🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2022-35
Bonjour à toutes et à tous, je vous propose cette newsletter dans laquelle vous trouverez quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Libération, Transition culinaire. Agriculture et alimentation : comment mangera-t-on en 2050 ?, 21/10/2022 + Libération, Interview «Un tiers des Français ne sont pas engagés dans la transition alimentaire alors qu’ils en auraient les moyens», 21/10/2022
L’Usine Nouvelle, Pourquoi la consommation de viande ne baisse pas vraiment en France, malgré les apparences, 14/10/2022
Modern Farmer, Could Edible Cactus Be the Next Big Specialty Crop?, 17/10/2022
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Libération, Transition culinaire. Agriculture et alimentation : comment mangera-t-on en 2050 ?, 21/10/2022 + Libération, Interview «Un tiers des Français ne sont pas engagés dans la transition alimentaire alors qu’ils en auraient les moyens», 21/10/2022
Libération a consacré un dossier au futur de l’alimentation. Celui-ci fait suite à la sortie d’une étude prospective sur notre système alimentaire et son empreinte énergétique et carbone par le Cired et le CNRS dans laquelle des chercheurs ont élaboré plusieurs scénarios sur l'alimentation pour atteindre la neutralité carbone.
Comme l’explique le 1er article, “un quart de l'empreinte carbone des ménages est lié à leur alimentation. Pourtant, la transformation de nos régimes peine à s'amorcer”. Ainsi, selon Santé publique France, nos comportements ont peu évolué depuis 2006.
L’article s'interroge donc sur ce que sera l'alimentation du futur.
L'Ademe a établi plusieurs scénarios permettant d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050 et s'est notamment penchée sur le volet alimentation. 3 leviers ont été mis en avant : 1) “jouer sur les régimes alimentaires, en allant vers des régimes plus sains et plus vertueux pour l'environnement pour être gagnant-gagnant sur les enjeux de santé et d'environnement. On joue à la fois sur les quantités consommées et la répartition des apports des produits végétaux et animaux”. 2) aller vers des productions agricoles à plus bas intrants, “bio, agroécologiques et plus ancrées dans les territoires, en faisant également évoluer la transformation”. 3) “diviser par deux les pertes et gaspillages”.
L’étude du Cired et du CNRS détaille plus précisément cinq visions de l'alimentation permettant d'atteindre en France la neutralité carbone d'ici à 2050. Premier enseignement de cette étude : “aucun des scénarios ne parvient à la neutralité carbone sans puits de carbone biologiques ou la capture et séquestration du carbone dans le sol”. Dans les deux scénarios les plus sobres, intitulés “Génération frugale” et “Coopérations territoriales”, la consommation de viande et de produits laitiers est drastiquement réduite. Dans les scénarios “Technologies vertes” et “Pari réparateur”, les Français surconsomment toujours autant.
Dans le 2è article, l'ingénieur agronome et sociologue Eric Birlouez explique qu’il y a une difficulté, à savoir que l'urgence climatique nous démontre que l'on n'a pas de temps à perdre et qu’en même temps, l'agriculture est sur du temps long. Il affirme par ailleurs que pour une partie de la population, pourtant convaincue de la nécessité de la transition alimentaire, le prix plus élevé des aliments vertueux est un frein. Ces derniers ont “un vouloir d'achat, mais n'ont pas le pouvoir d'achat”. Enfin il explique qu’un tiers des Français ne sont pas engagés dans la transition alimentaire “alors qu'ils en auraient les moyens financiers”.
Les Échos, Pourquoi la grande distribution américaine se concentre, 21/10/2022
Voilà une nouvelle opération de concentration dans la grande distribution américaine. En effet, Kroger et Albertsons, deux chaînes assez peu connues en France, mais qui sont parmi les plus importantes aux Etats-Unis, ont annoncé au début du mois qu’elles envisageaient de fusionner.
Kroger est la première chaîne de supermarchés du pays en termes de revenus et numéro 2 de l’épicerie derrière le géant Walmart avec 11 % de parts de marché (contre 22% pour Walmart). Albertsons est numéro 4 avec 5 %.
