🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2022-19
Bonjour à toutes et à tous, je vous propose cette newsletter dans laquelle vous trouverez quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
L’Express, Origine de la viande : la fin très discrète de l'étiquetage obligatoire, 15/05/2022
The Guardian, The banks collapsed in 2008 – and our food system is about to do the same, 19/05/2022
The Economist, The coming food catastrophe, 19/05/2022
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Challenges, Zapp : le côté obscur des “dark stores”, 19/05/2022 + 20 Minutes, Dark stores à Paris : Après Kol, Zapp ferme ses magasins, la fin d’une « bulle » ?, 13/05/2022
Zapp fait partie des récentes victimes de la consolidation du marché français du Q-commerce. La startup anglais a fermé début avril ses 6 stores parisiens et a annoncé le licenciement de ses 139 salarié(e)s à peine plus d’un an après son lancement pour motifs économiques. Les ex-salariés de Zapp sont désormais en procès avec leur ancien employeur, dont ils accusent les responsables d’avoir sciemment laisser l’entreprise mourir. Comme le résume un responsable d’équipe, “on a senti un délaissement de la France, il n’y avait pas d’investissements malgré les millions d’euros. On était simplement une vitrine commerciale pour permettre aux investisseurs de lever des fonds”.
Certains anciens salariés de Zapp dénoncent au passage les mauvaises conditions de travail chez leur ancien employeur. Cet ancien salarié de Zapp explique ainsi, “j'ai vu certains livreurs craquer sous la pression. Certains pouvaient se retrouver seuls pendant toute une tournée à devoir livrer 50 commandes”. Ainsi, alors que les employés de Zapp avaient alerté leur direction sur leurs conditions de travail, certains livreurs et des préparateurs de commandes affirment qu'ils faisaient régulièrement plus de 50 heures de travail par semaine.
D’après Challenges, qui a pu consulter un document interne, en un an Zapp a cumulé plus de 1 600 arrêts maladie. Et ne parlons pas des erreurs sur les fiches de paie ou des vestes qui « servaient à faire de la pub pour la marque mais (…) n'étaient même pas imperméables ».
Autre problème mis en avant : le gaspillage alimentaire. Ainsi, selon un ancien préparateur de commandes chez Zapp, « le store jetait parfois plus de produits qu'il n'en vendait ». De son côté, Zapp affirme travailler avec des associations comme HopHopFood afin de redistribuer les invendus.
Le Monde, Matières premières : « La poudre met le feu au prix du lait », 21/05/2022
Alors qu’au niveau mondial la collecte de lait est en baisse, les cours des produits laitiers ont augmenté par effet boule de neige. Comme l’explique Benoît Rouyer, directeur de la prospective économique du CNIEL, « le beurre industriel et la poudre de lait écrémé sont à des niveaux extrêmement élevés. Le beurre se négocie à près de 6 800 euros la tonne, et la poudre de lait écrémé autour des 4 000 euros la tonne. Soit une hausse de près 70 % sur un an ». Dans la foulée, le prix du lait est également en hausse, d’environ 22% sur un an et la tonne de lait se négociait 410 euros ce mois-ci.
Mais dans le contexte actuel ce sont également les coûts de production des éleveurs laitiers qui ont augmenté, avec notamment une flambée des prix de l’alimentation animale ou de l’énergie.
Le Monde, Pourquoi les prix du blé flambent-ils ?, 20/05/2022
Nous avons déjà évoqué plusieurs fois le sujet mais Le Monde propose un article complet pour bien comprendre les raisons de cette flambée du prix du blé. Le cours du blé a en effet battu le 16 mai dernier un record historique à la clôture sur le marché européen à 438,25 euros la tonne.
Comme l’explique Nathan Cordier, analyste chez Agritel, la situation est « inédite ». Ainsi, il n’y a pas que la guerre en Ukraine qui est responsable de cette hausse. Les causes remontent à 2021. En effet, “les récoltes en Amérique du Nord ont été assez faibles en 2021”. Dans le même temps, “la demande a, elle, augmenté sous la pression d’une démographie mondiale en hausse”. Plus récemment, en plus du conflit ukrainien, plusieurs mauvaises nouvelles comme l’embargo de l’Inde sur les exportations de blé ou la sécheresse précoce en France ont également influencé le prix du blé.
