🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2021-39
Bonjour à toutes et à tous, voici la dernière newsletter de l’année.
Comme le veut la tradition, la fin d’année est propice à un petit bilan. A cette occasion n’hésitez pas à m’envoyer vos commentaires/réflexions sur ce qui vous plaît et sur la manière dont la newsletter pourrait évoluer en 2022.
Je vous souhaite à toutes et à tous de passer de très bonnes fêtes de fin d’année. Avec du foie gras, du “faux gras”, de la dinde (in-vitro ou pas), des crustacés, de bonnes bûches mais sans trop d’embûches.
Et pendant cette période de fêtes vous pouvez m’offrir un chocolat plutôt qu’un café ;)
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le Parisien, Et la conserve redevint tendance dans nos placards de cuisine, 12/12/2021
BBC, The tomatoes at the forefront of a food revolution, 09/12/2021
Financial Times, The US military has a plan to make food from thin air. No really, 11/12/2021
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Les Échos, InVivo change de dimension avec le rachat de Soufflet, 09/12/2021
L'opération avait été annoncée en début d’année et elle vient de se finaliser suite à l'autorisation donnée par l’Autorité de la Concurrence. L’union de coopératives InVivo vient donc de racheter pour 2,2 milliards d'euros le négoce agricole Soufflet. L'ensemble pèse environ 10 milliards d'euros de chiffre d’affaires et devient l’un des principaux groupes céréaliers en Europe.
Avec une telle taille critique, l’ensemble InVivo-Soufflet est désormais capable de rivaliser avec ses concurrents russes et ukrainiens. Comme l'explique Thierry Blandinières, le DG d’InVivo, “le rapprochement avec Soufflet va nous permettre de gagner en compétitivité, de réduire le prix de la tonne de blé et ainsi d'affronter les céréaliers de la Mer Noire”
En effet, Soufflet est bien implanté dans cette région (présence en Roumanie, Russie et Ukraine) et va donc permettre à InVivo d’attaquer de nouveaux marchés au Moyen-Orient et en Asie.
Autre activité stratégique apportée par Soufflet : la malterie. Soufflet est en effet l'un des leaders mondiaux du secteur et, comme l’explique l’article, la malterie “est une activité d'une rentabilité très appréciable, nettement supérieure à celle du trading”. En effet, l'activité de ce secteur est tirée par l'augmentation de la consommation de bière dans les pays en développement. L’article nous apprend également que InVivo a pour ambition de doubler la taille de la division malt en 5 ans (le chiffre d'affaires actuel de la division est de 850 millions d'euros).
Le Figaro, En dix ans, 20% des fermes de France ont disparu, 09/12/2021
Les premiers résultats du recensement agricole décennal ont été publiés et permettent de donner une photographie de la Ferme France en 2020 et surtout d’en déduire les principaux changements en 10 ans.
Que nous apprennent ces chiffres :
100 000 exploitations agricoles ont disparu en l’espace d’une décennie
La baisse du nombre d’exploitation est toutefois moins forte que lors des décennies précédentes (-2,3% par an contre -3% précédemment)
La superficie moyenne des fermes a augmenté de 25% en 10 ans, à environ 69 hectares
La baisse de la surface agricole utile (SAU) n’est que de 1% entre 2010 et 2020 et celle-ci est équivalent à 50% du territoire français
La valeur de la production agricole a continué à augmenter
Les surfaces d'agriculture bio ont triplé en 10 ans pour atteindre 12% de la SAU
L'article note toutefois que si “le modèle de petites exploitations familiales a fait la force (de la France) sur la scène internationale (…) le modèle familial du système agricole tricolore commence bel et bien à s’étioler”.
Réussir, Comment regagner de l’autonomie alimentaire en France ? 20 propositions des députés, 09/12/2021
Dans un rapport de mission d’information remis en décembre à l’Assemblée nationale, les rapporteurs Pascale Boyer (LREM) et Julien Dive (LR) émettent 20 propositions pour reconquérir l’autonomie alimentaire de la France. En effet, comme précisé dans ce rapport, la France importe environ 20% de sa consommation alimentaire et la dépendance aux importations a doublé en 20 ans. Par ailleurs, le taux de dépendance aux importations dépasse les 50% pour certaines filières.
