre conséquence : des producteurs bio jettent l'éponge et, d’après le CNIEL, les cessations d'activité en bio vont s'accélérer.
Comme le résume Thierry Roquefeuil, le président de la Fédération nationale des producteurs laitiers, “l'Etat nous a poussés à nous convertir au bio. On a besoin d'une transition économique. Si rien n'est fait, les cessations vont se poursuivre et, dans trois ans, on manquera de bio. On marche sur la tête”.
Le Monde, L’agriculture biologique, grand oublié du « quoi qu’il en coûte » du gouvernement, 25/02/2023
Alors que plusieurs filières ont réussi à faire entendre leur voix et ont obtenu des aides de la part de l’Etat, la filière de l’agriculture biologique se désole de ne pas être écoutée avec la même attention.
Ainsi, comme le déplore l’article “face à ces centaines de millions d’euros déboursées pour soutenir les agriculteurs, l’aide de l’Etat versée au bio, affecté par une baisse soudaine de ses ventes, est dérisoire”. Cela se résume selon l’article à “un budget de 500 000 euros (…) alloué à une campagne publicitaire” en 2022 et, pour 2023, à “750 000 euros pour des actions de communication et 150 000 pour mener des études”. Toutefois, “le fonds Avenir bio, dont le budget devait baisser de 13 millions à 8 millions d’euros, a été maintenu, et un reliquat du plan de relance de 2 millions d’euros a été fléché vers la production porcine bio”.
Le Figaro, Dans la jungle des labels et des récompenses agricoles, 03/03/2023
Les labels, médailles et autres distinctions décernés à l’issue de grands concours régionaux, nationaux ou même internationaux se multiplient. Mais pour le consommateurs sont-ils des garants de la qualité des produits qu’ils mettent en avant?
D’après Bruno Carlhian, journaliste spécialisé dans l’économie agricole, l’agroalimentaire et le vin, “il faut d’abord distinguer les labels officiels des diverses récompenses attribuées un peu partout sur des critères parfois discutables”.
Ainsi, l’Appellation d’origine protégée (AOP) garantit que le produit, dont le nom est protégé dans toute l’Union européenne (UE), a été transformé et élaboré dans une zone géographique déterminée. Idem pour l’AOC (Appellation d’origine contrôlée). L’indication géographique protégée (IGP) désigne un produit dont les caractéristiques sont liées au lieu géographique dans lequel se déroule au moins sa production, son élaboration ou sa transformation. La Spécialité traditionnelle garantie (STG) prouve au niveau européen qu’une recette traditionnelle, comme la mozzarella ou le jambon serrano, est strictement respectée. Le Label rouge n’existe par contre qu’en France. La mention “Fabriqué en France” ne signifie par contre pas que 100 % des étapes de fabrication d’une préparation ont été réalisées dans notre pays. Tous ces sigles assurent la conformité des produits mais pas “leurs qualités gustatives”.
Les médailles décernées chaque année, au Salon de l’agriculture lors du Concours général agricole sont par contre tournées vers les qualités gustatives des produits et “sont en général plutôt objectives”. Mais d’autres récompenses qui y sont décernées “semblent plus opaques”.
Le Figaro, Qui sont ces géants de l'agroalimentaire dont les bénéfices ont bondi avec la flambée des prix ?, 24/02/2023
Comme dans toute crise il y a des perdants et des gagnants. Dans la crise actuelle, les grands gagnants dans l’agroalimentaire sont des entreprises peu connues du grand public. Elles sont surnommées les “ABCD” et se nomment respectivement Archer Daniels Midland (ADM), Bunge, Cargill et Louis-Dreyfus.
Ces 4 entreprises dominent le commerce mondial de matières premières agricoles et sont, comme le résume l’article, “puissantes comme des États”. Elles ne sont pas seulement des “intermédiaires sur les marchés financiers” mais “possèdent des terres, fournissent semences et engrais aux fermiers, achètent leurs céréales puis les transportent par bateaux, les stockent, et les revendent”. Ainsi, elles contrôlent “70 à 90% du commerce mondial des céréales”. Elles ont “réalisé des bénéfices exceptionnels depuis 2021” mais elles restent très discrètes sur leurs performances.