Ainsi, selon Nathan Cordier, le marché « anticipe » la crise et tente de « rationner par le prix pour couper de la demande » et ainsi retrouver l’équilibre avec une offre en baisse.
Le Figaro, Les frigos connectés, nouvelles cantines 2.0, 20/05/2022
L’offre déjeuner en entreprises s’étoffe. A côté des traditionnels restaurants collectifs, les cantines d’entreprise se tournent également de plus en plus vers les frigos connectés.
Alors que des startups comme Melchior, Foodles, Popchef, NU! ou encore Le Bon Bocal se sont lancées sur ce créneau, les leaders de restauration collective n’ont pas tardé à réagir.
Les avantages des cantines digitalisées :
cela permet de faire des économies sur les coûts fixes
l’aspect écologique : les produits sont souvent locaux et proposés dans des bocaux ou autres contenants réutilisables.
Toutefois selon Julien Icard, cofondateur du Bon Bocal, l'installation d'un frigo connecté nécessite “une offre complémentaire pour pouvoir satisfaire les grandes entreprises”. Par ailleurs, comme l’explique Raphaël Marchant de Melchior cette offre digitalisée est en avant tout adoptée par des cadres du secteur tertiaire plutôt que par le secteur industriel.
Ecommerce Mag, Le site bio en ligne La Fourche rachète Aurore Market, 19/05/2022
Le site de vente en ligne de produits bio La Fourche vient de racheter son concurrent Aurore Market. Ce rapprochement fait suite au placement en redressement judiciaire, le 12 avril 2022, d’Aurore Market (société Maana).
Les deux sites fonctionnent via un système d’abonnement (59,90 €/an pour La Fourche ; 60€/an pour Aurore Market) et proposent à leurs abonnés des produits bio à prix réduits. Lancé en 2016, Aurore Market comptait plus de 16 000 adhérents. Fondée en 2018, La Fourche a de son côté réussi à attirer plus de 60 000 adhérents.
Comme l’explique Lucas Lefebvre, co-fondateur de La Fourche, “Au-delà d'une concurrence saine depuis quelques années, le combat qui lie Aurore Market et La Fourche est infiniment grand : se battre au jour le jour pour que les Français aient accès à des produits bio de qualité. C'est, j'en suis sûr, une des clés, qui permet de faciliter l'intégration d'Aurore Market”.
Dans leur communiqué, les deux entreprises précisent que “dans un contexte difficile pour l'ensemble du secteur de l'alimentation bio, ce rapprochement permet de garantir une force indépendante sur le marché du bio, tout en permettant de maintenir les débouchés des producteurs d'Aurore Market et de préserver le plus d'emplois possible”.
L’Express, Origine de la viande : la fin très discrète de l'étiquetage obligatoire, 15/05/2022
L’article met en avant une petite subtilité qui fait que l’étiquetage de l’origine des viandes a disparu en France.
En effet, cette obligation avait été instaurée début 2017, peu de temps après l’affaire des lasagnes à la viande de cheval. Toutefois, celle-ci n’avait été mise en place qu'à titre "expérimental". Cette expérimentation a pris fin le 31 décembre 2021.
Néanmoins, comme le rappelle l’article, elle avait à la fois le soutien des associations de consommateurs et des éleveurs. En toute logique, ne plus avoir à être transparent sur l’origine de la viande peut amener les industriels à préférer la viande importée pour fabriquer leurs plats préparés. Anne Richard, la directrice d'Inaporc affirme ainsi que “à partir du moment où aucune information ne doit être donnée au consommateur, les industriels seront tentés d'aller chercher la viande là où elle est moins chère, donc pas en France”. Alors que les importations de porc ont augmenté de 10% en 2021 et celles de poulet de plus de 18 %, il est fort probable que ce qu’affirme Anne Richard se réalise. Toutefois, l’article temporise un peu ces propos en mettant en avant le fait que “le choix d'un ingrédient hexagonal et sa mise en valeur par des logos repérables (Volaille française, Le porc français, Viande bovine française) reste un argument efficace pour séduire les consommateurs”.