Avec cette fusion, le nouveau groupe aura “près de 5.000 magasins, 4.000 pharmacies, 710.000 employés, avec des ventes combinées de plus de 200 milliards de dollars”. Mais c’est également au niveau du e-commerce alimentaire que cette fusion aurait du sens. Selon l’article, cette fusion “pourrait par exemple aider à rentabiliser l'investissement de Kroger dans des entrepôts automatisés”. Par ailleurs, “avec 85 millions de foyers fidélisés, le nouvel ensemble disposerait également d'une base de données encore plus riche pour cibler finement les meilleures implantations commerciales, ou garnir adéquatement ses rayons”. Dans le scénario le plus futuriste, cuisiner chez soi devient une occasion festive, réservée à «quelques repas exceptionnels dans l'année».
Challenges, La shrinkflation envahit les rayons, 20/10/2022 (non disponible en ligne pour le moment)
Un article consacré à la shrinkflation (contraction de « shrink » (rétrécir en anglais) et d'« inflation »), une technique qui est de plus en plus utilisée par les industriels de l’agroalimentaire et qui consiste à réduire la taille d'un produit ou à baisser la quantité à l'intérieur de l'emballage en maintenant le même prix. Evidemment cette méthode n’est pas nouvelle (et nous avions d’ailleurs déjà abordé le sujet il y a presque un an) mais, comme le précise bien l’article, “elle risque de se généraliser” dans le contexte actuel de flambée des prix des matières premières, des emballages, du transport ou encore de l'énergie. En effet, elle a un effet psychologique sur les consommateurs car “la suppression de quelques grammes permet de ne pas affoler les consommateurs et préserver ses ventes”.
L’article pointe également le fait que certains industriels en profitent pour gonfler le prix au kilo de leur produits “parfois bien au-delà du niveau de l'inflation”, ce que “seuls les consommateurs très avisés remarqueront”.
Foodwatch a d’ailleurs publié les résultats d’une étude sur la shrinkflation le mois dernier. Ainsi, selon l’ONG, le sirop de grenadine de Teisseire a perdu 20 % de volume depuis 2019, alors que son prix de vente au litre a bondi de plus de 37 %. L'eau gazeuse Salvetat (Danone), qui réduit la taille de ses bouteilles de 8 % pour un prix au litre en hausse de 15 %. L’article précise que “la couverture médiatique autour de l'enquête de Foodwatch a fait remonter plus d'une centaine de cas supplémentaires”.
Comme l’affirme Sébastien Loctin, “la shrinkflation (n’est pas) une tromperie”. D’après lui elle pose tout de même “la question du manque de transparence vis-à-vis des consommateurs”. Mais ces derniers réagissent. Pour preuve : sur TikTok les vidéos avec le hashtag #shrinkflation cumulent plus de 268 millions de vues.
Le Parisien, Pourquoi le litre de lait atteindra bientôt la barre symbolique d’un euro, 20/10/2022
Le groupe Lactalis (connu pour ses marques Lactel, Président ou encore Galbani) vient de conclure un accord « historique » avec les éleveurs qui lui fournissent du lait (qui représentent environ 20% du total des éleveurs français). A 490 euros les 1 000 litres, cela représente une hausse de 32 % par rapport à l'an dernier à la même période.
Naturellement le groupe souhaite désormais répercuter cette hausse auprès de la grande distribution et a entamé un troisième round de négociations pour cette année. Selon Christophe Piednoël, le directeur de la communication de Lactalis, “il faudrait parvenir à une hausse des produits en rayons de 15 % l'an prochain”.
En conséquence, d’après François-Xavier Huard, le directeur général de la Fédération nationale des industries laitières, pour un litre de lait “on avoisine désormais les 0,90 euro, et nous pourrions dépasser la barre des 1 euro très bientôt”.
Néo Restauration, Pazzi, le robot pizzaïolo, c’est fini, 20/12/2022
Nous en avions parlé il y a quelques mois et certains spécialistes voient les robots comme le futur de la restauration. Il semblerait que cela ne soit pas encore tout à fait le cas en France, ou tout du moins pas avec des entreprises françaises.
Pazzi vient en effet d’être placée en liquidation judiciaire. Ses deux restaurants ont été fermés et ses 35 collaborateurs licenciés. La startup avait été lancée en 2013 et était une des pionnières dans la robotisation des cuisines de fast-food. Pazzi avait réalisé 2 levées de fonds pour un total de 13 millions d’euros mais d’après l’article la startup “a peiné à trouver les fonds nécessaires à son développement pour entrer dans sa phase de commercialisation” et ce malgré le fait que Pazzi a enregistré “jusqu’à 3 000 demandes d’ouvertures de franchise à l’international”.
Pour Philippe Goldman, le CEO de Pazzi, “l’écosystème en France est immature”.
Le Monde, L’agriculture chinoise au défi du réchauffement climatique, 17/10/2022
Le 16 octobre, Xi Jinping a déclaré lors du 20e congrès du Parti communiste chinois “Il est nécessaire d’accélérer la transformation de notre pays en une puissance agricole (…). Nous consoliderons sur tous les plans la base de la sécurité alimentaire (…) de sorte que la Chine puisse assurer au peuple son “bol de riz quotidien” .
La Chine vient également de vivre un été très sec, avec une canicule et des réserves d’eau au plus bas. L’article explique d’ailleurs que “le réchauffement climatique aura des effets encore plus dévastateurs qu’anticipé, notamment sur l’agriculture”. L’historien du climat Maximiliano Herrera précise en outre “il n’y a rien dans l’histoire climatique mondiale qui soit comparable à cette vague de sécheresse et de chaleur qui frappe la Chine cette année”.
En Chine, l’obsession du pouvoir est donc “d’éviter toute crise alimentaire”. En effet, comme le précise Zhang Hongzhou, professeur à la Rajaratnam School of International Studies (RSIS) de Singapour, “le souci principal concerne le riz, alimentation de base, notamment dans le sud du pays”.
Pour assurer sa sécurité alimentaire la Chine a de plus en plus recours aux importations, notamment pour les céréales. Ainsi, selon l’article, depuis 2019, les importations de céréales “se sont envolées, passant de 17 millions de tonnes avant le Covid-19 à 65 millions de tonnes en 2021”. La Chine est tout simplement devenue “le premier acheteur de céréales au monde, en accaparant 25 % des marchés mondiaux”.
L’Usine Nouvelle, Pourquoi la consommation de viande ne baisse pas vraiment en France, malgré les apparences, 14/10/2022
Si la multiplication des propositions végétariennes et des sondages qui assurent que les Français veulent passer progressivement au flexitarisme “laissent à penser que la consommation de viande recule en France”, la réalité est toute autre.
D'après les données d'Agreste, la consommation de viande est repartie à la hausse dans l'Hexagone en 2021 et chaque Français en a mangé en moyenne 85,1 kilos. Comme l’explique l’article, il s’agit d’une “progression de 0,7% sur un an, certes gonflée par le point bas observé au moment du Covid-19 en 2020, mais qui replace le pays sur une trajectoire de consommation proche de l'avant-crise”.
Lucile Rogissart et Claudine Foucherot, chercheuses à l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE) affirment ainsi dans un billet d’analyse “s'il y a bien eu une baisse de la consommation moyenne par habitant à partir de 1990, celle-ci a été finalement assez faible (-11 % en 23 ans) et la tendance des dernières années est plutôt à une stabilisation, voire à une augmentation”. Elles se demandent par ailleurs “comment expliquer le décalage entre l'intuition d'une baisse de notre consommation de viande et les chiffres observés?”. Elles émettent 2 hypothèses :
une consommation accrue de « viandes "cachées" » : « La consommation de viande "entière" (pièces de boucherie, volailles entières, morceaux surgelés, etc.) s'érode en effet depuis plusieurs décennies, mais la restauration hors domicile de viande (les fameux burgers notamment) augmente, tout comme la consommation de plats préparés et de produits transformés contenant de la viande (pizzas, sandwiches, cordons bleus, nuggets...). »
« Si la consommation de viande augmente, on se consomme plus exactement les mêmes viandes qu'auparavant: la consommation de boeuf (...) est de plus en plus remplacée par la consommation de volaille ».
Modern Farmer, Could Edible Cactus Be the Next Big Specialty Crop?, 17/10/2022
Un article intéressant sur le cactus, et plus spécifiquement celui qui produit des figues de Barbarie. Aux Etats-Unis, certains agriculteurs ont commencé à l’utiliser comme clôture pour animaux et ont développé en parallèle le commerce des figues de Barbarie.
C’est le cas par exemple de Wild Hope Farm, dont les figues de barbarie ont fait des adeptes, qu'il s'agisse de brasseurs locaux ou d'habitués des marchés de producteurs, a vendu pour environ 15 000 $ de fruits. Wild Hope Farm vend également les cactus pour l'alimentation et comme plantes en pot. Peanut Belk, responsable des opérations commerciales de Wild Hope Farm explique ainsi “non seulement (ces cactus) produisent des fleurs qui attirent les pollinisateurs, mais aussi des fruits que nous pouvons récolter et vendre à différents brasseurs et vendeurs de cocktails. C'est une culture que nous n'avons pas à entretenir et qui pourtant peut rapporter beaucoup d'argent”
L’article rappelle que le cactus est un aliment de base populaire au Mexique, où il est traité comme un légume, utilisé dans les salades, les salsas, sauté avec des œufs ou même pour faire une alternative aux frites. Le cactus a par ailleurs été déclaré par les Nations unies comme aliment du futur. De plus, il résiste à la sécheresse, peut améliorer la santé des sols et, comme il arrive à maturité tous les six mois, peut être récolté plus rapidement que de nombreuses autres cultures.
Certaine startups comme Nemi Snacks ou Tia Lupita ont d’ailleurs lancé des snacks et des tortillas chips à base de cactus.
Fast Company, Why brands like McDonald’s and Pepsi are creating their own songs for TikTok, 21/10/2022
Un article intéressant sur la manière dont les marques cherchent à se faire une place sur TikTok.
Comme l’explique l’article, “TikTok est profondément enraciné dans la musique : il est né d'une application centrée sur la musique ; nombre de ses vidéos virales impliquent une danse, une synchronisation labiale ou un riff sur une chanson particulière à laquelle tout le monde réagit”. TikTok a d’ailleurs fait le succès de "As It Was" de Harry Styles et a remis au goût du jour de vieilles chansons comme "Dreams" de Fleetwood Mac.
Les marques veulent donc à leur tour se lancer dans l’aventure. Toutefois c’est un peu plus compliqué car, comme l’a souligné ModernRetail, les chansons qui deviennent virales sur la plateforme sont réutilisées dans des millions de vidéos d'utilisateurs. Toutefois, les marques ne peuvent bien souvent pas faire irruption directement dans ces tendances en raison des restrictions de licences commerciales. En résumé, les marques sont limitées à la musique libre de droits, à moins qu'elles n'obtiennent une licence des artistes pour utiliser les chansons dans le contenu sponsorisé.
Certaines marques ont donc commandé leurs propres hits TikTok-friendly. Pepsi, par exemple, a récemment recruté Chlöe Bailey pour une reprise de la chanson phare des années 1980, "Footloose", afin de promouvoir une gamme de boissons inspirées des "soda shops". McDonald's a fait appel au rappeur et à la star de TikTok TisaKorean pour concevoir une ode clubby à l'obtention du Sprite chez McDo. Pizza Hut a engagé Jon Moss, un musicien de Détroit populaire sur la plateforme, pour créer une chanson, littéralement intitulée "Pizza Hut Anthem", vantant les mérites de la pizza de style Détroit proposée par la chaîne.
Financial Times, Climate change and rising costs prompt focus on seasonality, 20/10/2022
Si l’on se positionne au niveau mondial la notion de saisonnalité est évidemment compliquée car une moitié de la planète est en hiver alors que l’autre est en été.
Toutefois, comme l’explique l’article, “grâce au commerce mondial et à la concurrence féroce entre les entreprises alimentaires, les pays riches ont troqué la saisonnalité contre les kilomètres alimentaires”. Ainsi, “un consommateur européen peut croquer des pommes de Nouvelle-Zélande ou des haricots verts du Kenya alors que les cultures locales sont encore loin d'arriver à maturité”. Des militants et ONG mettent en garde depuis des années contre les coûts environnementaux qui en résultent.