Les chiffres parlent d’eux mêmes :
Cargill a réalisé 6,68 milliards de dollars de bénéfice net à l'issue de son exercice annuel décalé 2021/22 achevé le 31 mai (+35% sur un an). Cargill est d’ailleurs en tête des plus grandes entreprises non cotées en Bourse aux États-Unis selon Forbes.
ADM a affiché un bénéfice net record de 4,34 milliards de dollars, en hausse de 60%
Le Figaro, La recette de Barilla pour résister aux crises à répétition, 21/02/2023
Un article intéressant sur la manière dont un acteur de l’agroalimentaire présent dans les pâtes et la viennoiserie industrielle arriver à s’adapter en permanence à un contexte très changeant depuis 2020.
Entre la ruée des clients sur les pâtes lors des confinements, la pénurie de carton mi-2021, la mauvaise récolte de blé dur en 2021, la pénurie d’huile de tournesol, la hausse des prix du blé tendre puis des coûts de l’énergie suite au conflit ukrainien, le groupe a fait face à une série de mésaventures et a dû faire preuve d’agilité pour s’en sortir.
Parmi les atouts de Barilla pour résister à tous ces évènements :
ses produits sont des “incontournables des fonds de placard” et ont une “petite valeur faciale”, ce qui les rend donc moins sensibles à l'inflation,
c’est un groupe familial et il est donc moins soumis à une pression actionnariale pour une rentabilité à court terme
Le Monde, En France, le pic de l’inflation alimentaire est attendu au printemps, 02/03/2023
Alors que les négociations commerciales annuelles entre les enseignes de grande distribution et les fournisseurs viennent de se terminer, les hausses accordées aux seconds sont en moyenne de 10%.
Richard Panquiault, directeur général de l’Institut de liaison des entreprises de consommation, qui représente les grands fournisseurs explique que la hausse moyenne demandée au début des négociations était comprise entre 14 % et 15 %. L’article précise que “les PME semblent avoir été un peu moins gourmandes”, ce qui est corroboré par Léonard Prunier, président de la FEEF, qui affirme que les PME ont “formulé des progressions moyennes de tarifs de 10 % à 11 %”.
Bref, vous l’aurez compris, votre panier de courses va continuer à augmenter dans les prochaines semaines.
Les Échos, Un ingénieur agro vendéen met les mogettes à l'apéro, 23/02/2023
Voilà une idée intéressante de diversification.
On la doit à Louis Lardière, un jeune homme en troisième année d'un cursus d'ingénieur agronome à Bordeaux Sciences Agro. Ce dernier a imaginé de torréfier les mogettes cultivées par la ferme familiale pour en faire des fruits secs à grignoter à l'apéritif. Les mogettes sont enrobées de différentes saveurs et sont testées en vente directe à la ferme et par quelques magasins de producteurs.
Devant le succès remporté par le produit, plusieurs centaines de kilos ayant été vendues, le jeune homme va lancer leur commercialisation à plus grande échelle cet été en partenariat avec la start-up lyonnaise Chiche.
L’Usine Nouvelle, Fairme veut bouleverser le modèle de distribution du lait avec son atelier de transformation autonome, 27/02/2023
Focus sur Fairme, une start-up grenobloise fondée en 2020 qui développe un atelier de transformation laitière autonome et multi-produit qui a été “pensé pour casser ce modèle collecteurs-transformateurs-supermarchés, établi de longue date, et donc de supprimer les intermédiaires entre le consommateur et l’éleveur.