The Guardian, The banks collapsed in 2008 – and our food system is about to do the same, 19/05/2022
Depuis quelques années, les scientifiques tirent frénétiquement la sonnette d'alarme que les gouvernements refusent d'entendre : le système alimentaire mondial commence à ressembler au système financier mondial à l'approche de 2008.
Beaucoup de gens pensent que la crise alimentaire a été causée par la combinaison de la pandémie et de l'invasion de l'Ukraine. Bien que ces facteurs soient importants, ils ne font en fait qu’aggraver un problème sous-jacent.
Alors que le nombre de personnes sous-alimentées est passé de 811 millions en 2005 à 607 millions en 2014, la tendance a commencé à s'inverser à partir de 2015 et depuis, la faim n'a cessé d'augmenter. En 2020, le nombre de personnes sous-alimentées est repassé à 811 millions en 2020 et ce nombre risque d’augmenter encore cette année. Mais le plus grave c’est, comme l’indique l’auteur de l’article, que cela se produit à “une époque de grande abondance” qui a vu la la production alimentaire mondiale augmenter régulièrement depuis plus d'un demi-siècle.
Pourquoi donc une telle situation ? Selon l’auteur de l’article, “l'alimentation mondiale, comme la finance mondiale, est un système complexe, qui se développe spontanément à partir de milliards d'interactions”. Ces types de systèmes sont résilients dans certaines conditions, car leurs propriétés d'auto-organisation les stabilisent. Mais lorsque le stress s'intensifie, ces mêmes propriétés commencent à transmettre les chocs à travers le réseau. Ainsi, “au-delà d'un certain point, une petite perturbation peut faire basculer l'ensemble du système au-delà de son seuil critique, après quoi il s'effondre, de manière soudaine et imparable”.
Les scientifiques représentent les systèmes complexes comme un maillage de nœuds et de liens. Dans le système alimentaire, les nœuds sont les sociétés qui commercialisent les céréales, les semences et les produits chimiques agricoles, les principaux exportateurs et importateurs et les ports par lesquels transitent les aliments. Les liens sont leurs relations commerciales et institutionnelles.
The Economist, The coming food catastrophe, 19/05/2022
La guerre en Ukraine met à mal un système alimentaire mondial déjà affaibli par la pandémie, le changement climatique et un choc énergétique. Le poids de l’Ukraine et de la Russie dans le commerce mondial de produits agricoles n’est plus à démontrer.
António Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a averti le 18 mai que les mois à venir peuvent déboucher sur "le spectre d'une pénurie alimentaire mondiale" qui pourrait durer des années. Le coût élevé des aliments de base a déjà entraîné une hausse du nombre de personnes qui ne sont pas sûres de manger à leur faim de 440 millions pour atteindre 1,6 milliard. Près de 250 millions sont au bord de la famine.
Si le conflit ukrainien s’éternise et que les approvisionnements en provenance de Russie et d'Ukraine sont limités, des centaines de millions de personnes supplémentaires pourraient tomber dans la pauvreté.
Ainsi, comme le dit bien l’article, “les dirigeants du monde entier doivent considérer la faim comme un problème mondial nécessitant de toute urgence une solution mondiale”.
Les ménages des économies émergentes consacrent près de 25 % de leur budget à l'alimentation et cela monte jusqu'à 40 % en Afrique subsaharienne. Dans de nombreux pays importateurs, les gouvernements ne peuvent pas se permettre d'accorder des subventions pour accroître l'aide aux pauvres.
Alors que la future récolte en Ukraine devient de plus en plus compromises, faute notamment de stockage, les agriculteurs du reste du monde ne parviendront peut-être pas à combler le déficit de produits ukrainiens et russes sur le marché mondial. Autre problème à anticiper : en raison de la flambée des prix des engrais et de l'énergie, si les agriculteurs réduisent leur consommation d'engrais, les rendements mondiaux diminueront au mauvais moment. Dans ce contexte, 23 pays ont déjà déclaré des restrictions sévères sur les exportations de denrées alimentaires et plus d'un cinquième de toutes les exportations d'engrais sont restreintes.
En bref, “nourrir un monde fragile est l'affaire de tous” et l’article donne quelques pistes. Les États doivent avant tout agir ensemble, en commençant par maintenir les marchés ouverts. L'Europe doit par exemple aider l'Ukraine à expédier ses céréales par rail et par route vers les ports de Roumanie ou des pays baltes. Les approvisionnements d'urgence en céréales ne devraient aller qu'aux plus pauvres. Des pays comme la Finlande et la Croatie ont assoupli les lois qui exigent l'incorporation de céréales ou d’oléagineux dans l’essence.
Fast Company, This startup makes carbon-neutral, high-protein pasta from fungi, 23/05/2022
Focus sur une initiative intéressante d’upcycling : la fabrication de pâtes et de farine non pas à base de blé mais à base de champignon.
Un nombre croissant de start-ups commençaient à utiliser le mycélium, la partie des champignons qui ressemble à une racine, pour fabriquer des substituts de viande à base de protéines végétales. Michelle Ruiz, la fondatrice de Hyfé Foods s'est rendue compte que le mycélium pouvait également être utilisé pour fabriquer une farine riche en protéines et pauvre en glucides pour les pâtes, les tortillas et d'autres aliments généralement préparés avec de la farine de blé.
Ancienne ingénieur chez Exxon, Michelle Ruiz a compris qu'il était possible de fabriquer des produits à base de mycélium suffisamment abordables pour concurrencer ceux à base de blé. La clé est d'utiliser quelque chose qui serait normalement mis au rebut : les eaux usées remplies de sucre provenant de fabricants d'aliments et de boissons comme les brasseries. En effet, les brasseries paient une surtaxe aux usines de traitement des eaux usées pour traiter cette eau sucrée issue du brassage (qui peut représenter jusqu’à 20 % de ses coûts d'exploitation). Or le processus de traitement en question implique l'utilisation de champignons et de bactéries pour consommer la matière organique dans l'eau. C’est donc en quelque sorte un modèle gagnant-gagnant que la startup a mis en place : Hyfé Foods prévoit de facturer à ses partenaires le traitement de l'eau, mais leur fera faire des économies. Dans le même temps, pour les entreprises produisant du mycélium, environ la moitié du coût de production provient de l'achat de sucre, et Hyfé peut éviter ce coût.
De plus, comme le processus permet d'éviter de créer des déchets, il est en fait neutre en carbone. Hyfé Foods vient de réaliser une première levée de fonds de 2 millions de dollars.
Young and Hungry : les habitudes food des nouvelles générations
Il s’agit d’une étude menée par Unify (groupe TF1) avec Access Panel Toluna et éclairée des données de consommation de Marmiton, site cuisine n°1 en France. Née entre en 1990 et 2002, cette population se revendique tous végétariens mais sont fans de la malbouffe, accro à la livraison et aux recettes Tik Tok.
Cette étude révèle les paradoxes des rituels alimentaires des millennials : les sources d’inspiration en cuisine, leurs plats de prédilection, les critères de choix de leur marques alimentaires et leurs attentes vis-à-vis des grandes enseignes du secteur.
Parmi les résultats :
64% des – de 30 ans s’estiment bons (ou très bons cuisiniers)
71% s’estiment moins bons cuisiniers que leurs parents/grands parents
61% des jeunes ont le sentiment de mal manger
57% des – de 30 ans déclarent sauter fréquemment un des trois repas quotidiens
58% essaient de consommer moins de viande
36% aimeraient adopter un régime veggie
L’inflation des prix en Argentine…
C’est tout pour aujourd’hui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey