🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 n°20
Bonjour à toutes et à tous, je vous propose cette newsletter dans laquelle vous trouverez quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le JDD, La production de cornichons relancée en France, dans la Sarthe et le Loir-et-Cher, 12/11/2020
Le Monde, Sexisme, harcèlement, agressions sexuelles en cuisine : cinq cheffes brisent l’omerta, 13/11/2020
Eater, Marcus Rashford Is Fighting the Government on Free School Meals. He’s Also Fighting Jamie Oliver’s Legacy, 12/11/2020
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
L’Usine Nouvelle, Comment l'agroalimentaire s'adapte au boom du e-commerce ?, 10/11/2020
L’un des grands gagnants du premier confinement est sans aucun doute le e-commerce. Les données de Nielsen le confirment : 26% des foyers français ont acheté de l'alimentaire en ligne pendant le confinement. Alors qu’il représentait 5,7% des ventes d’alimentaire en 2019, le e-commerce a dépassé, certaines semaines du mois d'avril, le seuil des 10%. Au total, ce sont 7,4 millions de Français qui se sont mis à acheter en ligne leur alimentation, soit une progression de 50%. Et comme le précise Nielsen, 77% du e-commerce alimentaire en France est réalisé par les enseignes de distribution via le drive ou la livraison.
Cette tendance a continué au delà du confinement et cela oblige les industriels du secteur à s'adapter.
Mais si le développement du e-commerce ne change par grand chose pour les grands industriels, qui travaillent en majorité avec la grande distribution, ce n’est pas la même chose pour les TPE/PME qui représentent 96% des entreprises du secteur. Parmi les problèmes identifiés, selon François Deprey, directeur général de GS1, “Le e-commerce oblige les entreprises à créer un double digital de leur produit car sur internet, le consommateur achète de l'information avant d'acheter le produit”. Pour répondre à la hausse de la demande de la part des petites entreprises et les aider à créer leur fiche produit, GS1 propose à celles qui s'inscrivent une sorte de passeport numérique, basé sur sept critères. GS1 se charge ensuite de transcrire ces données dans le code-barre digital.
L’article aborde également les difficultés rencontrées par les entreprises travaillant en B to B avec la restauration, qui doivent repenser le conditionnement, la logistique ainsi que le circuit de distribution.
France Inter, Derrière L214, l’ombre de la viande in vitro, 13/11/2020
Un article complet sur la genèse et le développement de l’association abolitionniste L214, qui existe depuis plus de 10 ans et s’est fait connaître notamment par ses vidéos sur les conditions des animaux dans les abattoirs.
L’article montre également les liens qui existent désormais entre L214 et certains gourous de la Silicon Valley qui veulent développer la viande cellulaire. On y apprend notamment que Dustin Moskovitz, l’un des cofondateurs de Facebook, a versé près de 1,14 millions d’euros à L214 via Open Philanthropy Project, une fondation qu’il a co-créée. Pour Gilles Luneau, un journaliste qui a enquêté sur ladite fondation, celle-ci a un double objectif : “D’une part, elle soutient un certain nombre de start-up qui travaillent sur la nourriture végan. Et d’autre part, elle finance la recherche, le développement et la quasi-mise en industrie de viande à partir de cultures de cellules souches. A leurs yeux, la filière d’avenir c’est de changer la manière dont se nourrit le monde”. Ainsi, cette fondation servirait en fait d’intermédiaire entre les associations de défense des animaux (L214, Compassion in World Farming, Eurogroup for Animals, etc.) et des organisations qui aident de leur côté des start-up de la viande cellulaire.
Novethic, Bientôt la tech nous nourrira au nom de l'écologie , 11/11/2020
Alors que la startup Les Nouveaux Fermiers a annoncé l’ouverture de sa première usine made in France de substituts végétaux de viande avec pour objectif d’atteindre une production de 10 tonnes, les syndicats agricoles sont vent debout.
La Confédération paysanne a déposé une plainte et dénonce l’utilisation du terme "fermier" dont l’objectif est "de tromper les attentes sociétales et environnementales des consommateurs pour accaparer la valeur de la mention "fermier" et faire des profits sur notre dos".
En toile de fond, c’est également la multiplication du nombre de patrons du numérique investissant dans ces entreprises qui interpellent. La FNSEA accuse d’ailleurs Xavier Niel, dont le fonds d’investissement est présent dans l’entreprise, de faire une "OPA sur la viande". Xavier Niel a également investi dans 77 Foods encore Motif FoodWorks.