Le concept : l’éleveur de vaches laitières loue 50 m2 à Fairme au sein de son exploitation pour y installer l’atelier de transformation autonome et il vend à la start-up tout ou partie de son lait (le volume est convenu au départ). Le lait chaud est directement relié à la machine et transformé en crème, beurre, fromages (crus ou cuits, à pâtes dures ou molles), fromages blancs... en fonction de la demande des consommateurs, qui peuvent commander leurs produits laitiers directement sur une application mobile conçue par Fairme, puis viennent les récupérer sur place munis d’un QR code.
La machine mise au point par Fairme (encore à l’état de prototype) permettrait de transformer jusqu'à 1000 litres de lait par jour. Le fondateur Loïc Lecerf décrit sa machine comme un “cabanon en bois” à l’intérieur duquel “il y a différents modules : de mise à température, de caillage, de pressage, de salage, de saumurage, de moulage, d’affinage même, grâce à des espaces reproduisant l’environnement et le taux d’humidité particulier d’une cave, et d'emballage”. L’article précise que la startup s’adresse à des éleveurs fermiers possédant entre 30 et 40 vaches mais pas en dessous de 20 ni au-dessus de 80.
L’article explique toutefois que “les fondateurs sont restés très vagues sur la solution elle-même lors de leur présentation, et ont refusé de détailler les technologies utilisées ou de fournir des photos du système”. Reste que le fondateur espère qu’une dizaine de fermes seront équipées avant la fin de l’année, une centaine en 2024 et un millier en 2025 (grâce au déploiement européen de la solution).
Madame Figaro, Trop de sel et des résidus de pesticides : les baguettes et croissants passés au crible de 60 millions de consommateurs, 24/02/2023
Dans son édition du mois de mars, le magazine 60 millions de consommateurs épingle l'excès de sel des baguettes mais surtout la composition trop calorique et même potentiellement toxique des croissants et baguettes proposés par les chaînes de boulangerie, ainsi que ceux proposés par les grandes surfaces et les terminaux de cuisson, aussi appelés «points chauds».
Au total, 13 baguettes et 13 croissants ont été passés au peigne fin. Les résultats sont assez mitigés. La majorité des baguettes étudiées présente une teneur en sel encore trop élevée. La Mie câline arrive en dernière position avec un apport de près de 0,9 g par portion de 50 g, soit “un cinquième de nos apports quotidiens”. Autre problème mis en avant par le magazine : “elles sont fabriquées avec de la farine raffinée, et, de fait, quasi exemptes d'écorce de blé, là où se trouvent les fibres”. Seul point positif mis en avant : l'absence d'ajout de matières grasses et de sucres dans la recette des baguettes, qu'elles soient blanches ou tradition.
Que dire des croissants, qui sont décrits comme une “bombe calorique” pour l'organisme. Le magazine précise que la version au beurre contient en moyenne 12,5 g de matières grasses pour un produit de 55 g et en grande partie sous forme d'acides gras saturés, qui sont réputés pour être nocifs pour les artères. Ils notent également la présence de sucres en quantité non négligeable. Parmi les mauvais élèves se trouvent le croissant pur beurre Système U et celui de E. Leclerc. L'analyse montre également que la moitié des croissants contient entre un et trois résidus de pesticides, utilisés à l'origine pour la culture du blé.
New York Times, Big Soda’s Alcohol Drinks Worry Health Experts, 21/02/2023
Les deux géants des sodas sont tous les deux entrés récemment sur le marché des boissons alcoolisées, ce qui posent question en termes de santé publique selon les experts.
Comme l’explique l’article, au cours du siècle dernier, l’industrie de l’alcool produisait principalement des boissons classées comme bière, vin ou spiritueux. Ces dernières années, ces lignes se sont estompées et une quatrième catégorie de boissons prêtes à boire est apparue : les hard seltzers et autres boissons de malt aromatisées, les vins-sodas et les cocktails en canette. Selon une analyste du secteur “ce n'est vraiment qu'au cours des trois ou quatre dernières années que cette catégorie est devenue importante”. L’arrivée de PepsiCo et Coca-Cola sur ce marché est un changement majeur.
Néanmoins, les autorités sanitaires et les experts en santé publique s'inquiètent du fait que cette nouvelle catégorie de boissons en expansion puisse modifier la façon dont les gens achètent et boivent de l'alcool. En effet, selon une chercheuse, “la carbonatation et la teneur en sucre peuvent donner l'impression que vous ne buvez pas d'alcool”. De plus, comme ces types de boissons ont tendance à être peu coûteuses, conditionnées en portions individuelles et vendues dans des endroits comme les stations-service et les magasins de proximité, elles sont susceptibles d'attirer les jeunes.
Aux Etats-Unis, la part de marché de la bière a baissé en continu pendant des années. Dans le même temps, les fabricants d'alcool se sont efforcés de reconquérir les moins de 30 ans, qui consomment moins d'alcool que les générations précédentes à cet âge. La pandémie a par la suite dopé les ventes de produits portables, les consommateurs recherchant des boissons qu'ils pouvaient boire chez eux. Le Hard Mtn Dew que Pepsico a lancé en 2022 illustre bien ces tendances. Il est sans sucre et sans caféine, et fait appel à l'attachement des consommateurs à une marque qu'ils connaissent depuis des années. Comme le précise l’article, les grands producteurs d'alcool comme Anheuser-Busch InBev et Diageo ont investi massivement dans cette catégorie, mais il s’agit également d’un nouveau marché alléchant pour les deux géants des sodas.
Coca-Cola a tenté l’expérience en 2018 le lancement de Lemon-Dou au Japon. Depuis, le groupe s'est associée à Molson Coors en 2020 pour produire des hard seltzers Topo Chico, et l'année dernière, il a conclu des accords pour produire des cocktails mixtes Fresca, la limonade Simply Spiked et un Jack & Coke en canette. En concédant ses marques de boissons gazeuses sous licence à des fabricants d'alcool établis pour qu'ils les vendent par l'intermédiaire de distributeurs existants, Coca-Cola est resté dans les limites des pare-feu réglementaires américains qui séparent les producteurs d'alcool, les distributeurs et les détaillants.
PepsiCo, en revanche, a attaché moins de marques propres à de nouvelles boissons alcoolisées (pour le moment le groupe n’a sorti que Hard Mtn Dew et Lipton Hard Iced Tea) mais le groupe a montré une plus grande volonté de perturber le statu quo. Le groupe a en effet créé une filiale à part entière, Blue Cloud Distribution, afin de garder un meilleur contrôle sur les ventes et le marketing, et une plus grande part des bénéfices. Pour se conformer au système à trois niveaux en vigueur aux Etats-Unis, PepsiCo a accordé une licence pour la marque Mountain Dew à la Boston Beer Co. et lui a fourni l'arôme Mountain Dew. De cette façon, PepsiCo est indépendant de la production et peut, au contraire, contrôler la distribution.
New York Times, Soy, Oat and Almond Drinks Can Be Called Milk, F.D.A. Says, 23/02/2023
Alors qu’en Europe il est interdit de parler de lait d’amande ou de lait d’avoine depuis une décision de la cour de justice européenne en juin 2017, la Food and Drug Administration (FDA) américaine propose de son côté d’autoriser les boissons à base d'avoine, de soja et d'amande à conserver le mot "lait".
Dans son projet de directives, la FDA explique que la plupart des consommateurs savent que les extraits liquides de plantes n'ont aucun rapport avec le pis d'une vache.
Par contre, la FDA a également recommandé que soit clairement indiqué sur les contenants des boissons à base de plantes les principales différences nutritionnelles entre leurs produits et le lait de vache. Ainsi, si une brique de lait de riz contient moins de vitamine D ou de calcium que le lait de vache, par exemple, l'étiquette devrait fournir cette information aux consommateurs. Un porte parole de la FDA a expliqué “les étiquettes des produits alimentaires sont un moyen important de soutenir le comportement des consommateurs. Nous encourageons donc l'utilisation des déclarations nutritionnelles volontaires pour mieux aider les clients à prendre des décisions éclairées”.
À l'avenir, l'étiquette des alternatives au lait pourrait donc indiquer "contient des quantités plus faibles de vitamine D et de calcium que le lait" ou "contient moins de protéines que le lait".
CNN, Starbucks’ new drinks have a spoonful of olive oil in every cup, 22/02/2023
La chaîne de café Starbucks a lancé de nouvelles boissons avec un ingrédient pour le moins surprenant : de l’huile d’olive.
Ces boissons ont été lancées en Italie et contiennent une cuillère d'huile (ce qui, selon l’article ajoute 120 calories à chaque boisson). Cette nouvelle gamme porte le nom d’Oleato et comprend 3 boissons : un latte Oleato avec du lait d'avoine et de l'huile d'olive, un espresso glacé Oleato avec du lait d'avoine, de l'arôme de noisette et de l'huile d'olive, et le cold brew Oleato golden foam, fait avec une version de la mousse de lait sucrée de Starbucks infusée avec deux portions d'huile d'olive.
Des versions de ces boissons arriveront en Californie ce printemps, et plus de détails sur le lancement aux États-Unis seront fournis ultérieurement. Elles seront également lancées sur d'autres marchés au Royaume-Uni, au Moyen-Orient et au Japon cette année. Un porte parole du groupe précise d’ailleurs qu’il s’agit de “l'un des plus grands lancements que nous ayons eu depuis des décennies”. L’article précise d’ailleurs que les clients pourront utiliser de l'huile d'olive pour personnaliser certaines boissons.
Toutefois, l’article estime que l’enseigne “prend des risques” avec ce lancement car “ajouter de la matière grasse au café n'est pas nouveau. Vous pouvez le faire à l'ancienne, avec de la crème ou du lait, ou même du beurre”.
Alors pourquoi un tel lancement? Howard Schultz, le PDG par intérim de Starbucks, aurait rencontré le producteur d'huile d'olive Tommaso Asaro, qui lui a fait découvrir la pratique consistant à consommer une cuillère à soupe d'huile d'olive par jour. Schultz en a appris davantage sur cette pratique lors d'un séjour en Sicile, puis il a pris l'habitude de la consommer. Il s'est demandé s'il pouvait la combiner avec son café quotidien. Howard Schultz estime d’ailleurs que cette idée d’ajouter de l’huile d’olive “transformera l'industrie du café” et sera “une nouvelle addition très rentable pour l'entreprise”.
The Guardian, UK salad shortages could last a month, warns environment secretary, 23/02/2023 + The Guardian, Nine tomatoes for £15? How the very basics became more expensive than oysters, 27/02/2023
Sécurité alimentaire encore. Mais cette fois, c’est au Royaume-Uni que cela se passe. Le pays connaît en effet des pénuries de salade et d'autres légumes et les rayons des supermarchés britanniques pourraient rester vides pendant plus d’un mois. La situation est telle que les principales chaînes de supermarchés ont introduit des limites sur les achats de tomates, concombres et poivrons en raison de pénuries causées en partie par une vague de froid dans le sud de l'Espagne et en Afrique du Nord. D’ailleurs, dans le second article la journaliste raconte avoir payé 15£ (17 euros) pour seulement 9 tomates.
Le problème prend évidemment une tournure politique, d’autant que Therese Coffey, la secrétaire d'État à l'Environnement, à l'Alimentation et aux Affaires rurales, a continué à blâmer la météo pour les pénuries, alors que les députés de l’opposition ont souligné que les supermarchés européens semblaient avoir des rayons pleins. Elle a même proposé que les Anglais remplacent les tomates par des navets.
De son côté, Justin King, l'ancien directeur général de Sainsbury's, a déclaré que le Royaume-Uni ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même pour ces problèmes. Il a déclaré que le gouvernement n'avait pas soutenu les agriculteurs malgré leurs avertissements sur les coûts supplémentaires, les factures d'énergie et d'engrais ayant explosé pendant la guerre en Ukraine. Certains fournisseurs affirment que l'augmentation des coûts et la bureaucratie causée par le Brexit ont mis le Royaume-Uni à la fin de la file d'attente pour les produits importés de l'UE et du Maroc.
Wired, Fat, Sugar, Salt … You’ve Been Thinking About Food All Wrong, 22/02/2023
À la fin des années 2000, le nutritionniste Carlos Monteiro a remarqué quelque chose d'étrange dans l'alimentation des Brésiliens. Ce dernier a étudié les données de trois décennies d'enquêtes dans lesquelles il demandait aux clients des épiceries de noter tous les produits qu'ils achetaient. Dans les enquêtes les plus récentes, il a remarqué que les Brésiliens achetaient beaucoup moins d'huile, de sucre et de sel que par le passé. Malgré cela, les gens prenaient des kilos en trop. Or entre 1975 et 2009, la proportion d'adultes brésiliens en surpoids ou obèses a plus que doublé.
D’où cette interrogation : si les gens achetaient moins de graisses et de sucre, pourquoi grossissaient-ils ?
La réponse se trouvait dans les bases de données. En effet, les Brésiliens n'avaient pas vraiment réduit leur consommation de graisses, de sel et de sucre, mais ils consommaient ces nutriments sous une forme entièrement nouvelle. Ainsi, la part des biscuits et des boissons gazeuses dans les paniers d'achat des Brésiliens avait respectivement triplé et quintuplé depuis la première enquête sur les ménages en 1974. À première vue, Carlos Monteiro en a conclu que si les gens mangent trop d'aliments malsains, ils prennent plus de poids. Mais le nutritionniste n'était pas satisfait de cette explication.
Selon lui, ce ne sont pas seulement les ingrédients qui rendent un aliment malsain. C'est tout le système qui est en cause : la façon dont l'aliment est transformé, la rapidité avec laquelle nous le mangeons, la façon dont il est vendu et commercialisé. Il a ainsi créé un nouveau système de classification des aliments, appelé NOVA, qui répartit les aliments en quatre catégories :
Les aliments les moins préoccupants sont les aliments peu transformés, comme les fruits, les légumes et les viandes et poissons frais.
les ingrédients culinaires transformés (huiles, beurre et sucre),
les aliments transformés (légumes en conserve, viandes fumées, pain frais et fromages simples), des substances à utiliser avec précaution dans le cadre d'une alimentation saine.
les aliments ultra-transformés.
La surconsommation d'aliments ultra-transformés a été associée à toutes sortes de problèmes de santé : cancer colorectal et du sein, obésité, dépression et mortalité toutes causes confondues. Toutefois, comme l’explique l’article, les scientifiques eux-mêmes ne parviennent pas à s'accorder sur ce qu'est un aliment ultra-transformé ou sur l'importance de ces aliments. Une seule chose est sûre : ils occupent une place importante dans nos vies. Ainsi, les aliments ultra-transformés représentent près de 57 % du régime alimentaire britannique moyen et plus de 60 % du régime alimentaire américain.
Fast Company, Restaurant subscriptions: Panera Bread, P.F. Chang’s, and others get in on a growing trend, 21/02/2023
Un article sur la tendance des abonnements aux restaurants avec un focus sur ce qui se passe aux Etats-Unis.
Exemple avec la chaîne chinoise haut de gamme P.F. Chang's qui a lancé son plan d'abonnement septembre dernier. Pour 6,99 dollars par mois, les membres bénéficient, entre autres, de la livraison gratuite.
D'autres restaurants expérimentent les abonnements, qui permettent aux clients de payer à l'avance leurs visites.
El Lopo, un bar de San Francisco, compte 26 membres dans son Take-Care-Of-Me Club. Ils paient soit 89 dollars par mois pour 100 dollars de crédits de restauration, soit 175 dollars par mois pour 200 dollars de crédits. Lorsque les membres entrent, El Lopo commence à leur apporter leurs plats préférés. À chaque visite, ils peuvent offrir une boisson gratuite à n'importe qui au bar.
La chaîne Panera comptait près de 40 millions de membres dans son programme de fidélité au début de 2020, mais elle souhaitait les convaincre de venir plus souvent. Elle a donc lancé un programme d'abonnement avec du café et du thé illimités pour 8,99 dollars par mois. Les clients ont commencé à venir plusieurs fois par semaine, et environ un tiers du temps, ils achetaient de la nourriture. L’an dernier, Panera a étendu l'abonnement. Désormais, les membres peuvent payer 11,99 dollars par mois ou 119,99 dollars par an pour des boissons chaudes et froides illimitées.
Rick Camac, directeur exécutif des relations avec l'industrie à l'Institute of Culinary Education, dit s'attendre à ce que de nombreux autres restaurants proposent des abonnements dans les années à venir. Les consommateurs y sont habitués, dit-il, et le revenu mensuel régulier aide les restaurants à gérer leur trésorerie.
Mais tous les programmes d'abonnement n'ont pas connu le succès. L’article donne l’exemple de On the Border Mexican Grill et de son Queso Club qui proposait des cheese dips gratuits pendant un an pour 1 $. Le programme a cessé de prendre de nouveaux abonnés un an plus tard car plus de 150 000 personnes s’étaient inscrites et que les membres se sont rendus sept fois plus souvent que le client moyen. On the Border est en train de réorganiser le programme et prévoit de le réintroduire dans le courant de l'année à un prix probablement plus élevé.
FranceAgriMer, Souveraineté alimentaire : un éclairage par les indicateurs de bilan, février 2023
Ces dernières années, l’irruption de la Covid-19, qui a fortement ébranlé les chaînes d’approvisionnements mondiales autant que nationales, puis l’irruption de la guerre en Ukraine, à moins de 2 000 km du territoire national, ont conduit l’ensemble des acteurs professionnels et les pouvoirs publics à réinterroger en urgence les fragilités du système alimentaire français.
Dans ce contexte, plusieurs notions visant à appréhender cette fragilité ont (ré)émergé: autonomie alimentaire, indépendance, résilience du système alimentaire, sécurité des approvisionnements, souveraineté alimentaire, etc. Les rapports institutionnels se sont multipliés sur cette thématique. Le terme de souveraineté alimentaire semble progressivement s’imposer sur les notions voisines au point que le nouveau nom du ministère en charge de l’agriculture et de l’alimentation vienne le consacrer.
La notion de souveraineté alimentaire a été introduite dans la sphère internationale par le mouvement paysan Via Campesina à l’occasion du Sommet mondial de l’alimentation à Rome en 1996 : “La souveraineté alimentaire est le droit de chaque pays de maintenir et de développer sa propre capacité de produire son alimentation de base, en respectant la diversité culturelle et agricole. Nous avons le droit de produire notre propre alimentation sur notre propre territoire. La souveraineté alimentaire est une condition préalable d’une véritable sécurité alimentaire”.
L’étude de FranceAgriMer s’intéresse donc à la souveraineté alimentaire française en se basant sur 4 indicateurs : Le taux d’auto-approvisionnement calculé comme le ratio Production / Consommation, Le taux de couverture de la consommation par la production nationale calculé comme la part de la consommation intérieure qui est, de fait, couverte par la production nationale, La capacité d’exportations calculée comme la part de la production et des importations (les ressources) qui est exportée, La dépendance aux importations calculée comme la part des importations dans la consommation intérieure apparente.
Institute For Climate Economics, Réduction De La Consommation De Viande : Des Politiques Publiques Bien Loin Des Objectifs De Durabilité, 21/02/2023
Le nombre d’animaux d’élevage diminue depuis plusieurs décennies en France (- 20 % pour le cheptel laitier et - 33 % pour le cheptel de truies depuis 2000) sans forcément une diminution des quantités produites, mais les gains de productivité ne pourront pas maintenir éternellement les niveaux de production. Pour que la baisse des activités d’élevage ait un impact sur le climat, elle doit être accompagnée d’une baisse de la consommation de viande, mais celle-ci a-t-elle vraiment lieu ?
Si ce rapport traite avant tout de la consommation de viande, il tente également d’approcher les dynamiques de consommation de produits laitiers, malgré de nombreuses difficultés méthodologiques. D’après nos calculs, si la consommation de produits laitiers diminue depuis 1990, celle-ci semble également se stabiliser depuis 2015 environ. Des données plus précises seraient néanmoins requises pour être sûr de cette tendance. Comme pour la viande, une transformation a lieu au-delà des volumes totaux : moins de consommation de lait et de produits frais (yaourt, crème, beurre) mais un maintien de la consommation de fromage.
Opinion Way pour Calif, Baromètre “Les Français, l’agriculture et l’alimentation”, février 2023
La souveraineté alimentaire, un enjeu au cœur des préoccupations des Français
Sans surprise, les Français considèrent (69%) que l’importation de produits alimentaires internationaux est plutôt une mauvaise chose, représentant un impact social, environnemental, économique et sanitaire trop important. Il est d’ailleurs intéressant de noter que cette tendance est en augmentation depuis l’année dernière.
Dans un contexte inflationniste, ils sont néanmoins de moins en moins prêts à payer plus cher les produits alimentaires issus de la production française, passant ainsi de 72 à 65% en un an. 76% des 18-24 ans se disent toutefois prêts à payer davantage pour des produits français.
Un constat intéressant lorsque l’on sait que le Gouvernement a fait de la souveraineté alimentaire son cheval de bataille pour les années à venir et que le Salon International de l’Agriculture, qui débute ce week-end, en fait un sujet central.
L’agriculture : un usage prioritaire de l’eau pour les Français
Après une sécheresse historique en 2022 qui se poursuit début 2023 avec un mois de février particulièrement sec, l’accès à l’eau est une préoccupation majeure pour les Français. S’ils considèrent les usages de consommation courante comme primordiaux (64% le citent en premier en cas de difficultés d’approvisionnement), un quart d’entre eux juge que l’agriculture devrait avoir accès en priorité à la ressource en eau.
La Story Les Échos, Agriculture : la France peut-elle se passer de la PAC ?, 27/02/2023
Elle est entrée en vigueur le 1 er janvier et s'applique pour sept ans. Pierrick Fay et ses invités détaillent les termes de la nouvelle Politique agricole commune, devenue un système à la carte.
La Story Les Échos, Le boeuf, symbole de la crise de l'élevage en France, 01/03/2023
La France produit de moins en moins de viande bovine, alors que de nombreux éleveurs ont renoncé devant la faiblesse des revenus de leur travail. Pierrick Fay et ses invités analysent le mal-être du boeuf français.
Le Bon Grain de l’Ivresse, Pascaline, l'épopée - Jour 1 - 1/8
Le podcast Le Bon Grain de l’Ivresse propose une série de 8 épisodes consacrés à Pascaline Lepeltier, la candidate française au dernier concours du meilleur sommelier du monde.
Le podcast dévoile ainsi les coulisses de sa formidable aventure dans ce concours. Au cours des dernier mois, ils ont rencontré Pascaline à plusieurs reprises lors de sessions d’entraînement. Des moments rares et riches qui vous feront entrer dans l’intimité de sa préparation.
Quand la cancel culture s’attaque aussi à Roald Dahl
Un peu de poésie avec de la vaisselle
C’est tout pour aujourd’hui.
Si vous appréciez cette newsletter n’hésitez pas à la partager.
Et si vous voulez vous pouvez même me payer un café ;-)
A la semaine prochaine!
O. Frey