Plus récemment, la pandémie et la guerre en Ukraine ont remis la lumière sur les besoins de réduire les distances parcourues par les aliments, alors que les prix grimpent en flèche.
Certaines entreprises de la restauration collective ou de la grande distribution ont par exemple annoncé qu’elles ne proposeraient désormais plus de produits importés par avion.
Le restaurateur anglais Martin Williams explique de son côté que “en tant que nation, nous devrions consciemment cesser de nous attendre à voir des fraises et des avocats sur nos menus 365 jours par an”. Selon lui , “la restauration éthique est l'avenir et cela signifie une prise en compte des décisions d'un restaurant d'acheter localement, de manière saisonnière et durable”.
Financial Times, Investors push food companies to go greener, 20/10/2022
Soucieux de l'empreinte carbone de leurs portefeuilles, de plus en plus d’investisseurs institutionnels, et en particulier ceux qui appliquent des stratégies ESG (environnement, social et gouvernance) accordent de plus en plus d'attention aux effets négatifs de la production alimentaire et à ses risques pour la planète, ainsi qu'aux rendements financiers à long terme.
Comme l’explique Bas Rüter, responsable mondial de la transition du système alimentaire chez Rabobank, “après le secteur de l'énergie, le secteur de l'alimentation et de l'agriculture est le deuxième secteur contribuant le plus au changement climatique - les investisseurs en sont conscients”. D’ailleurs, les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas le seul impact négatif du secteur : de la perte de biodiversité à la pollution de l'eau et à la déforestation, la production alimentaire donne aux investisseurs de nombreuses raisons de s'inquiéter.
L'activisme de ces investisseurs incite les entreprises à agir. Par exemple, Green Century Capital Management a soumis une proposition d'actionnaire demandant à ConAgra de cesser de s'approvisionner en ingrédients provenant de terres déboisées ou dégradées d'ici 2025. Autre exemple : le fonds Legal & General Investment Management s'est désinvesti de China Mengniu Dairy parce qu'elle n'avait pas de politique de déforestation et ne divulguait pas les émissions de carbone du scope 3 (les émissions qui concernent les clients et la chaîne d'approvisionnement).
Compte tenu de la lourde empreinte sociale et environnementale des entreprises alimentaires, l’autre option pour ces investisseurs institutionnels est de désinvestir. Mais, comme le précise bien Bas Rüter "le monde ne peut pas vivre sans nourriture. Je ne vois pas et ne m'attends pas à voir un désinvestissement massif dans l'alimentation et l'agriculture”.
The Guardian, ‘Fishless fish’: the next big trend in the seafood industry, 22/10/2022
Alors que l’on parle beaucoup des alternatives à la viande, il y a également un certain nombre de startups qui s’attaquent aux alternatives aux produits de la mer, que ce soit sous forme de protéines végétales ou alors cultivées in-vitro.
Pour le moment ces alternatives ne sont encore qu’une goutte d’eau sur le marché des produits de la mer. Les alternatives aux produits de la mer à base de protéines végétales ne représentent par exemple que 0,1 % des ventes de produits de la mer aux États-Unis.
Toutefois, les investisseurs en capital-risque s'intéressent sérieusement aux alternative aux produits de la mer cultivées in-vitro. La startup américaine BlueNalu a levé 84,6 millions de dollars depuis sa création en 2018. Sa consoeur américaine Wildtype, qui propose des produits de la mer cultivés in vitro, a de son côté levé 100 millions de dollars auprès d’investisseurs tels que Leonardo DiCaprio, Bezos Expeditions et FootPrint Coalition de Robert Downey Jr.
Ces entrepreneurs affirment que les produits de la mer cultivés in-vitro sont une solution aux nombreux problèmes environnementaux de l'industrie des produits de la mer, notamment la surpêche, les risques sanitaires liés au mercure et aux microplastiques, et le manque de traçabilité.