Comme le résume l’enseignant en écologie et agronomie Samuel Rebulard, “Dans cette alimentation totalement technologisée, l’agriculture n’a pas sa place”. Si les steaks végétaux utilisent des produits comme des pois chiches, du soja ou encore du quinoa “l’agriculture n’est qu’un fournisseur de matières premières, et donc la rupture du lien entre le consommateur et le producteur est beaucoup plus forte dans ce cas-là”.
Portail de l’IE, La bataille du blé est-elle déjà perdue ?, 11/11/2020
En moins de 20 ans, la Russie est passée du statut de pays importateur de blé sous l’URSS, à celui de premier exportateur mondial. Sur cette période, le pays a tout simplement doublé sa production, pour atteindre un pic durant la campagne de 2017-2018 avec 85 millions de tonnes produites, dont 41 millions de tonnes ont été exportées.
La Russie doit cette performance à ses vastes étendues, extrêmement fertiles, autour de la mer Noire et en Sibérie. Et nul doute que ses capacités agricoles vont continuer d’augmenter les prochaines années, aidées par le réchauffement de la Sibérie. Pour le chercheur Sébastien Abis, la production de céréales pourrait y dépasser les 100 millions de tonnes.
Ce développement a été impulsé par Vladimir Poutine, qui pousse depuis 20 ans pour créer de la richesse nationale par l’export. La politique agricole russe a donc reposé sur l’accroissement et la modernisation des terres cultivées et une réorganisation logistique des ports de la mer Noire. Le président russe a placé la souveraineté agricole au coeur de sa politique. Et, comme le rappelle l’article, ce sont paradoxalement les sanctions européennes de 2014 qui ont permis à l’agriculture russe de faire un bon qualitatif.
Ce boom de la production de blé russe a évidemment des conséquences pour la filière céréalière française car elle est de plus en plus concurrencée sur ses marchés historiques.
Le Monde, Sexisme, harcèlement, agressions sexuelles en cuisine : cinq cheffes brisent l’omerta, 13/11/2020
Une série de témoignages édifiants de 5 femmes cheffes et victimes de violences sexistes ou d’agressions sexuelles dans l’exercice de leur métier. Une plongée dans dans les coulisses du monde de la haute gastronomie où des chefs et sous-chefs se croient tout permis et pratiquent le harcèlement moral, font des remarques sexistes, gestes déplacés, vont jusqu’à agresser leurs collègues féminines, voire tentent de les violer.
Ces problèmes sont légions dans le milieu et se doublent d’une omerta : “Tout le monde ferme les yeux et tout le monde a peur. Il y a des menaces extrêmement violentes : “Si tu ouvres ta gueule, tu ne retravailleras plus jamais nulle part.”
Bravo à Laëtitia Visse, Margot Servoisier, Marion Goettlé, Anna Jourdain et Anissa Ayadi de sortir de l’ombre et de mettre en lumière ces comportements délétères qui ternissent toute une profession.
Le JDD, La production de cornichons relancée en France, dans la Sarthe et le Loir-et-Cher, 12/11/2020
Depuis quatre ans, une douzaine d’agriculteurs, aidés par le groupe familial suisse Reitzel, relancent la production du cornichon en France via la marque Jardin d’Orante. Le cornichon est difficile à récolter et cher à produire (près de 80 % des coûts proviennent de la main-d'œuvre). En conséquence, il n’était plus cultivé en France depuis les années 2000 et désormais 80% des cornichons consommés en France viennent d’Inde, où ils coûtent six fois moins cher à produire qu’en France, et 20% proviennent d'Europe de l'Est.
Reitzel a produit 327 tonnes de cornichons français en 2020, dont 47 tonnes en bio, et vise 10 à 15% de part de marché d'ici dix ans.
Le Figaro, Des pêcheurs bretons veulent inciter les consommateurs à diversifier leurs choix en matière de poisson, 14/11/2020
L'association des ligneurs de la pointe Bretagne a lancé la campagne « Non au délit de sale gueule! » pour mettre en avant ces poissons mal-aimés ou « oubliés » des consommateurs comme le congre, la vieille, le tacaud, le chinchard ou encore le grondin.
Comme l’indique, Ken Kawahara, le secrétaire de l'association, “On aimerait s'associer avec des chefs cuisiniers, des poissonniers pour communiquer sur les méthodes pour préparer ces poissons”.
BFM TV, Rungis, Metro, Pomona... Comment les fournisseurs des restaurants tentent de survivre, 18/11/2020
L’impact de la fermeture des restaurants suite à ce 2è confinement est important pour de nombreux acteurs de la chaîne alimentaire. Exemple ici avec les grossistes.
Pomona a perdu 40% de son activité, ce qui est certes d’une ampleur moindre que lors du 1er confinement (-70%) mais a un impact énorme. Le groupe pèse 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, possède 90 entrepôts et a mis ses 11.000 salariés en chômage partiel.
A Rungis, qui dépend à 70% des clients franciliens, une partie de l’activité a été réorientée vers les grandes surfaces et les petits commerces de bouche. Mais cela ne suffit pas et certains secteurs sont très touchés. Le pavillon des produits de la mer a vu son activité baisser d’environ 50 %.
Pour limiter la casse, Metro et Pomona essaient de convertir les restaurateurs à la vente à emporter en les accompagnant à l’aide de formations en ligne.
Le Figaro, Les agriculteurs, victimes oubliées du reconfinement, 13/11/2020
Autres victimes du reconfinement : les agriculteurs.
Comme l’explique Bernard Boutboul, du cabinet de consultants Gira, “la restauration commerciale représente un secteur d’activité qui pèse au total 100 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 30 % sont attribués au coût des matières premières nécessaires pour fabriquer un menu: la viande, le poisson, les légumes, le vin…”
Le cabinet Gira a fait ses calculs. La crise sanitaire et les deux périodes de fermeture totale des restaurants, vont coûter au secteur de la restauration commerciale 50 % de ses ventes pour l’année 2020, soit 50 milliards d’euros. Cela représente donc par effet ricochet 15 milliards d’euros de manque à gagner pour l’amont de la filière.
Et cette chute des commandes va être très préjudiciable pour de nombreux petits agriculteurs qui dépendent du système de la restauration.
Les Echos, Bas-Rhin : la chaîne de restaurants Pur Etc crée une société coopérative d'intérêts collectifs, 17/11/2020
Un exemple intéressant de développement pour une chaîne de restauration. La chaîne de restaurants Pur Etc vient de créer sa Société coopérative d'intérêts collectifs (SCIC) régionale.
Pur Etc c’est 12 cafés-restaurants (9 en propre, 3 en franchise) ainsi qu'un Food Truck pour un CA de 4,5 millions d'euros en 2019. La SCIC qui a été créée regroupe les six entités du Grand Est et 80 % du capital de la SCIC appartient à Elovio, la maison mère de Pur Etc. Cette nouvelle entité, baptisée Elovio Grand Est, vise à impliquer salariés, franchisés, investisseurs, partenaires, fournisseurs et clients dans ses modes de fonctionnement et dans ses développements.
Voilà un modèle qui pourrait inspirer d’autres entreprises de la restauration.
BNN Bloomberg, Butter Is Booming, Whole Milk Is Back and Dairy Is Surviving, 15/11/2020
Les Américains restant à la maison plus que d'habitude à cause de la pandémie, ils font beaucoup de cuisine et de pâtisserie pour passer le temps. En conséquence, cette année a été une année record pour le beurre.
La coopérative laitière Land O'Lakes prévoit d'en vendre entre 275 et 300 millions de livres cette année, soit une croissance de 20 %, car la hausse de la demande des particuliers compense largement la chute de la demande chez les restaurants.
Au niveau national, selon le ministère américain de l'agriculture, la production de beurre a augmenté de 6 % au cours des neuf premiers mois de l'année et est en passe de dépasser les deux milliards de livres pour la première fois depuis 1943.
Ce retour en grâce du beurre a été un parcours semé d’embûches car la margarine lui a pendant longtemps été préférée par les américains.
Plus globalement, depuis le début des années 1980 l'industrie laitière américaine se caractérise par une baisse de la demande pour son produit de base (le lait) qui est plus que compensée par une augmentation des ventes de presque tout ce qui peut être fabriqué à partir du lait. Le principal moteur de la résilience de l'industrie laitière américaine a été le fromage, dont la consommation par personne a triplé depuis 1970.
Financial Times, Guinness recalls non-alcoholic stout weeks after launch, 11/11/2020
Nous en parlions il y a peu : Guinness a lancé une version non alcoolisée de sa fameuse bière. Mais la marque vient de procéder à un rappel "préventif" de la version sans alcool de sa stout, par crainte d'une contamination bactérienne quelques semaines seulement après son lancement.
La société a déclaré qu'elle "travaillait dur pour remettre la Guinness 0.0 sur les étals dès que possible", ajoutant que la production reprendrait lorsque "nous serons totalement sûrs d'avoir éliminé la cause première du problème et que le produit répondra aux normes de qualité les plus élevées que nous et nos consommateurs de Guinness attendons".
Euronews, Fondue et Covid-19 sont-ils compatibles ? La question fait rage en Suisse, 17/11/2020
Alors qu’en France les stocks de raclette fondent comme neige au soleil, en Suisse un débat de première importance a été lancé : la fondue est-elle covido-compatible? Peut-on en manger avec des gens qu'on connait ou qu'on connait pas?
Comme l’explique Arnaud Favre, président de l'association "Les Compagnons du Caquelon", “il n’y a aucune crainte à avoir. Le gêne pathogène du Covid est tué à 50 degrés et la fondue gruyère est cuite à 80 degrés”. Ouf, nous voilà tous rassurés.
Medium, Mark Bittman’s Master List of Interchangeable Ingredients, 16/03/2020
C’est un article qui a déjà quelques mois mais que je viens de découvrir. L’auteur et chroniqueur culinaire américain Mark Bittman a créé une liste d’ingrédients alimentaires interchangeables. Comme il l’explique, “apprendre à échanger les ingrédients que nous avons sous la main contre ceux qui pourraient nécessiter une dépense supplémentaire ou un déplacement supplémentaire au magasin est l'une des choses les plus puissantes que nous puissions faire en tant que cuisiniers.”
Chaque fois qu'une recette demande quelque chose que vous n'avez pas, utilisez cette liste pour trouver un ingrédient plan B.
The Economist, Stockpiling pasta boosts Italy’s foodmakers, 14/11/2020
Nous l’avons tous constaté, les rayons pâtes ont été dévalisés pendant le confinement. Cette frénésie pour les aliments secs de longue conservation a été une aubaine pour l'Italie et les fabricants de pâtes du pays, qui exportent 60 % de leur production, principalement vers l'Europe et l'Amérique. Selon l'istat, l'agence statistique italienne, les exportations de pâtes ont augmenté de 30% au cours des six premiers mois de l'année 2020 par rapport à la même période en 2019.
Chez Barilla, le plus grand fabricant de pâtes au monde avec des ventes de 3,6 milliards d'euros, les usines ont tourné à plein régime, mais comme l’explique Bastian Diegel de Barilla en Allemagne, à un coût nettement plus élevé à cause de mesures de sécurité supplémentaires.
La question pour Barilla et les autres fabricants de pâtes est de savoir si le boom va durer au delà de la pandémie.
Eater, Marcus Rashford Is Fighting the Government on Free School Meals. He’s Also Fighting Jamie Oliver’s Legacy, 12/11/2020
Une fois n’est pas coutume, nous allons parler d’un footballeur dans une newsletter sur l’alimentaire. Marcus Rashford est avant-centre à Manchester United et de l’équipe d’Angleterre. Il est devenu depuis quelques mois une figure emblématique du combat pour la gratuité des repas scolaires pour les enfants défavorisés. D’ordinaire, les enfants les plus pauvres bénéficient de repas gratuits en période scolaire, mais pas pendant les vacances.
Sous l'impulsion de Marcus Rashford une campagne avait été lancée avant l’été pour forcer le gouvernement à prolonger le programme de repas gratuits mis en place pendant le confinement et la fermeture des écoles durant les vacances d’été. Après avoir fait reculer le gouvernement une première fois, Marcus Rashford a gagner une deuxième manche en arrachant l’accord de Boris Johnson sur l’extension de la période de gratuité des repas scolaires pendant les vacances de Noël.
L’intervention de Marcus Rashford a bénéficié d'un soutien et d'une attention considérables de la part du public et illustre l'influence que les célébrités peuvent exercer sur la politique. L’article fait un parallèle avec la croisade lancée en 2005 par Jamie Oliver pour des repas scolaires sains.
En Alsace le mouvement pour sauver la choucroute est lancé
C’est tout pour aujourd’hui.
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Et si vous voulez vous pouvez même me payer un café ;-)
A la semaine prochaine.
O. Frey