Voici le détail de ces propositions :
Bâtir des stratégies de filière plus offensives grâce à l’affirmation d’un Etat stratège sur les questions de souveraineté alimentaire. La mission propose notamment d’ “identifier et soutenir les filières les plus stratégiques et les plus fragilisées via des plans spécifiques”. Elle propose ainsi la mise en place d’un “observatoire de l’autonomie alimentaire”.
Œuvrer pour une harmonisation par le haut à l’échelle européenne du cadre normatif applicable. Et en parallèle limiter les sur-transpositions en droit national qui freinent la compétitivité du modèle français.
Renforcer les politiques de contrôle
Exiger la réciprocité pour assurer l’équité du jeu concurrentiel. Il s’agit notamment de mettre en place une négociation systématique des clauses miroirs dans le cadre des traités internationaux de libre-échange. Est également prévu l’intégration du secteur agricole dans le dispositif de compensation carbone aux frontières
Réformer les règles applicables en matière de limites maximales de résidus de pesticides (LMR)
Dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, lancer la révision du règlement INCO afin de rendre obligatoires les informations relatives à l’origine géographique des produits
Accompagner les acheteurs publics et les acteurs de la restauration collective pour atteindre les objectifs fixés par la loi EGALIM
Mobiliser les acteurs de la restauration commerciale et renforcer la transparence sur les approvisionnements. Rendre l’affichage obligatoire de l’origine des produits dans la restauration commerciale (dans le cadre de la révision d’Inco) et prendre le décret d’application de l’article L. 412-9 concernant les obligations d’indication de l’origine des plats contenant un ou plusieurs morceaux de viande bovine, hachée ou non, porcine, ovine et de volaille.
Poursuivre les efforts pour revaloriser le revenu des agriculteurs en soutenant les organisations de producteurs, en identifiant de nouveaux leviers pour réduire les charges d’exploitation et en généralisant le rémunérascore.
Améliorer les conditions de travail des travailleurs saisonniers pour pallier la pénurie de main-d’œuvre
Alléger les charges sociales pesant sur les exploitants agricoles
Mieux faire connaître les métiers du vivant et renforcer les actions de formations
Soutenir l’investissement pour l’agro-équipement en créant un fonds pour la transition agro-écologique.
Encourager la recherche agronomique pour développer de nouvelles variétés plus résistantes et moins consommatrices d’intrants. Permettre le développement des NBT en faisant évoluer le cadre juridique européen et soutenir la recherche publique et privée.
Développer une politique publique ambitieuse pour améliorer la gestion de l’eau en agriculture
Soutenir l’agriculture biologique et l’agriculture certifiée « haute valeur environnementale »
Encourager le déploiement des projets alimentaires territoriaux
À court terme, agir à droit constant pour mieux faire connaître les leviers de la commande publique pour favoriser la consommation de produits locaux tout en restant dans le cadre du droit européen
Modifier le droit européen de la commande publique pour sécuriser les personnes publiques et leur permettre de favoriser les produits locaux dans leurs achats
Encourager le développement des circuits de proximité et de la production locale
Le Figaro, Quand les animalistes veulent faire la peau au foie gras, 09/12/2021
Quatre grandes villes ont déjà retiré le foie gras au menu de leurs réceptions sous la pression d’associations animalistes au premier rang desquels Peta.
Dans un courrier envoyé à la mairie de Strasbourg, Peta écrit ainsi “en raison de la production importante de foie gras en Alsace, et de l’imminence de ses célèbres marchés de Noël - où des stands en font justement la promotion - un engagement officiel de votre part aurait un très fort impact! Ainsi, pourriez-vous mettre en place une politique interdisant de servir du foie gras dans vos locaux et lors des repas officiels offerts par la municipalité strasbourgeoise à diverses occasions?”. Peta a ainsi écrit un courrier similaire à une vingtaine de maires de grandes villes.
Comme alternative au foie gras, les associations animalistes proposent de déguster du “faux gras”, qui est fabriqué à partir de tofu, champignon, levure et huile végétale.
Si certains maires ont entendu le message de Peta et ont pris des décisions radicales (comme la maire de Strasbourg par exemple) il semble que les Français soient encore loin de passer au “faux gras”. D’après un sondage CSA pour le CIFOG publié récemment, 91% des personnes interrogées déclarent manger du foie gras et 75% ont l’intention de consommer du foie gras pour les fêtes cette année, soit 2 points de plus que l’an dernier.
Par ailleurs, 14 associations, représentant plusieurs dizaines de milliers de chefs à travers tous les territoires de France et à l’international, se sont d’ores-et-déjà engagés auprès de la filière française du Foie Gras en signant le manifeste de soutien à la filière française du foie gras et un hashtag #TouchePasMonFoieGras a été lancé pour l’occasion.
Les Échos, Les deux géants du foie gras Maïsadour et Euralis se rapprochent, 08/12/2021
Alors que la filière foie gras a souffert ces dernières années suite à la multiplication des épidémies d'influenza aviaire, les deux leaders du secteur, les groupes coopératifs Euralis et Maisadour, réfléchissent à fusionner leurs pôles spécialisés dans le canard à foie gras. Les deux groupes représentent environ 45% de la production française de foie gras avec une production de 13 millions de canards gras chaque année. Les deux groupes ont également des marques fortes dans ce secteur : Delpeyrat et Comtesse du Barry (Maisadour) et Rougié et Maison Montfort (Euralis).
L’article explique que la production de foie gras a quadruplé depuis le début des années 90 et que la filière souffre désormais de surproduction.
doivent toutefois obtenir l'aval des autorités de la concurrence pour un plan qui pourrait déboucher sur des restructurations.
Le Parisien, Et la conserve redevint tendance dans nos placards de cuisine, 12/12/2021
Un article consacré à un produit que l’on a tous dans nos placards. D’ailleurs même les chiffres le prouvent : 99,8 % des ménages en ont acheté au moins une dans l’année. Comme l’explique Emily Mayer de l’IRI, il s’agit d’un marché « mature », donc stable depuis des années, « et sur lequel il ne se passait plus grand-chose ». Vincent Miginiac, président de l’Uppia (Union interprofessionnelle pour la promotion des industries de la conserve appertisée), va dans le même sens en affirmant que “la conserve n’avait ni une bonne ni une mauvaise image. C’était juste un produit de dépannage à avoir dans son placard”.
Mais dans le secteur de la conserve le Covid a également eu un impact. Ainsi, en 2020 les ventes ont augmenté de 12,1 % pour les conserves de légumes, 10 % pour celles de poisson, 9,8 % pour celles de viande et 11,8 % pour les plats cuisinés selon les données de l’IRI. Comme le précise Emily Mayer, la conserve est “le produit de stockage par excellence” et c’est un produit qui se prête bien à la vente en ligne.
La bonne surprise est que cette dynamique a continué en 2021. Ainsi, au global, les ventes sont en hausse de 4 % par rapport à 2019 et certaines catégories performent très bien, à l’image des conserves de tomates (+ 18,5 % par rapport à 2019), des conserves de légumes secs (+ 15 %) ou les conserves des plats cuisinés exotiques (+ 27,8 %) (source chiffres de l’IRI, arrêtés à fin octobre 2021).
Le Monde, Des ventes record pour les maisons de champagne, 10/12/2021
2020 a été une des pires années pour la filière champagne avec “des pertes de 20 % en moyenne par rapport à 2019” et, début 2021, le Comité interprofessionnel du vin de Champagne pensait qu'il faudrait plusieurs années au secteur pour s'en remettre. Et bien contre toute attente 2021 s’annonce comme une année record.
C’est ce que confirme Fabrice Rosset, PDG des champagnes Deutz, qui explique “en près de cinquante ans de métier, je n'ai jamais vécu une période semblable !”. Les conséquences sont visibles : ruptures de stock un peu partout dans les grandes marques, demandes de pays étrangers qui ne sont pas satisfaites, tensions sur le marché, des cavistes français qui ne reçoivent pas la marchandise qu’ils ont commandée…
Cela se traduit évidemment au niveau des chiffres. Pour Deutz, c’est une hausse de 80 % des ventes pour la cuvée classique et de 40 % pour la cuvée prestige. Et au niveau de l’entreprise, comme le précise le PDG, “+ 35 % au global par rapport à 2019, qui était notre année record. En chiffre d'affaires global, par rapport à 2020, alors que la réouverture des frontières n'est pas totale et, même si tous les indicateurs ne sont pas au beau fixe, nous dépassons les 60 %”.
Parmi les explications avancées sur les performances exceptionnelles de cette année : la consommation mondiale de 2020 aurait été supérieure aux expéditions des maisons de champagne. En d’autres termes, les grossistes, importateurs et cavistes ont vendu leurs bouteilles et laissé leurs stocks baisser. Ils ne les auraient reconstitués qu’en 2021. Autre explication : l'explosion du e-commerce, en France mais surtout à l'étranger où les ventes en ligne ont été multipliées par quatre dans certains pays. Enfin les habitudes des consommateurs dans certains pays ont évolué. C’est ce qu’explique Quentin Meurisse, directeur marketing pour les maisons Mumm et Perrier-Jouët, “Aux Etats-Unis, la cuvée Mumm "Grand Cordon " est habituellement bue au restaurant. Pour la première fois, à cause des confinements, les Américains l'ont commandée en ligne et consommée à la maison. Quand les restaurants ont rouvert, ils y ont à nouveau acheté nos bouteilles mais ils ont aussi continué à en boire chez eux”.
Néorestauration, Le boom de la livraison, un phénomène mondial selon Kantar, 13/12/2021
Kantar vient de publier une étude sur la manière dont la pandémie a impacté les comportements d’achats des consommateurs.
Celle-ci montre que les dépenses en Restauration Hors Domicile au UK, en France, et en Espagne ont plus que doublé sur le 2e trimestre 2021 comparé à la même période en 2020, mais restent encore à 75% des niveaux enregistrés en 2019. En France, les restrictions administratives étaient toujours en cours au second trimestre et ce sont 62% des niveaux d’avant pandémie qui ont été reconstitués.
L’autre constat de Kantar (sur un panel de 10 pays cette fois-ci), c’est que malgré le rebond dans les établissements de restauration, la dynamique de la livraison n’a pas faibli. En effet, les repas livrés ont progressé de 150% au moment du déjeuner et du dîner.
Par ailleurs, les motivations des consommateurs pour se faire livrer des repas ont également changé. Ainsi, 35% des consommateurs ont désormais recours à la livraison de repas pour se faire plaisir dans un contexte de partage (contre 50% en 2019). De plus en plus de consommateurs y ont recours pour le déjeuner et en solo. En France, la dimension Plaisir reste néanmoins prépondérante à 64% devant la dimension Praticité qui représente 36%.
Les Échos, Bruxelles veut frapper le coeur du modèle Uber et Deliveroo pour mieux protéger les livreurs, 09/12/2021
La Commission européenne a présenté son projet de directive sur les conditions de travail offertes, entre autres, par les plateformes de livraison de repas et de courses à domicile (mais également les plateforme de VTC, …). Selon l’article, ce projet vise à créer une « présomption juridique de relation d'emploi » entre le travailleur dit indépendant et la plateforme qui lui fournit des clients et missions.
Ainsi, cinq critères ont été définis : le montant de la rémunération perçue, le degré de surveillance électronique appliqué au travailleur et à son travail, le fait que des règles spécifiques lui soient ou non imposées (tarif fixé par la plateforme, uniforme à porter, etc.) ou encore d'éventuelles contraintes fixées sur ses horaires ou sa capacité à travailler pour d'autres services. Par conséquent, si au moins deux de ces critères sont remplis, alors la plateforme sera considérée comme un employeur.
Comme l’explique l’article, il s’agit d’un changement de paradigme car, à l'avenir, les requalifications en salariés seraient donc imposées par les Etats-membres et ce serait, le cas échéant, à la plateforme de contester en justice. Ce ne serait donc plus aux travailleurs d’aller en justice.
La Commission estime que sur les 28 millions de personnes travaillant aujourd'hui pour une plateforme de services opérant en Europe, plus de 4 millions devraient être requalifiés en salariés.
LSA, Quick commerce: un marché à 122 millions d'euros en France, 14/12/2021
D’après une étude de marché réalisée par IRI le marché du e-commerce alimentaire a progressé de 50% en deux ans, passant de 6 milliards d'euros en 2019 à 9 milliards en 2021. Toutefois, le gros de cette croissance s'est fait lors d’une année 2020 marquée par les confinements et les restrictions (+40% par rapport à 2019).
Au sein de cette catégorie, le Q-commerce pèse encore assez peu. Les différents acteurs de ce segment (Gorillas, Frichti, Getir…) n'ont généré que 122 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021 (soit tout de même une croissance de 86% par rapport à 2020). Selon Emily Mayer, directrice business insight chez IRI, Frichti est « largement leader » sur ce segment.
Au niveau du taux de pénétration du Q-commerce, celui-ci est encore assez faible (1,5%). Il est néanmoins largement supérieur à Paris (11,5%) par rapport au reste de la France. Pour les acteurs de ce secteur, la croissance passera donc par “leur expansion géographique et la densification de leur offre dans les marchés existants hors de Paris”.
Néanmoins, comme l’explique l’article, avec une croissance 86%, le secteur du Q-commerce pourraient dépasser en quelques années celui de la livraison des grandes surfaces alimentaires, qui pèse 404 millions d'euros en 2021, mais avec une croissance plus faible (13%).
LSA, Quick commerce : le livreur de boissons Kol entre en redressement judiciaire, 15/12/2021
Ca y est, la guerre du Q-commerce a fait son premier mort en France. En effet, d’après LSA, la start-up Kol, spécialisée dans la livraison rapide d’alcool, a entamé une procédure de redressement judiciaire le 6 décembre. L’entreprise cherche donc un repreneur et risque la liquidation judiciaire en janvier si elle n’y arrive pas.
Selon son co-fondateur Baptiste Guez, la mise en redressement judiciaire de Kol est liée à un manque de fonds. Comme il l’explique, “nous avons lancé en avril-mai notre processus de levée de fonds pour lever 30 millions d’euros. Nous avons eu des discussions avec des concurrents pour qu’ils nous rachètent, mais elles n’ont pas abouti. Rapidement après, d’autres concurrents ont annoncé des levées de fonds très importantes. Quand ils lèvent 250 millions d’euros, ça refroidit les investisseurs, qui se disent que la compétition est trop rude”. Kol a par la suite cherché des solutions de rachats auprès de la grande distribution mais sans plus de succès.
BBC, The tomatoes at the forefront of a food revolution, 09/12/2021
Le généticien Tomas Cermak s'est donné pour mission de trouver la tomate parfaite, à savoir une tomate qui serait facile à cultiver, nutritive et savoureuse et qui, en plus de toute cela, s'adapterait mieux aux changements climatiques. C’est grâce à la modification génétique Crispr (pour plus d’explications sur cette technologie allez voir ce post) qu’il a créé avec son équipe un plan de tomate plus compacte, avec moins de branches mais plus de fruits qu’une tomate sauvage. Par ailleurs, ces tomates sont également un peu plus foncés que d'habitude, signe d'une teneur important en lycopène, un antioxydant qui diminue les risques de cancer et de maladie cardiaque.
Comme l’explique l’article, le changement climatique pose également des problèmes aux producteurs de tomates. En effet, les tomates n'aiment pas la chaleur, et leur croissance est optimale entre 18°C et 25°C. Au dessus de ce seuil, les choses commencent à se gâter : le pollen ne se forme pas correctement, les fleurs ne se transforment pas en baies comme elles le devraient. Au delà de 35 °C, les rendements commencent à s'effondrer. Ainsi, une étude publiée en 2020 a montré que d'ici le milieu du 21e siècle, jusqu'à 66 % des terres de Californie historiquement utilisées pour la culture des tomates pourraient ne plus avoir des températures appropriées pour cette culture. D'autres études suggèrent que d'ici 2050, de vastes étendues de terres au Brésil, en Afrique subsaharienne, en Inde et en Indonésie n'auront plus non plus un climat optimal pour la culture des tomates. Même si d'autres régions, auparavant trop froides, pourraient devenir propices à la culture de la tomate.
En 2021, une étude s'est penchée sur le génome de la variété Solanum sitiens. Il s’agit d’une espèce de tomate sauvage qui pousse dans un environnement extrêmement rude du désert d'Atacama, au Chili, et qui peut être trouvée à près de 3300m d’altitude. Cette étude a permis d'identifier plusieurs gènes liés à la résistance à la sécheresse chez Solanum sitiens. En 2020, des scientifiques chinois et américains ont réalisé une étude d'association sur l'ensemble du génome de 369 cultivars, lignées de sélection et variétés locales de tomates, et ont identifié un gène appelé SlHAK20 comme étant crucial pour la tolérance au sel.
Lorsque ces gènes résistant aux changements climatiques ont été identifiés, ils peuvent être ciblés à l'aide de la technologie Crispr pour supprimer certains gènes indésirables ou en insérer de nouveaux. C'est ce qui a été fait récemment pour la tolérance au sel, la résistance à divers pathogènes de la tomate, et même pour créer des plantes naines capables de résister aux vents violents (un autre effet secondaire du changement climatique). Tomas Cermak vont encore plus loin et utilisent Crispr pour domestiquer des espèces végétales sauvages à partir de zéro. Ainsi, ils ont ciblé cinq gènes de l'espèce sauvage pour obtenir une tomate qui serait toujours résistante à divers stress, mais plus adaptée à l'agriculture commerciale moderne - plus compacte pour faciliter la récolte mécanique, par exemple. La nouvelle plante avait également des fruits plus gros que l'original sauvage.
Certains scientifiques pensent que l'édition de gènes par Crispr marque le début de la deuxième révolution verte pour aider à nourrir une population humaine en forte croissance. Néanmoins, comme l’explique l’article, la réglementation et l'acceptation sociale restent encore des problèmes à résoudre. Ainsi, pour la "tomate idéale" de Cermak, adaptée au climat, les obstacles juridiques, associés à l'hésitation des consommateurs, pourraient constituer un obstacle majeur.
Pour celles et ceux qui veulent plus de statistiques sur le marché mondial de la tomate, je vous invite à aller voir le post de blog que j’ai réalisé sur ce fruit.
Newsweek, Americans Are Addicted to 'Ultra-Processed' Foods, and It's Killing Us, 08/12/2021
Un article très long de Newsweek sur le régime alimentaire des américains, et notamment sur leur consommation excessive de produits ultra-transformés.
La pandémie de Covid-19 qui touche la planète depuis bientôt 2 ans a renforcé la dangerosité de l’obésité. Ainsi, les Américains obèses, sans aucun autre facteur de risque, ont été hospitalisés trois fois plus souvent que ceux qui ne l'étaient pas. De plus, lorsqu'elle est associée à d'autres problèmes de santé liés à l'alimentation, comme les maladies cardiovasculaires et le diabète, l'obésité multiplie par six le risque d'hospitalisation et par douze le risque de décès. A la lumière de ces chiffres, certains politiciens et experts en nutrition commencent à demander aux autorités de réglementation d'intervenir auprès des entreprises alimentaires. Ces derniers préconisent des mesures similaires à celles qui ont été utilisées pour limiter l'influence des fabricants de tabac dans les années 1990, notamment en limitant la commercialisation de certains types d'aliments auprès des enfants et en décourageant activement la consommation de certains ingrédients, au premier rang desquels le sucre.
Ce sont les aliments ultra-transformés qui sont en ligne de mire. L’article les définit ainsi : “des produits alimentaires qui ne sont pas seulement transformés au sens classique du terme pour prolonger leur durée de conservation, mais qui sont aussi souvent modifiés pour maximiser leur saveur, leur attrait visuel, leur texture, leur odeur et la vitesse à laquelle ils sont digérés. Ces aliments sont fabriqués en déconstruisant les aliments naturels en leurs composants chimiques, en les modifiant et en les recombinant en de nouvelles formes qui ressemblent peu à ce que l'on trouve dans la nature”. D’après une étude récente, les aliments transformés représentaient 57 % des calories consommées par l'Américain moyen en 2017 et 2018 (contre 54 % en 2001 et 2002). En parallèle, l’article rappelle que la moitié des adultes américains souffrent aujourd'hui de diabète ou de pré-diabète, les trois quarts des adultes sont en surpoids et environ 100 millions, soit 42 %, sont obèses, selon les normes des Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Parmi les enfants âgés de 2 à 5 ans, un sur dix est déjà obèse. Chez les adolescents, ce chiffre est d'un sur cinq.
Bref, comme le résume l’article en s’adressant à ses lecteurs américains, “notre alimentation est littéralement en train de nous tuer”.
CNBC, People are paying top dollar for cocktails with no alcohol in them, 09/12/2021
En 2020, l'industrie des boissons sans alcool a connu une croissance fulgurante, les consommateurs délaissant les soirées arrosées pour privilégier leur santé et leur bien-être. Alors que certaines personnes réduisent complètement leur consommation, d'autres optent pour des boissons qui ont le même goût que leurs boissons préférées, mais sans alcool.
Mais la plupart des consommateurs de ces boissons n'abandonnent cependant pas l'alcool pour de bon. Selon une étude réalisé par IWSR, 58 % des consommateurs de boissons sans alcool ou à faible teneur en alcool continuent de boire de l’alcool, mais avec modération.
Aux Etats-Unis, selon des données de NielsenIQ, les ventes de boissons non alcoolisées ont augmenté de 33,2 % en 2020, pour atteindre 331 millions de dollars. Les ventes de bière et de cidre non alcoolisés ont augmenté de 31,7 %, mais surtout les ventes de spiritueux non alcoolisés ont augmenté de 113,4 % au cours de la même période.
Parmi les sociétés proposant des spiritueux sans alcool, l’article cite la société CleanCo. L’article parle également de Lyre's, une start-up fondée en 2019 et qui vient de boucler une levée de fonds de 20 millions de livres en novembre. L'entreprise est désormais évaluée à 270 millions de livres.
Financial Times, The US military has a plan to make food from thin air. No really, 11/12/2021
La Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency) est à l’origine de nombreuses inventions, que ce soit internet, la souris d'ordinateur, la technologie sans fil, les véhicules sous-marins sans pilote, les avions furtifs, les GPS portables...
Parmi les employés de la Darpa, le journaliste a rencontré Molly Jahn, spécialiste des plantes, consultante en risques agricoles, professeur d'agronomie à l'université du Wisconsin et l'une des 12 nouveaux directeurs de programme du Defense Sciences Office de la Darpa. Molly Jahn est en charge du "Cornucopia", qui a pour objectif de “réinventer l'ensemble du processus de fabrication des aliments”. Comme le résume l’article, le défi de ce projet est de créer un nouveau système alimentaire mondial qui corresponde davantage aux besoins de l'homme que celui que nous connaissons actuellement.
Ainsi, plusieurs questions se posent :
“pourrions-nous modifier l'ensemble de notre paradigme alimentaire de manière à garantir la sécurité nationale, à réduire la consommation d'énergie et à produire un système plus sain ?”
“l'univers relativement inexploré des microbes, des bactéries et des champignons pourrait-il produire des nutriments en quelques heures ou quelques jours - bien plus rapidement qu'il ne faut pour faire pousser des cultures dans un champ ?”
Pour ces 2 questions la réponse est oui. D’ailleurs cela se fait déjà en partie dans des laboratoires du monde entier.
Mais Molly Jahn va encore plus loin dans son questionnement. Ainsi elle s’interroge "et si tout le monde pouvait produire des ingrédients de base pour les besoins du foyer ? Et si la nourriture ressemblait davantage à l'air, de sorte que personne ne puisse facilement la contrôler et que tout le monde puisse être en quelque sorte un agriculteur ?". En résumé, “peut-être que tout le monde devrait avoir un bidule capable de transformer l'air et l'eau en une substance de base, ou au moins des systèmes alimentaires de secours lorsqu'ils sont défaillants”.
Mais Molly Jahn n’a rien d’une farfelue, loin de là. Son CV parle d’ailleurs pour elle.
Techcrunch, The EVERY Co. grabs $175M as it cracks code on animal-free protein products, 07/12/2021
La startup américaine The EVERY Co. (ex Clara Foods) a développé une technologie de fermentation de précision pour fabriquer des protéines sans animaux, comme des substituts aux œufs. Elle a en effet lancé en novembre sa première protéine d'œuf sans animaux, appelée EVERY ClearEgg.
The EVERY Co a conclu en avril un partenariat avec ZX Ventures, la branche innovation du brasseur AB InBev, pour "brasser" des protéines sans animaux à grande échelle par fermentation. Elle vient de réaliser une nouvelle levée de fond en série C d’un montant de 175 millions de dollars. Ce dernier investissement porte le financement total d'EVERY à 233 millions de dollars (l’entreprise avait levée 15 millions de dollars supplémentaires en série A et 40 millions de dollars en série B en 2019). Cette levée de fonds permettra à l'entreprise d'augmenter sa production, de commercialiser d'autres produits dans son pipeline et de développer de nouvelles applications alimentaires pour sa technologie.
La startup a changé de nom en octobre dernier et son PDG et fondateur Arturo Elizondo a déclaré à cette occasion que “notre nouvelle image de marque transmet notre vision de transformer fondamentalement le système alimentaire pour le 21e siècle afin que chaque humain, partout, puisse profiter de la nourriture qu'il connaît et aime sans nuire à notre planète ou aux animaux dans le processus”.
Parmi les autres entreprises proposant des alternatives végétales aux oeufs, l’article cite les américaines Simply Eggless et Eat Just ainsi que l’allemande Perfeggt.
Forbes, McCain Foods Invests $55 Million In Plant-Based Startup Strong Roots, 08/12/2021
Le célèbre fabricant de frites surgelées vient de prendre une participation minoritaire dans Strong Roots, une start-up irlandaise spécialisée dans les aliments surgelés à base de plantes. Le montant de la transaction s’élève à 55 millions de dollars.
McCain met ainsi un pied dans la catégorie des produits surgelés à base de plantes et de substituts de viande, qui connaît une croissance rapide, et ajoute à son portefeuille une marque axée sur la durabilité. Aux États-Unis, les ventes d'aliments d'origine végétale ont augmenté de 27 % en 2020, selon la Plant-Based Foods Association.
Strong Roots a été lancée en 2015 et vend des hamburgers, des snacks et des accompagnements végétariens tels que les hash browns au chou-fleur, les burgers au chou frisé et au quinoa, les frites de légumes racine mélangés et les bouchées au brocoli et à la carotte violette. Strong Roots a reçu cette année la certification B Corp pour ses efforts environnementaux et sociaux.
Le Monde, La viande végétale à la conquête du monde, 09/12/2021
Produit de niche il y a quelques années, elle conquiert de nouveaux consommateurs, soucieux de la planète et de leur santé. Comment cette imitation de viande se fait-elle peu à peu une place dans nos assiettes, et ce, malgré l’hostilité des lobbys de la viande ? Explications en podcast avec Lucas Minisini, journaliste au « Monde ».
L’avenir des coffee shops? En tout cas une solution potentielle aux problèmes de recrutement ;)
Pepsi se lance à son tour dans les NFT
France Terre de Lait #1 | Le lait bio | Yves Sauvaget – Eleveur laitier Bio
Eat’s Business #38 | Abattoir mobile, le vin se met aux NFT et le supermarché du futur
C’est tout pour aujourd’hui.
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A dans deux semaines!
O. Frey
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