Même les sceptiques de la culture cellulaire s'accordent à dire que les fruits de mer cultivés in-vitro ont un énorme potentiel commercial, mais ils affirment que ce sera toujours un produit cher, même si les coûts baissent avec le temps. Ils font également remarquer que des espèces comme le saumon et le thon ne sont pas particulièrement menacées dans le monde.
Cette semaine j’ai eu l’opportunité de me balader au Sial et voici donc quelques produits que j’ai découvert et testé là-bas.
Commençons par des produits français :
Petit coup de coeur pour les produits de chez Truitelle, qui a d’ailleurs gagné le Grand Prix Sial Innovation 2022 dans la catégorie Viandes et poissons. J’ai pu goûter les Petites truites de montagne à l’huile de colza et wasabi et je dois dire que c’était vraiment très fin et que le format est pratique pour l’apéro.
Autre découverte, avec TooGood Kids qui réinvente la barbe à papa en réduisant de 90% le sucre grâce à l’utilise de fibres de chicorée. Le goût y est et on retourne directement en enfance.
Dans les boissons j’ai bien aimé également la manière dont Bubble It s’attaque à l’eau gazeuse. Ici pas besoin de bouteille en plastique ou de machine à cartouche. Il suffit de diluer 2 petits sachets de poudre dans un litre d’eau du robinet que vous aurez préalablement versée dans une carafe.
Pour les fans de Gimber, sachez qu’il existe une alternative made in France avec Shogga.
Autre innovation intéressante, car très économie circulaire, les farines de Maltivor produite à base de drêches de brasserie.
Côté boisson, j’ai bien aimé cette version à la châtaigne du cidre de chez La Chouette
Enfin, j’ai testé la première eau au collagène d’origine française, j’ai nommé Humble +
Evidemment j’ai testé plusieurs alternatives à la viande. Selon moi il y en avait trop et il y avait clairement des différences au niveau de la qualité des produits, entre des startups qui venaient de se lancer et d’autres qui avaient déjà levé plusieurs centaines de millions de dollars. Un produit m’a tout de même bluffé parmi cette multitude d’ersatz à la viande : celui de Redefine Meat.
Autres innovations intéressantes débusquées chez nos amis étrangers :
L’entreprise anglaise Potts’ qui propose toute une gamme de sauces (curry, tomate…) dans un packaging auquel nous ne sommes pas habitués pour ce type de produit : la canette.
La manière dont Kokojoo utilise des déchets issus de la culture de cacao pour en faire des boissons rafraîchissantes
Je n’ai pas goûté leurs huiles d’olive mais j’ai trouvé les packaging de Levantes Farm vraiment sympas
Les barres de chez Kriket réalisées à partir de farine d’insectes et de noix
Enfin, j’ai trouvé que le positionnement de l’huile de homard de chez Canadian Lobster Oil était intéressant.
Bouffons, Episode #195 - Picard : une success story ?
Élue "enseigne préférée des Français" en 2021, l'entreprise Picard est aujourd'hui leader sur le segment du surgelé. Comment cette société française née dans les années 70 s'est-elle frayée une place dans le paysage alimentaire français ?
Depuis quelques années, l'entreprise a déployé de nombreuses techniques marketing pour égayer ses magasins, répondre aux attentes des consommateurs en matière d'écologie et s'adapter aux différents types de clientèles. Cette diversité de clients, Picard la doit à la versatilité de son offre faite de plats préparés mais aussi de produits bruts pensés pour celles et ceux qui aiment cuisiner eux-mêmes.
Agencement des magasins, parcours client imposé, temps forts dans l'année, recherche et développement de nouveautés : en quoi Picard est-il un cas d'école pour analyser ce que l'industrie agroalimentaire met en place pour nous faire passer à la caisse ? Qu'est-ce que le succès de Picard dit de nos manières de consommer ?
Dans cet épisode, Émilie Laystary tend le micro à la journaliste de chez LSA Camille Harel, l'influenceuse food Aveline alias Hunter Gourmet, Delphine Alazard-Courtier, directrice marketing chez Picard et l'experte en consommation Pascale Hébel.
C’est tout pour aujourd’hui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey